par Sylvain Bouley | Juil 26, 2024 | Histoire
Le Maroc occupe actuellement une position relativement avancée en Afrique dans le développement de l’astronomie, tant au niveau professionnel qu’amateur.
À la fin des années 1980, un petit groupe d’astrophysiciens s’est formé au sein du Centre national de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST) à Rabat, la capitale du Maroc. Ces jeunes chercheurs ont en commun d’avoir été formés, à un moment ou à un autre de leur carrière, à l’Université de Nice Sophia Antipolis et à l’Observatoire de la Côte d’Azur, en France. Ce groupe a bénéficié d’une dynamique positive au sein de cette institution marocaine, qui visait à doter le pays d’un centre de recherche à temps plein, à l’instar du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France ou du Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC) en Espagne.
Ces chercheurs ont ensuite fondé le Laboratoire d’astronomie et de géophysique, connu sous le nom de « LAG ».
Cette période fondatrice, qui s’étend sur une décennie, a marqué des étapes importantes :
- l’adhésion du Maroc à l’Union Astronomique Internationale.
- L’installation de la première expérience d’observation astronomique sur le site d’Oukaimeden.
- Le lancement de la qualification des sites astronomiques.
- L’obtention de 3 diplômes de doctorat en Astrophysique.
Pour des raisons à la fois structurelles et conjoncturelles, cette initiative s’est poursuivie et développée au sein de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.
La validation / La confirmation
Le Laboratoire de physique des hautes énergies et d’astrophysique (LPHEA) a vu le jour au sein de la Faculté des sciences Semlalia en 1999, non sans rencontrer des résistances de la part de la direction du département de physique de l’époque, qui cherchait à limiter la prolifération des entités de recherche au sein du département. Dix ans plus tard, en 2009, le laboratoire a atteint la première place au sein du département et a reçu le prix du deuxième meilleur centre de recherche de l’université Cadi Ayyad. Entre-temps, les membres du LPHEA ont travaillé à la mise en place de programmes de master et de doctorat en astrophysique, marquant les premières initiatives de ce type au Maroc et dans la région de l’Afrique du Nord, à l’exclusion de l’Égypte.
En outre, le laboratoire a soutenu le développement de l’Observatoire astronomique de l’Oukaimeden, dans le Haut Atlas marocain, ce qui a conduit les autorités universitaires à le reconnaître officiellement comme centre de recherche en 2009, après l’inauguration de ses installations en 2007.
Le décollage / Le lancement
La décennie suivante (2010-2020) a marqué une période d’élévation pour l’Observatoire de l’Oukaïmeden, affirmant sa position comme l’une des meilleures infrastructures de recherche en Afrique dans le domaine de l’astrophysique. Au cours de cette période, l’installation d’au moins 5 dômes et de nombreux instruments a souligné la participation de l’Observatoire à divers thèmes de recherche :
- Science planétaire et étude des petits corps du système solaire : Télescopes MOSS, TRAPPIST-Nord et OWL (Optical Wide-field patroL-Network), ainsi que des caméras de détection de météorites
- Recherche d’exoplanètes : Télescopes Meade-16, TRAPPIST-Nord et OWL (Optical Wide-field patroL-Network).
- Exploration des étoiles variables : Utilisation du spectromètre Herschel monté sur le télescope télescope Meade-16.
- Étude de la météorologie spatiale : Mise en œuvre de l’expérience RENOIR (axée sur l’activité solaire et son impact sur les environnements planétaires), ainsi qu’une station GPS dédiée.
- Avancement des sciences spatiales : Déploiement de l’antenne du projet SWORM.
