LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

On dit souvent de l’astronomie qu’elle est considérée comme la science la plus ancienne. Si aujourd’hui, l’astronomie fait rêver surtout pour les questions fondamentales auxquelles elle essaie de répondre “Comment s’est formé l’Univers”, “Y’a-t-il de la vie ailleurs?”, “Comment s’est formé notre système solaire”, il ne faut pas oublier que l’astronomie a aussi un côté plus terre à terre. Les astronomes sont en quelque sorte des “gardiens du temps”, car c’est en observant l’alternance jour/nuit qu’on pouvait voir s’écouler les journées. Mais, et c’était encore plus important, la seule façon de connaître les saisons, chose essentielle pour l’agriculture quand l’homme s’est sédentarisé, était d’observer les étoiles, dont le soleil.

Le long de la côte atlantique, et autour de la méditerranée, on retrouve de nombreux monuments de pierres qui étaient des ancêtres de nos calendriers, indiquant la position du soleil lors de différentes saisons, permettant ainsi d’optimiser l’agriculture. Ainsi, en 2016, des chercheurs australiens ont montré que les monuments en pierre érigés il y a 5000 ans en Grande Bretagne permettaient de suivre la lune et le soleil à différents moments de leurs cycles. Ces sites sont donc des ancêtres de nos observatoires astronomiques modernes.

Mais le plus ancien alignement astronomique de pierre n’est pas en Europe… mais en Afrique.

A Nabta Playa, en Egypte. Avant la construction du barrage d’Assouan sur le Nil, de nombreuses recherches archéologiques ont été effectuées, avant que certaines terres ne soient recouvertes d’eau. Lorsqu’en 1973, un guide égyptien nommé Eide Mariff découvre un alignement étonnant de pierre à Nabta Playa, il y conduit un archéologue, Fred Wendord.

Un cercle de pierres de 4m environ de large retient particulièrement l’attention de l’archéologue.

Reconstitution du cercle de pierres orientées de Nabta Playa, dans les jardins du musée de la Nubie à Assouan. (© Raymbetz)

 

Après des années à essayer de comprendre la signification du site, Fred Wendorf contacte Kim Malville, un archéolo-astronome de l’université du Colorado à Boulder aux États-Unis.

Ils se rendent alors compte qu’ils viennent de  découvrir le site astronomique le plus ancien connu au monde, construit il y a près de 7000 ans. Le cercle contient des dalles étroites qui guident l’oeil vers le nord et la position du soleil lors du solstice d’été, qui marque le début de la saison des pluies. Les datations au carbone 14 d’un foyer près du site indiqueraient que ce site a été construit vers 4800 avant JC. Déjà à cette époque, les humains autour de Nabta Playa pouvaient donc connaître les saisons grâce à ces mégalithes. Les premiers observatoires astronomiques étaient donc certainement africains!

Localisation du site de Nabta Playa dans la vallée du Nil en Egypte.

 

Eric Lagadec, chercheur au Laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur

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