Résultats scientifiques
Les travaux de recherche au Maroc sont aujourd’hui très diversifiés, avec une expertise reconnue dans plusieurs domaines de l’astrophysique. Le LPHEA mène des recherches dans les thèmes suivants :
Les vents solaires secouent le champ magnétique terrestre et introduisent des particules accélérées et de l’énergie dans la ceinture de radiation de la Terre. La météorologie spatiale étudie les effets de l’activité solaire sur l’atmosphère terrestre. En plus d’influencer le climat de la Terre, ce rayonnement excessif peut endommager les satellites et constituer une menace pour les astronautes.
En plus d’influencer le climat de la Terre, cet excès de rayonnement peut endommager les satellites et constituer une menace pour les astronautes. Les secousses du champ magnétique terrestre peuvent également provoquer des pointes de courant dans les lignes électriques, endommageant ainsi les réseaux électriques à grande échelle et causer d’importants des dommages économiques importants.
- Sciences planétaires et petits corps du système solaire
Le groupe de recherche s’est également s’est également spécialisé dans la détection des flasgs lunaires. Ces travaux s’inscrivent dans le contexte international de préparation des missions lunaires qui utiliseront les impacts comme source sismique. Cet axe a été couronné de succès avec la détection de plusieurs flashs d’impact par l’équipe marocaine, et un article a été publié suite à ces découvertes.
Une thèse a été soutenue en septembre 2016 et cette discipline s’étend à l’observation du flash de Jupiter avec l’implication d’un doctorant de l’Université de Dakar.
Le groupe de recherche travaille également sur la détection et le suivi des météorites. Un projet de collaboration avec une équipe de l’Observatoire de Paris a permis l’installation de deux caméras de détection de météorites aux observatoires de Marrakech et de l’Oukaimeden. Ce réseau est en train de s’étendre, grâce notamment au soutien du réseau français FRIPON et d’une équipe australienne en contact avec Hasnaa Chennaoui de l’Université de Casablanca (Réseau MOFID). Une thèse a été soutenue sur ce thème et deux autres sont en cours.
L’institut de recherche marocain participe également à la détection et au suivi des petits corps du système solaire. Ces travaux ont notamment permis la découverte de quatre nouvelles comètes, trois objets géocroiseurs et plusieurs nouveaux petits corps du système solairs par le télescope MOOS. Ce domaine devrait également se développer de manière significative grâce à la récente coopération avec l’Agence spatiale coréenne, qui vient d’installer un télescope robotisé de 50 cm sur le site d’Oukaimeden. Outre les petits corps du système solaire, cet instrument est appelé à traquer les débris de satellites. L’équipe de recherche marocaine est appelée à intégrer ce programme de recherche.
- Spectroscopie des étoiles variables
Grâce au développement de l’Observatoire de l’Oukaimeden, les chercheurs du LPHEA peuvent utiliser deux télescopes, C14 et T500,fonctionnant entièrement en mode télécommandé. Ces instruments permettent d’effectuer des mesures photométriques et spectroscopiques sur des étoiles variables telles que les étoiles pulsantes de type RR Lyrae. La variation de l’amplitude de la pulsation de ces étoiles, découverte en 1906 mais encore inexpliquée à ce jour, pourrait révéler ses mystères grâce aux observations de l’Oukaimeden. D’autres types d’étoiles variables sont également étudiés depuis ce site.
Depuis 2018, l’équipe du LPHEA est impliquée dans un projet visant à créer une réserve de ciel étoilé (Atlas Dark Sky Reserve) autour de l’observatoire de l’Oukaimeden. L’objectif premier de ce projet est de préserver la qualité du ciel de l’Oukaimeden, l’un des meilleurs sites d’observation astronomique de la planète avec plusieurs télescopes de classe mondiale. En outre, l’équipe vise à protéger et à explorer d’autres sites au sein de la réserve pour l’installation de grands télescopes terrestres marocains ou étrangers. La réserve servira de laboratoire naturel à l’université Cadi Ayyad et à ses laboratoires de recherche pour l’observation et l’expérimentation de nouvelles technologies, avec un impact favorable sur la consommation d’énergie liée à l’éclairage public. Ce domaine de recherche ouvrira des perspectives en matière d’éclairage rationnel et stimulera ainsi la recherche, le développement et l’innovation dans ce domaine, avec un impact positif pour le Maroc et son rayonnement international.
Par Zouhair Benkhaldoun
Directeur de l’observatoire de l’Oukaimeden
Article issu du magazine African Science Stars
par Sylvain Bouley | Avr 11, 2024 | Histoire
Perché sur les hauteurs d’Ambohidempona, l’Institut et Observatoire de Géophysique d’Antananarivo (IOGA), anciennement connu sous le nom d’Observatoire Royal de Tananarive, se dresse tel un gardien silencieux de l’histoire scientifique de Madagascar.
L’observatoire royale de Tananarive en 1889
En 1887, au lendemain de la première guerre franco-malgache, l’idée de fonder un observatoire à Antananarivo naquit de la vision partagée du résident général de Madagascar, M. le Myre de Vilers, du vicaire apostolique, Mgr Cazet, et du R.P. Michel, supérieur provincial de Toulouse, en mission dans le pays. Ce projet, motivé par l’intérêt français, visait à établir une présence scientifique solide dans la région en se consacrant à des travaux météorologiques, astronomiques, magnétiques.
Le Père Elie Colin, désigné pour concevoir et diriger l’observatoire, choisit d’Ambohidempona pour abriter l’observatoire. Cette colline fut cédée par le premier ministre Rainilaiarivony et en contrepartie, l’observatoire sera baptisé « Observatoire royal ». Situé à une altitude de 1402 m au-dessus du niveau de la mer, il figurait parmi les observatoires les plus hauts de son époque fut l’un des plus grands conçu par les Jésuites en Afrique.
Les bâtiments, achevés en 1889, se déploient en “T” avec un octogone central de 8 mètres de diamètre au dessus duquel s’élève une grande coupole surmonté d’une boule, servant de point géodésique et de signal pour l’heure, de 1 mètre de diamètre. Une gamme d’instruments, provenant d’Europe, étaient réparties dans ces différentes branches et tours. On y trouvait un anémomètre, des héliographes brûleur et photographique, des actinomètres et actinographe, ainsi qu’une lunette méridienne Brunner et une lunette équatoriale Eichen de 20 cm de diamètre. L’obtention de ces dernières a été possible grâce à l’aide de l’amiral Mouchez, directeur de l’Observatoire de Paris à l’époque. Le transport de cette lunette équatoriale marqua un moment mémorable de l’histoire. Son périple jusqu’à Tananarive fut ponctué d’anecdotes, notamment lorsque des porteurs malgaches, méfiants, découvrirent ce qu’ils crurent être un canon dans les caisses et les jetèrent dans la forêt . Heureusement, grâce à l’intervention du résident général Bompard, la lunette fut sauvegardée et installée à l’observatoire.
La lunette de l’observatoire sous la coupole de 5 mètres
Les premières années furent fertiles en découvertes, notamment avec l’observation du transit de Mercure devant le soleil en 1891, réalisées par le Père Colin. L’observatoire devint également un acteur majeur dans la cartographie de l’île, contribuant aux premières mesures géodésiques et à la triangulation de la région d’Imerina. D’ailleurs, le R.P. Colin et son collègue, le R.P. Roblet, obtiennent le Prix Herbet Fournet, en 1898 pour ces travaux de cartographie de l’Imerina.
Cependant, les relations franco-malgaches se détériorèrent, menant au départ des Jésuites et à la destruction de l’observatoire en 1895. Durant les hostilités, la plupart des instruments astronomiques furent emportés, cachés ou détruits.
L’observatoire détruit en 1895
Le R.P. Colin revient à Madagascar, lors de son annexion par la France, en 1896. Son retour marqua le début de la reconstruction, mais les ressources limitées et les contraintes géographiques freinèrent les ambitions. Les constructeurs investissent alors pour une coupole en acier de 5 mètres de diamètre, destinée à recevoir l’équatoriale. Elle est posée au début d’août 1899, les autres instruments réinstallées, l’observatoire est à nouveau en état de marche et fut réinauguré en 1902.
L’observatoire après sa reconstruction, entre 1920-1940
Les travaux scientifiques reprennent même si le budget n’est plus le même. L’observatoire s’assure toujours du service météorologique, de la mesure du temps et du magnétisme terrestre. Il prend aussi part au réseau sismique colonial et enregistre grâce à deux séismographes, 100 à 200 tremblements de terre par an. Et grâce à leur situation géographique autorise la surveillance efficace de l’Océan Indien, des îles de la Sonde aux Kerguelen et de l’Afrique orientale de l’Abyssinie jusqu’au Cap de Bonne Espérance. La publication des résultats météorologiques et sismographiques sous forme de bulletins mensuels est pris en charge par l’imprimerie coloniale à compter des années vingt et est adressé pour échange à environ cent cinquante bibliothèques, instituts ou observatoires.
En 1923, Charles Poisson, un ancien officier de la Marine française ayant participé à la Première Guerre mondiale, succède au R.P. Colin . Il poursuit les travaux entrepris par ses prédécesseurs, en particulier dans l’étude des cyclones tropicaux. En 1927, après qu’un cyclone eut causé d’importants dégâts, Poisson est officiellement désigné par l’administration coloniale française en tant que Directeur technique de la météorologie à Madagascar. De 1903 à 1943, l’Observatoire de Tananarive était officiellement chargé par le gouvernement colonial de prévoir l’arrivée des cyclones à Madagascar. Ce service, ainsi que le service de l’heure, étaient les seuls à bénéficier d’un soutien financier de la part des autorités coloniales. Cependant, faute de moyens financiers adéquats, l’observatoire n’était pas en mesure de moderniser ses instruments ni de les renouveler, ce qui limitait son travail à la simple observation. Ce manque de fonds, associé à un manque de personnel et l’arrivé de l’indépendance du pays en 1960, précipitait l’institution à son déclin.
Vue aérienne de l’observatoire actuellement
En 1967, les Jésuites cédèrent l’observatoire à l’Université d’Antananarivo. Aujourd’hui, sous le nom d’Institut et Observatoire de Géophysique d’Antananarivo, l’institution reste un pilier de la recherche scientifique nationale et internationale, s’engageant dans des domaines variés tels que la sismologie, la géomagnétisme, et les géosciences.
Étudiant malgache dans le cadre du Development in Africa with Radio Astronomie
À travers les décennies, l’observatoire a évolué, s’adaptant aux avancées technologiques tout en préservant son héritage scientifique. Et 135 ans plus tard, même si l’IOGA ne se consacre plus à la recherche en astronomie, il accueille encore des événements, des ateliers, des formations en astronomie ainsi que des visiteurs intéressés par cette science.
par Andoniaina Rajaonarivelo, président d’Haikintana
Site internet de l’observatoire : http://ioga.univ-antananarivo.mg/
par Mamadou | Jan 17, 2024 | Histoire
L’Égypte, à travers ses vestiges millénaires le long du Nil, dévoile une histoire ancienne et riche, offrant un accès vibrant à la civilisation pharaonique. L’Égypte antique a légué un héritage astronomique marquant, imprégnant la vie quotidienne de cette civilisation à travers ses vestiges archéologiques, ses écrits, ses mythes et ses représentations.
(suite…)
par Sylvain Bouley | Juil 16, 2023 | Histoire
Voyagez dans les mondes lointains de la Guerre des étoiles ! Les paysages et l’univers captivants de cette saga ont nécessité des années de création, et même le réalisateur George Lucas ne savait pas encore où il voulait aller jusqu’au tournage de la première trilogie. Cependant, il avait déjà en tête le lieu de résidence qu’il souhaitait attribuer à Luke Skywalker. Il imaginait une planète avec une atmosphère respirable, un climat désertique et un terrain sablonneux parsemé de roches et de canyons. C’est ainsi que naquit Tatooine, une planète située dans un système stellaire binaire, avec Tatoo 1 et Tatoo 2 comme étoiles.
À l’époque de la création de cet univers, on ne pouvait encore imaginer l’existence de systèmes stellaires binaires ni avoir des preuves de l’existence de planètes extrasolaires. Ce n’est que près de dix ans après la sortie de la première trilogie, au début des années 1990, que la première exoplanète fut détectée. Il s’agissait de 51 Pegasi b, située à environ 50,5 années-lumière de la Terre dans la constellation de Pégase. En 2005, la première exoplanète circumbinaire, Kepler-16b, fut découverte. Il s’agit d’une planète ressemblant à Saturne qui orbite autour d’une étoile semblable au Soleil et d’une naine brune, dans le système d’étoiles binaires Kepler 16-A et Kepler 16-B. Ces deux étoiles tournent également l’une autour de l’autre, créant ainsi des éclipses. Même si la planète Tatooine de Georges Lucas n’avait rien avoir avec une planète type Jupiter, Kepler-16b est quand-même appelée Tatooine. La recherche de planètes similaires à Tatooine se poursuit avec la mission Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS) télescope spatial, grâce auquel la détection de système à étoile binaire se poursuit .
Revenons à Tatooine, la planète aride et inhospitalière. Les tempêtes de sable y sont fréquentes, si bien qu’une tempête particulièrement violente a endommagé la majeure partie du matériel de tournage de la première trilogie, entraînant des pertes de temps et d’argent considérables pour George Lucas. On peut dire qu’il a choisi l’endroit idéal pour représenter cette planète fictive. Et cet endroit est bien réel, situé dans notre système solaire, en Afrique du Nord, plus précisément en Tunisie.
Les environs de la ville de Tozeur, dans le sud de la Tunisie, ont été le théâtre de nombreux tournages, notamment à Ong Jmal et à Chott el-Gharsa. À seulement 30 minutes en voiture de la ville de Tataouine se trouve Ksar Ouled Soltan, où plusieurs scènes ont été filmées pour représenter les rues de Mos Espa, la ville spatioport de Tatooine, avec ses habitations troglodytes typiques du sud de la Tunisie. Un autre village troglodyte, Matmata, a également servi de lieu de tournage pour la maison de l’oncle Owen, une habitation creusée dans la montagne pour profiter de la fraîcheur.
Souvenez-vous de la rencontre entre Han Solo, Chewbacca, Luke Skywalker et Obi-Wan Kenobi à la Cantina de Chalmun, dans la ville portuaire de Mos Eisley. Eh bien, cette scène a été en réalité tournée sur l’île de Djerba. Connue sous le nom de « l’île des rêves », Djerba se trouve également dans le sud de la Tunisie, à seulement 1 heure 50 de Tataouine. Son architecture typique de cette île avec ses maisons blanches aux volets colorés, ses ruelles étroites et ses vues imprenables sur la mer Méditerranée donnent vie à l’univers recherché. Précisément au village de pêcheurs Ajim, a était filmé l’extérieur de la Cantina qui n’est qu’une boulangerie berbère du village. L’atmosphère unique d’Ajim ajoute une touche de réalisme aux scènes de la Cantina, faisant de chaque visite une expérience inoubliable pour les fans de la saga.
Les décors utilisés pour filmer certaines scènes en Tunisie, notamment à Ong Jmal, ont été préservés à la demande des autorités tunisiennes et constituent aujourd’hui une attraction touristique incontournable dans le sud du pays.
Plongez-vous dans l’univers de la Guerre des étoiles et découvrez ces lieux réels qui ont donné vie à Tatooine, cette planète emblématique de la saga. Un voyage passionnant qui vous transportera aux confins de la galaxie, sans quitter notre belle planète Terre.
par Salma Baccar – Université de Grenoble
Credit photos : Ghassen Bouabid (Ong Jmal)
par EricLagadec | Jan 16, 2023 | Histoire
Le 30 Juin 1973, une aventure extraordinaire a eu lieu dans le ciel d’Afrique de l’Ouest, le jour de ce qui était sûrement l’éclipse du soleil la plus marquante du 20ème siècle.
Un petit groupe d’astronomes a réalisé une chose assez folle: observer cette éclipse de soleil depuis le Concorde, lors d’un vol supersonique de cet avion alors en phase d’essai.
Illustration de l’observation de l’éclipse par le Concorde (Dessin de Don Connely et Bob Morris)
Eclipse de Soleil
Commençons par un rappel. Une éclipse de soleil a lieu quand la lune passe devant le soleil. Le soleil est environ 400 fois plus grand que la lune, mais aussi 400 fois plus éloigné. Les deux ont donc à peu près la même taille vus depuis la terre.
Schéma d’une éclipse de Soleil
Si la Lune, la Terre et le Soleil orbitaient exactement dans le même plan, on devrait avoir des éclipses tous les mois, mais ce n’est pas le cas. Une éclipse de soleil est rare. On en observe en moyenne une tous les 6 mois et une tous les …370 ans au même endroit!
La prochaine éclipse totale en Afrique aura lieu le 2 août 2027 et sera visible depuis le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, le Soudan et la Somalie. Vous pouvez voir sa trajectoire ici.
Les éclipses, des événements courts.. Sauf quand on a une idée de génie
Ces éclipses de soleil sont courtes: 7mn40 au maximum. La dernière durant au moins 7 minutes était d’ailleurs celle du 30 Juin 1973. Le spectacle offert par une éclipse de Soleil est merveilleux, mais court. Et en plus on peut le rater si des nuages couvrent le ciel au-dessus de nos têtes. Les observations de notre étoile le Soleil durant une telle éclipse permettent de révéler sa couronne, la partie supérieure de l’atmosphère du Soleil, qui s’étend sur des millions de kilomètres. Il y fait deux millions de degrés. De telles observations permettent de mieux comprendre son fonctionnement, et, par conséquent, les étoiles en général. Mais il est difficile de les observer longtemps, car elles sont courtes.
C’est là qu’intervient le génie de l’astronome français Pierre Léna: observer l’éclipse du siècle à 2300 km/h, au-dessus des nuages, dans un Concorde, cet avion supersonique en phase d’essais. Il rencontre alors André Turcat, qui dirigeait les vols d’essai du Concorde, et lui propose d’adapter l’avion pour une telle aventure scientifique. Il accepte rapidement cette idée folle. Ils ont 4 mois pour tout préparer, et Pierre invite d’autres collègues pour faire plusieurs expériences en vol. Il faut tout préparer minutieusement et le temps presse.
Il faut notamment changer la carlingue du Concorde, pour créer des hublots au plafond. L’éclipse aura lieu au zénith: donc au-dessus de l’avion. Il faut s’assurer que cela ne posera pas de problème structurel à l’avion, pas d’incendie etc…
Un vol entre les îles Canaries et le Tchad
Le 30 Juin 1973, c’est donc le jour de l’éclipse du siècle. Cette éclipse va traverser l’Afrique d’Ouest en Est.
Trajectoire de l’éclipse du 30 juin 1973 (© NASA)
Le 30 Juin 1973, à 10h08 UT l’avion décolle de Las Palmas aux Canaries, pour suivre la trajectoire de l’éclipse et atterrir à Fort Lamy (N’Djamena) au Tchad près de 3 heures plus tard. Tout est orchestré à la seconde près, sinon on ne pourra pas suivre l’éclipse.
En étant au-dessus des nuages, on s’affranchit du risque de couverture nuageuse, mais aussi de la vapeur d’eau néfaste aux observations infrarouges. Pierre Léna veut étudier de la poussière, qui émet dans l’infrarouge. Il effectue donc des observations dans l’infrarouge. Ainsi, il a ainsi mis en évidence la présence de poussière (du silicate, des tous petits grains de sable) dans l’espace entre les planètes. L’image suivante vous montre la couronne solaire, telle que observée durant l’éclipse.
Observations de la couronne solaire depuis le Concorde
Cette éclipse de 1973, avec cette belle aventure dans le ciel africain, nous a donc permis de mieux comprendre le soleil, qui est maintenant observé régulièrement depuis l’espace. Pierre Léna et les autres passagers du vol ont un record qui sera difficile à battre, celui de la plus longue observation d’une éclipse solaire: 74 minutes.
Eric Lagadec, Observatoire de la Côte d’Azur
par EricLagadec | Oct 12, 2021 | Histoire
On dit souvent de l’astronomie qu’elle est considérée comme la science la plus ancienne. Si aujourd’hui, l’astronomie fait rêver surtout pour les questions fondamentales auxquelles elle essaie de répondre “Comment s’est formé l’Univers”, “Y’a-t-il de la vie ailleurs?”, “Comment s’est formé notre système solaire”, il ne faut pas oublier que l’astronomie a aussi un côté plus terre à terre. Les astronomes sont en quelque sorte des “gardiens du temps”, car c’est en observant l’alternance jour/nuit qu’on pouvait voir s’écouler les journées. Mais, et c’était encore plus important, la seule façon de connaître les saisons, chose essentielle pour l’agriculture quand l’homme s’est sédentarisé, était d’observer les étoiles, dont le soleil.
Le long de la côte atlantique, et autour de la méditerranée, on retrouve de nombreux monuments de pierres qui étaient des ancêtres de nos calendriers, indiquant la position du soleil lors de différentes saisons, permettant ainsi d’optimiser l’agriculture. Ainsi, en 2016, des chercheurs australiens ont montré que les monuments en pierre érigés il y a 5000 ans en Grande Bretagne permettaient de suivre la lune et le soleil à différents moments de leurs cycles. Ces sites sont donc des ancêtres de nos observatoires astronomiques modernes.
Mais le plus ancien alignement astronomique de pierre n’est pas en Europe… mais en Afrique.
A Nabta Playa, en Egypte. Avant la construction du barrage d’Assouan sur le Nil, de nombreuses recherches archéologiques ont été effectuées, avant que certaines terres ne soient recouvertes d’eau. Lorsqu’en 1973, un guide égyptien nommé Eide Mariff découvre un alignement étonnant de pierre à Nabta Playa, il y conduit un archéologue, Fred Wendord.
Un cercle de pierres de 4m environ de large retient particulièrement l’attention de l’archéologue.
Reconstitution du cercle de pierres orientées de Nabta Playa, dans les jardins du musée de la Nubie à Assouan. (© Raymbetz)
Après des années à essayer de comprendre la signification du site, Fred Wendorf contacte Kim Malville, un archéolo-astronome de l’université du Colorado à Boulder aux États-Unis.
Ils se rendent alors compte qu’ils viennent de découvrir le site astronomique le plus ancien connu au monde, construit il y a près de 7000 ans. Le cercle contient des dalles étroites qui guident l’oeil vers le nord et la position du soleil lors du solstice d’été, qui marque le début de la saison des pluies. Les datations au carbone 14 d’un foyer près du site indiqueraient que ce site a été construit vers 4800 avant JC. Déjà à cette époque, les humains autour de Nabta Playa pouvaient donc connaître les saisons grâce à ces mégalithes. Les premiers observatoires astronomiques étaient donc certainement africains!
Localisation du site de Nabta Playa dans la vallée du Nil en Egypte.
Eric Lagadec, chercheur au Laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur