LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Coordinateurs Nationaux pour la vulgarisation de l’astronomie – Afrique francophone

Coordinateurs Nationaux pour la vulgarisation de l’astronomie – Afrique francophone

La vulgarisation de l’astronomie est la voie par laquelle le grand public est informé et impliqué des avancées, des évènements en astronomie. Ceci a été une préoccupation de plusieurs sociétés dans le passé, Jacques Levy le démontre dans son ouvrage intitulé « Arago et l’astronomie populaire ».  Le premier texte d’astronomie écrit directement en français porte sur l’histoire de la vulgarisation, les Institutions astronomiques de Jean Pierre de Mesmes (institutions astronomiques, 1557).

L’impact positif de la vulgarisation de la science dans la société, en particulier de l’astronomie, a suscité l’intérêt de créer au sein de l’Union Astronomique Internationale (IAU en anglais) un bureau de vulgarisation appelé Bureau pour la vulgarisation de l’astronomie (en anglais Office for Astronomy Outreach – OAO). L’OAO est un projet mis en place par l’IAU et l’Observatoire Astronomique Nationale du Japon (NAOJ) en 2012 dans le but de mieux diffuser l’astronomie au plus grand nombre et de favoriser certains partenariats entre recherche et citoyens (science participative).

Mission de l’OAO

La mission de l’OAO est d’engager le public dans l’astronomie par l’accès à l’information astronomique et la communication de la science de l’astronomie (https://www.iau.org/public/). Le travail de l’OAO consiste à construire des ponts entre l’IAU et la communauté mondiale des astronomes amateurs, des praticiens de la vulgarisation, des éducateurs, des communicants et du grand public, et à travers une collaboration internationale, à rendre la science de l’astronomie accessible à tous.

Cette mission est mise en œuvre par le biais d’un réseau de coordinateurs nationaux de l’IAU (NOC, National Outreach Coordinator) et des initiatives d’engagement de l’IAU auprès du public, encourageant la communication active de la science par le biais d’activités d’engagement du public des membres de l’IAU, de professionnels-amateurs et de science citoyenne.

L’OAO dans son plan stratégique de la décennie (2020-2030) d’étendre son réseau de NOCs encourage chaque pays à avoir un coordonnateur local, y inclus l’Afrique afin de  toucher un plus grand nombre de pays qu’actuellement. Toutes les informations utiles pour devenir NOC peuvent être trouvées sur le lien suivant: https://www.iau.org/public/noc/ .

Ici nous intéressons au réseau NOC de l’Afrique francophone.

NOC Afrique francophone

Le réseau  NOC  Afrique francophone s’agrandit de plus en plus, même s’il reste encore des pays qui tardent à rejoindre la communauté (https://sites.google.com/oao.iau.org/iauoaonews/national-pages). L’absence de certains pays africains, surtout ceux qui ont comme langue le français, peut s’expliquer du fait que l’astronomie n’est pas encore très développée dans ces zones, et également par l’existence d’une barrière linguistique. Cependant l’OAO fait beaucoup d’efforts pour corriger ce fossé. Il compte élargir son réseau de traduction pour gérer et diffuser les résultats astronomiques dans plusieurs langues (IAU Strategic Plan 2020–2030, https://www.iau.org/administration/about/strategic_plan/).

Ce réseau africain assure la dissémination des projets de l’OAO au niveau national, partage les nouvelles et les événements liés à l’astronomie dans leur pays, et font le lien entre l’IAU et les communautés locales. Dans le même temps, ils bénéficient du soutien de l’OAO en matière de vulgarisation, comme l’accès au fond de financement des NOCs, et d’une connexion avec le réseau mondial des NOCs. Partageant les mêmes réalités socio-culturelles, la même langue de communication (le français), les NOCs de ces pays peuvent construire des projets communs de sensibilisation et bénéficier du support de l’OAO dans la réalisation de leurs activités visant à permettre l’accès à l’astronomie à toutes les couches de la société.

En 2019, l’année correspondant à la célébration du centenaire de l’IAU, ces NOCs ont permis à leurs pays d’être informés et de prendre part aux activités planifiées pour la commémoration, comme celle de la compétition mondiale NameExoWorlds (http://www.nameexoworlds.iau.org/ ), permettant à chaque pays qui le désire de participer à l’excitante campagne de nomination d’un système exoplanétaire (une étoile et une exoplanète). Les pays suivants de l’Afrique francophone avaient contribué à ce projet global: Algérie, Burkina Faso, Gabon, Ghana, Côte d’Ivoire, Madagascar, Ile Maurice, Maroc, Sénégal, Togo, et Tunisie. L’information est accessible via ce lien: http://www.nameexoworlds.iau.org/africa.

En 2020, les NOCs des pays d’Afrique francophone, avec l’approbation de l’OAO, ont créé un sous-réseau regroupant progressivement les NOCs africains dont la langue de communication est le français, dans le but de mener des activités coordonnées afin de mieux répondre aux attentes de l’OAO d’emmener l’astronomie à tous les niveaux.

Salma SYLLA 

Pays d’Afrique Francophone ayant un NOC

 

 

Faisons Connaissance avec: La Société Africaine d’Astronomie – AfAS

Faisons Connaissance avec: La Société Africaine d’Astronomie – AfAS

Une Gestation Difficile

Le projet de création d’une association continentale d’astronomie professionnelle est une idée ancienne qui a eu une genèse plutôt laborieuse. L’appel à sa création remonte à 2008 lorsque Peter Martinez (Afrique du Sud) et Pius Okeke (Nigéria) ont discuté dans divers articles des moyens de développer l’astronomie en Afrique, en appelant spécifiquement à la formation d’une société panafricaine d’astronomie. Entre temps, des sociétés régionales d’astronomie professionnelle ont été créées en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Notons aussi que lors du lancement en 2010 de la société africaine de physique à Dakar, un certain nombre d’astronomes de tout le continent et de la diaspora africaine ont relancé l’idée de former une société africaine d’astronomie. Suite à cette réunion, s’est tenue la rencontre de Ouagadougou en 2010, lors de laquelle fut élaborée une première copie d’une constitution pour une telle société d’astronomie (AfAS), tâche qui fut achevée en janvier 2011. L’AfAS a finalement été inaugurée lors de la deuxième réunion régionale du MEARIM meeting de l’IAU pour l’Afrique et le Moyen-Orient à Cape Town en Afrique du Sud en avril 2011.

Fig1: La réunion de création de l’AfAS en mars 2018 à l’observatoire historique de Cape Town

Espoirs Déçus et Lancement d’ AfAS2.0

Malheureusement, pas grand chose ne se passa concrètement pendant les années suivantes; aussi un consensus se dégagea après plusieurs concertations, dont l’initiative des astronomes réunis lors de la réunion d’Addis-Abeba en 2017, de déclarer morte la structure précédente et de lancer l’AfAS 2.0, dans un nouveau cadre et avec notamment la nécessité de bénéficier d’un soutien institutionnel fort. C’était ce soutien qui semblait manquer dans la précédente structure.

Le gouvernement Sud African à travers la DSI (Department of Science and Innovation) proposa d’héberger la structure et de la financer pour les premières années. Un colloque fut organisé à ce propos à Cape Town en mars 2018, avec la participation de quelques soixante astronomes d’Afrique et de la diaspora à la suite duquel l’AfAS nouvelle version fut lancée et un nouveau comité directeur fut élu. Depuis, l’AfAS s’est mise à pied d’œuvre à travers ses différents comités et s’est lancée dans d’ambitieux programmes tant pour les astronomes professionnels qu’amateurs. De plus amples détails se trouvent sur le site de l’association.

Notons qu’un important développement a eu lieu en avril dernier lorsque l’AfAS est devenue un consortium englobant un certain nombre d’autres associations astronomiques continentales dont l’ African Planetariums Association (APA) et l’African Science Stars, toutes ayant aussi leurs sièges en Afrique du Sud, mais chapeautées toujours par l’AfAS.

 

Visions et objectifs principaux de l’AfAS

L’ambition de l’AfAS est de créer une communauté astronomique compétitive à l’échelle mondiale en Afrique. Elle se veut aussi être au service de la communauté amateur et du grand public.

Ses missions principales peuvent être déclinées comme suit:

– Être la voix de l’astronomie en Afrique

– Contribuer à relever les défis auxquels l’Afrique est confrontée à travers la promotion et l’avancement de l’astronomie.

Fig 2: Activités scolaires de diffusion de la culture astronomique à l’aide de planétarium portables au Kenya

Fig 3: Activités scolaires de diffusion de la culture astronomique à l’aide de planétarium portables en Algérie

– L’inclusion de l’astronomie dans le domaine du développement social et économique.

– L’utilisation de l’astronomie pour attirer les jeunes africains vers des carrières en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques

– L’organisation de conférences thématiques et des campagnes d’observation lors d’événements astronomiques et des domaines connexes.

– Sauvegarder les sites astronomiques en Afrique et les connaissances autochtones du ciel.

 

Capitaliser sur les grands instruments Africains

L’AfAS, comme but stratégique, voudrait tirer parti de l’avantage géographique naturel de l’Afrique et capitaliser sur l’existence de grands instruments de classe mondiale sur le continent. Mentionnons les rapidement: Il y a notamment le telescope optique SALT (South African Large Telescope) sur le plateau du Sutherland (Afrique du Sud), qui est considéré comme le plus grand télescope optique d’astronomie optique au monde, télescope de type Hobby–Eberly avec un miroir principal de 11 m. Puis vient le radio-télescope MeerKAT dans le semi désert du Karoo toujours en Afrique du Sud et qui préfigure le futur SKA (Square Kilometer Array), un des plus grands projets de radioastronomie dans le Monde. Concluons la liste en mentionnant les télescopes du projet HESS pour l’astronomie gamma en Namibie.


Fig 4: Photo prise par le radiotélescope MeerKAT offrant en radio la vue la plus claire à ce jour du centre de notre Galaxie situé à quelque 25.000 années-lumière de la Terre.

Ces différents projets sont à même de jouer le rôle de locomotive pour l’astronomie professionnelle africaine et constituer une puissante source d’inspiration pour les astronomes amateurs et les jeunes scientifiques du continent en général. Il est un fait que jusqu’à présent, tout ces atouts n’ont pas suffisamment profité du talent humain africain et c’est ce qui devrait changer.   

En Conclusion

A bien des égards, l’astronomie est une science africaine avec une riche tradition populaire à travers tout le continent. Il est temps de la valoriser, la faire fructifier, ainsi que de la mettre au diapason de l’astronomie mondiale.

C’était là quelques perspectives sur les premiers pas de la Société Astronomique Africaine. Nous invitons tous les individus et parties intéressés et à même de contribuer, à se joindre à nous pour faire progresser l’astronomie sur notre continent.

 

Jamal Mimouni – Président, AfAS

HAIKINTANA, première association d’astronomie à Madagascar

HAIKINTANA, première association d’astronomie à Madagascar

Créée en septembre 2015, HAIKINTANA est la première association Malgache à vulgariser l’astronomie auprès du grand public. L’idée nait lorsqu’une équipe de jeunes passionnés se rencontrent pour la première fois à l’occasion d’une animation de planétarium mobile début 2015. Cet événement est le fruit d’une collaboration entre la France représentée par l’Institut Française de Madagascar (IFM) et Centre Sciences Orléans, et Madagascar par le professeur Charles RATSIFARITANA et l’Association Malgache Pour la Promotion de la Science (AMPS). Seulement 30% des jeunes malgaches choisissent les filières scientifiques après le lycée. Et plus de la moitié sont des hommes. Cette situation est due à l’inexistence d’infrastructure et de débouché certain pour les étudiants scientifiques ainsi que la difficulté de compréhension des élèves à l’école, par manque de cours pratique. A l’initiative de Mializo RAZANAKOTO qui décide dans un premier temps de créer une page Facebook sous le nom d’Haikintana afin de partager des connaissances de base sur l’astronomie à destination du grand public (Facebook étant le réseau social le plus accessible à Madagascar), l’association est devenue en 2018, une communauté officiellement reconnue. Consciente de la situation actuelle du pays, l’objectif premier de l’association est d’inspirer les jeunes et surtout les femmes à s’orienter davantage vers les disciplines scientifiques, à travers des activités ludiques et éducatives tant sur les réseaux sociaux que durant des manifestations scientifiques. L’équipe est composée d’étudiants et de professionnels de diverses formations qui souhaitent réconcilier les Malgaches à la science et surtout apporter sa contribution au développement du pays.

Un partie de l’équipe HAIKINTANA

VULGARISATION DE L’ASTRONOMIE

Haikintana s’est imposée dans l’organisation d’événements à caractère scientifique destinés au grand public.En Septembre 2016, à l’occasion d’une éclipse totale du soleil, les membres de l’association ont couvert des séances d’observations dans différentes régions de l’île. A Madagascar où les croyances diverses sont prédominantes, Haikintana tente d’apporter des explications sur les faits naturels et scientifiques. Depuis 2017, Haikintana participe à la journée mondiale des Astéroïdes (International Asteroid Day). Le programme de la journée s’organise autour de la sensibilisation de la population sur les impacts néfastes des tombés d’astéroïdes sur le territoire. Chaque édition est organisée en collaboration avec différentes institutions. La célébration se termine ensuite par une séance d’observation. En 2019, la célébration a ciblé les étudiants. Une conférence animée par le Pr. Charles RATSIFARITANA a donc été organisée à l’amphithéâtre de l’École Normale Supérieur (ENS) d’Antananarivo. En 2020, la célébration a été faite en numérique à travers des « live talk » et des partages sur les réseaux sociaux.

DES SEANCES D’OBSERVATION A ASTRO ANKADIEFAJORO

Que ce soit à l’occasion d’une éclipse lunaire, d’un transit de Mercure ou encore à la demande du public, des séances d’observation sont organisées annuellement sur le site ASTRO Ankadiefajoro. Le site a été créé par le Pr Charles RATSIFARITANA en Novembre 2008, et se trouve à quelques kilomètres de la capitale et donc facile d’accès. Pour chaque séance, une trentaine de public passionnés et curieux ont été au rendez-vous avec au programme une visite du site, suivie d’une séance d’observation aux télescopes, et le tout accompagné d’un moment convivial autour du feu. Haikintana souhaite désormais investir dans de nouveaux équipements d’observation et de camping pour offrir une meilleure expérience.

Animation A ASTRO ANKADIEFAJORO

VULGARISATION SUR LES RESEAUX SOCIAUX

Née sur Facebook, Haikintana reste très active sur les réseaux en partageant quotidiennement des contenus scientifiques. Cette approche a permis d’organiser des événements marquants dans la vie de l’association tels que la campagne pour le projet NAMEEXOWORLDS durant lequel Madagascar a nommé une exoplanète et son étoile (TRIMOBE et RAPETO) ; ainsi que l’organisation d’un concours d’Astrophotographie amateur durant la période de confinement. Il s’agit du premier concours d’astrophotographie dans le pays. L’objectif a été d’encourager la population à se rappeler le fait que malgré ces moments difficiles, il faut garder les yeux rivés vers les étoiles.

La photo gagnante du concours – prix du Jury

PARTICIPATION A DES PROJETS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX

Haikintana participe régulièrement à des événements culturels et éducatifs se déroulant dans la capitale dans le but de faire connaitre l’association certes mais surtout pour inspirer les jeunes à s’intéresser davantage à la science. Haikintana a donc participé à quelques événements notables dont : la TGW (Tanà Games Week) où elle met en avant les théories scientifiques dans les SF et jeux vidéo, des expositions lors de la semaine pour les étudiants et l’Education tour en 2019. L’association utilise aussi l’enseignement de l’astronomie dans le but de sensibiliser la population à la fragilité de notre planète et à la protection de l’environnement. En mars 2019, Haikintana a participé à la grande marche pour les Forêts, à l’occasion du Earth Hour.

Haikintana participe également à des concours/événements organisés par des sociétés internationales. La majorité de ces concours sont ceux organisés par l’Union Internationale Astronomique (UIA). Nous pouvons citer le projet NAMEEXOWORLD lors de la célébration des centenaires de l’UIA et le 50th Moon Landing, un concours durant lequel Haikintana a remporté un télescope Bresser. Il est important de souligner que depuis 2019, Madagascar est membre apparent de l’UIA par l’intermédiaire de l’association Malgaches Astronomy and Space Science (MASS). Suite à cela, un comité national s’est formé auquel fait partie Haikintana. Dans la même année, Haikintana a été lauréate du concours On the Moon Again 2019, qui lui a permis de remporter un télescope 150/700 offert par la société La Clef des étoiles. Ces récompenses ont permis d’améliorer les séances d’observation menées par l’association qui utilisait jusque-là, une lunette astronomique.

A travers Haikintana, ces bénévoles peuvent participer à des événements ou rejoindre des groupes de travail au niveau international. Depuis 2020, des membres ont rejoint deux groupes de travail à l’AFAs (AFrican Astronomical Society) francophone et un membre de l’association est devenu le Point de contact national de Madagascar au sein de la SGAC. Andoniaina Rajaonarivelo, actuel président de l’association a participé au 17ème Festival national d’astronomie populaire d’Algérie, organisé par l’AAS (Association d’Astronomie Sirius) qui s’est déroulé à Constantine le 3 au 5 octobre dernier, après avoir été sélectionné par l’African Astronomical Society à l’issu d’un appel à candidature. Il y a présenté les activités de Haikintana dans le cadre de la promotion de l’astronomie à Madagascar.

Le telescope gagné lors du concours On the Moon Again 2019

HAIKINTANA, TOURNEE VERS L’AVENIR

Durant ces cinq années d’existence, les actions de Haikintana ont apporté une nouvelle vision d’avenir au sein de la communauté malgache. Pour une jeune association qui améliore continuellement son approche dans la promotion de la science, tout cela est encourageant.
Depuis 2020, Haikintana s’est réorganisée en 3 pôles : le pôle EDUCATION qui souhaite s’appuyer sur le système éducatif à travers l’insertion d’un nouveau sujet et des activités pratiques dans les écoles ; le pôle OUTREACH qui s’occupe principalement de la vulgarisation de l’astronomie auprès du public à travers les événements ; et le pôle DEVELOPPEMENT, un nouveau pôle qui se concentrera sur la valeur ajoutée de l’astronomie dans la société (environnement, tourisme). L’association continue ses collaborations à travers le monde. Nous pouvons citer notamment le projet en cours qui consiste à construire un observatoire dans le nord-ouest du pays, issu d’un début de collaboration entre la France et Madagascar. Pour les prochaines années, l’association s’orientera vers la pérennisation de ses activités.

Mializo RAZANAKOTO – HAIKINTANA

L’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA)

L’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA)

Elle est devenue, au fil des années, le visage de la promotion de l’astronomie au Sénégal. Créée en 2006, l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA) est la première association nationale à s’investir dans la vulgarisation de l’astronomie auprès de la population, tous âges confondus. Depuis sa mise en place, l’ASPA s’active à rendre accessibles les notions de base en astronomie à une population curieuse devant les merveilles de notre Univers, mais souvent en manque d’interlocuteur. Progressivement, ses ambitions se sont affichées et elle a initié, avec succès, plusieurs activités qui ont enregistré la présence d’astronomes de renom dont, il faut le citer, le célèbre astrophysicien Hubert Reeves.

Dans la mise en œuvre de son programme de diffusion de l’astronomie au Sénégal, L’ASPA collabore désormais avec des organismes internationaux comme l’Union Astronomique Internationale (UAI) à travers son bureau OAD (Office of Astronomy for Development) basé en Afrique du Sud, UNIVERSCIENCE (la Cité des Sciences et le Palais de la Découverte de France) et cerise sur le gâteau, la NASA qui vient de lui confier l’organisation d’une importante mission d’observation d’une occultation stellaire au mois de septembre 2020, coordonnée par son Président Maram KAIRE.

GENESE AUTOUR D’UNE ECLIPSE DE … DE SOLEIL

Tout est partie d’une éclipse solaire partielle, visible à Dakar, celle du 29 Mars 2006. Un groupe de passionnés d’astronomie organise une animation autour de l’éclipse, dans le collège d’enseignement moyen (CEM) de Grand Yoff, un quartier de la capitale sénégalaise.

L’engouement suscité, la beauté de la fête malgré la simplicité des instruments d’observation et l’enthousiasme des initiateurs contribuèrent à prendre une décision qui paraissait évidente : la création d’une association. Une action importante, selon les organisateurs de cette séance d’observation pour maintenir l’intérêt du public à l’astronomie.

La mise sur pied de l’association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (ASPA) connut ainsi un fort moment d’échanges, de mise en place des instances et de l’élaboration d’un premier programme qui mit l’accent sur le renforcement de capacités de ses membres.

Afin de disposer d’une bonne capacité de transmission des connaissances à travers les régions du Sénégal, une vingtaine de professeurs de l’enseignement moyen et secondaire, seront sélectionnés par la nouvelle association et confinés pendant une semaine dans les locaux de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Mbour (près de 70km de Dakar), pour apprendre les bases de l’astronomie, le montage et le démontage de télescopes, le repérage d’astres dans le ciel, l’identification de certaines constellations et l’apprentissage des cartes du ciel… Un atelier qui s’avérera fort utile dans l’atteinte des objectifs de création de clubs d’astronomie au sein des établissements scolaires.

L’AMBITION DE CREER DES CLUBS D’ASTRONOMIE SUR TOUT LE TERRITOIRE SENEGALAIS

Dès le démarrage de ses activités, l’ASPA a retenu parmi ses priorités la mise en place d’un certain nombre de clubs d’astronomie à travers le Sénégal, que les professeurs formés à l’atelier de Mbour devraient pouvoir animer. C’était une ambition démesurée pour une toute récente association, à but non lucratif et sans moyens financiers, mais qui se réalisera grâce au soutien de la Coopération Française au Sénégal à travers le projet PCST. En effet, à partir de 2008, L’ASPA sera doté pour l’installation d’une dizaine de clubs dont celui du lycée Thierno Saïdou Nourou Tall, du lycée John Fitzgerald Kennedy, du CEM de Grand Yoff, du lycée Limamoulaye de Guédiawaye, du Prytanée militaire de Saint-Louis, de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), de la Maison de la Culture Douta Seck, du lycée de Mbao, du lycée de Linguère… Le pari était réussi !

Les activités des clubs ont connu une adhésion totale de la cible et aujourd’hui, l’ASPA met à disposition régulièrement sont matériel d’observation (lunettes astronomiques et télescope) pour l’animation d’ateliers et de soirées d’observation du ciel dans les écoles et universités.

FAVORISER LA COOPERATION A TRAVERS DES EVENEMENTS A CARACTERE INTERNATIONAL

En 2008, l’ASPA participe à l’organisation du premier festival d’astronomie organisé au Sénégal, dans la légendaire ville de Saint-Louis, ancienne capitale du Sénégal située à 270km au nord de Dakar.

Ce festival, intitulé « Saint-Louis sous les étoiles », est le résultat d’une belle collaboration entre l’Institut Français, l’Université Gaston Berger et l’ASPA et verra la participation d’animateurs du Palais de la Découverte de France.

Pendant une semaine, les panneaux d’expositions sur le système solaire, l’histoire de l’astronomie et la physique des particules serviront de décor dans les artères de la charmante ville. De nombreuses activités seront déroulées dans les écoles, lycées, à l’Institut Français, dans les quartiers et places publiques. C’est de l’astronomie populaire à l’état pur et la réussite est garantie.

L’engouement du public est tel que la décision est vite prise de perpétuer, annuellement, l’évènement. Ce festival est devenu, au fil du temps, une occasion rêvée pour l’ASPA de former les étudiants en astronomie et d’en faire des acteurs pour l’animation des différentes activités.

En 2009, lors de la célébration de « l’année mondiale de l’astronomie », l’ASPA reçoit la visite d’un hôte de marque : l’astrophysicien de renommée internationale passe une semaine au Sénégal et anime une série de conférences organisée par l’association.

Les foules de passionnées des étoiles, élèves et étudiants, parents ou tout simplement curieux, remplissent les amphithéâtres pour écouter avec une attention phénoménale les explications de Hubert Reeves sur l’évolution de l’univers, la vie et la mort des étoiles, les trous noirs ou l’apparition de la vie à partir de… poussières d’étoiles.

Conscients de l’importance des sciences dans le développement du continent africain, l’ASPA veut susciter des vocations auprès des populations et multiplie à les conférences, ateliers, émissions télévisées, expositions dans les grandes villes du pays.

CREER DES VOCATIONS A TRAVERS LA FORMATION ET LA MEDIATION SCIENTIFIQUE

Les efforts de l’association commencent à porter leurs fruits et sous l’impulsion de son Président Maram KAIRE, l’ASPA s’engage dans la mise en œuvre d’un projet d’envergure : parcourir le Sénégal à travers une caravane pour faire la promotion de l’astronomie jusque dans les coins les plus reculés. Ce sera la création du concept SPACEBUS (ou Bus de l’Espace).

Lancé le 01 Mars 2015, cette tournée nationale mobilisera une équipe d’une quarantaine de personnes et verra la participation de 6 astronomes de l’Observatoire de Paris.

Une logistique hors norme sera mobilisée : un bus de 50 places brandé à l’image des planètes du système solaires et de nébuleuses, une dizaine de télescopes, des panneaux d’expositions, des chapiteaux, un camion pour l’animation et la sonorisation, des kits pour des ateliers en physique, mathématiques… rien n’est laissé au hasard pour captiver l’attention du public et transmettre le virus des étoiles.

Durant 30 jours, le SPACEBUS fera le tour du Sénégal en 17 grandes étapes et près de 3500km seront parcourus à raison de 2 jours en moyenne passés dans chaque ville. C’est un coup de maitre dans la communication de l’association qui réussit à faire connaitre son potentiel partout où elle passe. Mais surtout une belle occasion de promouvoir l’installation de clubs d’astronomie dans les villes traversées.

Le SPACEBUS fait désormais des émules : le concept est repris au Maroc et en France depuis son lancement au Sénégal et l’ASPA prépare la seconde grande édition dans l’espoir de couvrir encore plus de localités.

   

Au moment où le Sénégal souhaite ré intéresser les élèves aux filières scientifiques, la passion que suscite l’ASPA à travers ses activités s’avère être un excellent outil de sensibilisation des jeunes. Les membres de l’association pensent alors à s’investir davantage dans la promotion des sciences auprès des filles en accompagnant l’organisation d’un projet conçu en 2016 par Maram KAIRE et intitulé «Conférence Internationale : les femmes dans les sciences ».

Cet évènement, devenu un rendez-vous bisannuel, met sur la scène du Grand Théâtre National de Dakar, des femmes scientifiques, modèles de réussite à présenter à un public de 2000 élèves en quête de références. L’ASPA a réussi à avoir la participation de l’Astronaute Claudie Haigneré, première française dans l’espace, d’illustres professeurs comme l’ancienne ministre du Sénégal Pr. Yaye Kène Gassama, Pr. Aminata Sall Diallo, l’astrophysicienne belge Katrien Kolenberg, l’astronome Anne Verbiscer du SwRI (Southwest Research Institute / NASA)…

 

Collaboration avec la NASA et projets futurs

La constance dans sa promotion de l’astronomie a fini par faire de l’ASPA le partenaire privilégié pour les activités menées au Sénégal. Elle collabore aujourd’hui avec plusieurs structures scientifiques dont l’Africa Initiative for Planetary and Space Sciences (AFIPSS) avec les planétologues David Baratoux et Sylvain Bouley.

Une importante relation s’est également tissée avec la NASA à travers une première campagne d’observation d’une occultation stellaire par l’astéroïde Arrokoth (Ex. 2014 Ultima Thulé) menée au Sénégal, dans le cadre de la mission NEW HORIZONS. Durant cette activité, l’ASPA a accompagné l’équipe d’observateurs américains et français dépêchés au Sénégal pour suivre cette occultation.

La consécration suivra pour couronner les efforts de l’association : en 2020, la NASA lui confie l’organisation entière d’une nouvelle mission d’observation d’une occultation. Cette fois, c’est pour préparer le lancement de la sonde LUCY, prévu en octobre 2021. En compagnie d’une équipe franco-belge de 6 personnes, l’ASPA mettre en place un groupe de 30 sénégalais pour observer l’occultation par l’astéroïde troyen POLYMELE. La tâche était difficile, mais le défi sera relevé : après plusieurs semaines de préparation, l’ASPA a réussi à faire de cette mission une réussite avec le soutien de ses partenaires, signant ainsi sa maturité dans la gestion d’activités scientifiques complexes comme l’observation d’une occultation.

Aujourd’hui, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et souhaite réussir son projet de construction d’un grand observatoire (1m de diamètre) au Sénégal et voir la finalisation de la construction du Planétarium initié dans la nouvelle ville de Diamniadio (40km de Dakar) par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

 

 

Astronomie et développement au Maroc: une expérience inédite

Astronomie et développement au Maroc: une expérience inédite

En examinant l’évolution de la production scientifique en astronomie et astrophysique au Maroc, nous constatons un timide « décollage » à partir de 1988, un développement irrégulier jusqu’en 2010, puis une nette progression depuis 2015. Nous revenons ici sur quelques faits marquants qui ont contribué à cette évolution favorable, dans un environnement encore peu propice au développement de la recherche scientifique en général et des sciences fondamentales en particulier.

La genèse

Le Maroc occupe actuellement une position relativement avancée en Afrique dans le développement de l’astronomie, tant au niveau professionnel qu’amateur.

Évolution du nombre d’articles publiés dans des revues scientifiques pour la thématique astronomie au Maroc (source NASA/ADS)

 

Vers la fin des années 80, un petit groupe d’astrophysiciens s’est formé au sein du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST) à Rabat, capitale du Maroc. Ces jeunes chercheurs avaient en commun le fait d’avoir tous été formé à un moment de leur parcours à l’Université Nice Sophia Antipolis et l’Observatoire de la Côte d’Azur. Ce groupe a profité d’une dynamique positive au sein de cette institution marocaine qui voulait doter le pays d’un centre dédié à la recherche à plein temps, à l’instar du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) en France, ou du Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC) en Espagne. Ces chercheurs ont alors créé un laboratoire d’astronomie appelé alors le « LAG » pour Laboratoire d’Astronomie et de Géophysique.

Cette période fondatrice s’est étalée sur une décennie et a notamment vu :

  • l’adhésion du Maroc à l’Union Astronomique Internationale
  • l’installation de la première expérience d’observation astronomique sur le site d’Oukaimeden (Expérience IRIS, Benkhaldoun et al., 1991 [1])
  • le démarrage de la thématique de qualification de sites astronomiques (Benkhaldoun et al., 1992 [2])
  • l’aboutissement de 3 doctorats d’états en Astrophysique.

Pour des raisons aussi bien structurelles que conjoncturelles, cette initiative s’est poursuivie et développée au sein de l’Université Cadi Ayyad à Marrakech.

La confirmation

Le Laboratoire de Physique des Hautes Energies et Astrophysique (LPHEA) a alors vu le jour au sein de la Faculté des sciences Semlalia en 1999, non sans une certaine résistance de la part des responsables du département de physique de l’époque qui souhaitaient limiter la multiplication des structures de recherche en son sein. Dix ans après, en 2009, le laboratoire s’est classé premier du département et a reçu le prix du deuxième meilleur centre de recherche de l’Université Cadi Ayyad. Entretemps, ses membres ont œuvré à la création de formations de master et de doctorat en Astrophysique, les premières du genre à l’échelle du Maroc et de la région nord-africaine hors Égypte. Le laboratoire a également accompagné le développement de l’Observatoire Astronomique de l’Oukaimeden, dans le haut Atlas Marocain, amenant les instances de l’Université à l’adopter comme centre de recherche en 2009, après l’inauguration de ses locaux en 2007.

La voie lactée au dessus de l’observatoire astronomique de l’Oukaïmeden. © Ali Astro/Astronomie Marrakech

Le décollage

La décennie suivante (2010-2020) est une période de consécration de l’Observatoire  d’Oukaïmeden, comme l’une des plus importantes infrastructures de recherche en astrophysique en Afrique, en particulier avec l’installation de pas moins de 5 coupoles et plusieurs instruments en relation avec les thématiques de recherche suivantes :

  • Planétologie et petits corps du système solaire : Télescopes MOSS, TRAPPIST-Nord et OWL (Optical Wide-field patroL- Network) en plus de caméras de détection de météorites
  • Exoplanètes : Télescopes Meade-16, TRAPPIST-Nord et OWL (Optical Wide-field patroL- Network)
  • Etoiles variables : Spectographe Herschel sur Télescope Meade-16
  • Météorologie de l’Espace : Expérience RENOIR (activité solaire sur l’environnement planétaire) et station GPS
  • Science de l’Espace : Antenne du projet SWORM.

Ces réalisations sont le fruit d’une coopération internationale très diversifiée avec les institutions de recherche suivantes :

  • l’Université Nice-Sophia Antipolis et l’Observatoire de la Côte d’Azur (France)
  • l’Observatoire de Paris (France)
  • l’Université Paul Sabatier (Toulouse, France)
  • l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France)
  • l’Université de Liège et l’Université d’Antwerp (Belgique)
  • l’Université de l’Illinois (USA)
  • la Korean Astronomy and Space Institute (KASI) (Corée du Sud)
  • l’Université King Abdulaziz (Arabie Saoudite)
  • le Centre Nationale des Études Spatiales (CNES, France)

D’autres organismes associatifs et personnes physiques ont contribué à la genèse de l’Observatoire et à son rayonnement. Parmi les principaux contributeurs, citons :

  • l’Uranoscope de l’Ile-de-France
  • l’Ambassade de France au Maroc
  • la Société Jurassienne d’Astronomie en Suisse
  • les Forces Armées Royales Marocaines
  • la Société Atlas Golf Marrakech
  • l’Association d’Astronomie Amateur de Marrakech (3AM)
  • les Astronomes Claudine Rinner et Michel Ory.

Les réalisations et avancées scientifiques

Les travaux scientifiques sont maintenant très diversifiés au Maroc, avec une expertise reconnue dans plusieurs domaines de l’astrophysique. Le LPHEA mène des travaux de pointe dans les thématiques suivantes:

  • Étude et qualification des sites astronomiques

En quelques années, le laboratoire a acquis une expertise dans l’étude et la qualification des sites d’observation astronomique. Cet axe s’est poursuivi aussi bien du point de vue théorique qu’expérimental, avec la modélisation des différents paramètres optiques sur la dégradation de l’observation à travers l’atmosphère terrestre et la mise en œuvre de plusieurs instruments d’observation de la qualité du ciel.

  • Exoplanètes

Le centre de recherche marocain s’est doté de compétences dans l’observation d’exoplanètes, en utilisant les techniques de pointe : les vitesses radiales, l’imagerie directe et surtout les transits. Le méthode de transit consiste à observer les variations lumineuses de l’étoile provoquées par le passage d’une planète devant celle-ci (à l’instar d’une éclipse). L’amplitude de la diminution de l’intensité de la lumière dépend des tailles de l’étoile et de la planète. La durée du transit est liée à la distance de la planète à l’étoile et de la masse de l’étoile. Il est donc possible d’estimer la taille et la distance de la planète à partir de la seule observation des rayonnements émis par une étoile et de la diminution de ceux-ci lors du transit. De plus, en observant les transits (transit secondaire) avec des instruments très précis, il est également possible de détecter certains éléments présents dans l’atmosphère des planètes. Grâce à l’instrumentation de l’observatoire de l’Oukaimeden, le laboratoire a pu effectuer plusieurs campagnes d’observation qui ont permis de valider la méthode. Ce projet a permis en particulier de participer à la découverte du fameux système TRAPPIST-1 constitué de 7 planètes rocheuses de type terre dont trois sont situé dans la zone habitable de la planète hôte (Gillon et al. 2017 [3]).

  •  Haute résolution angulaire, Interférométrie

Le LPHEA possède une riche expérience dans ce domaine, qui a pour but d’obtenir des instruments astronomiques ayant la meilleure résolution possible, afin d’observer des détails fins sur les objets astronomiques observés.

  • Physique Solaire

Le Soleil est la source du vent solaire, un flux de gaz qui atteint la Terre à une vitesse de plus de 500 km par seconde. Les perturbations dans le vent solaire secouent le champ magnétique de la Terre, introduisent des particules accélérées et de l’énergie dans la ceinture de radiation de la Terre. La Météorologie de l’espace étudié les effets de l’activité solaire sur l’atmosphère de la terre. Car en plus d’avoir une influence sur le climat de la terre, ce rayonnement en excès peut endommager les satellites et constitue une menace pour les astronautes. Secouer le champ magnétique terrestre peut aussi provoquer des pointes de courant dans les lignes électriques qui ont pour effet d’endommager les réseaux électriques à large échelle causant des dommages économiques importants.

  •  Planétologie et petits corps du système solaire

Le laboratoire s’est spécialisé également dans la détection des flashs lunaires. Ces travaux s’inscrivent dans le contexte international de préparation des missions sismologiques lunaires qui utiliseront les impacts comme source sismique. Cet axe a connu un certain succès avec la détection de plusieurs flashs d’impact par l’équipe marocaine et un article a été publié suite à ces découvertes. Un doctorat a été soutenue en Septembre 2016 (Mamoun Ait Moulay Larbi [4]) et ce thème est en train de s’étendre à l’Observation des flash de Jupiter avec l’implication d’une doctorante de l’Université de Dakar.

Le centre de recherche travaille aussi sur la détection et le suivi des météorites. Un projet de collaboration avec une équipe de l’Observatoire de Paris a permis d’installer deux caméras de détection de météores sur les deux observatoires de Marrakech et d’Oukaimeden. Ce réseau est en phase de s’étendre, grâce notamment à l’appui du réseau français FRIPON et d’une équipe australienne en contact avec Hasnaa Chenaoui de l’université de Casablanca (Réseau MOFID). Un doctorat a été soutenu dans cette thématique et deux autres sont en cours.

L’organisme marocain participe également à la détection et au suivi des petits corps du Système Solaire. Ces travaux ont notamment permis la découverte de quatre nouvelles comètes, de trois géocroiseurs ainsi que plusieurs nouveaux astéroïdes par le télescope MOOS. Cette thématique est aussi appelée à se développer de façon conséquente grâce à la récente coopération avec l’Agence Spatiale Coréenne qui vient de procéder à l’installation d’un télescope robotisé de 50cm de diamètre sur le site d’Oukaimeden. En plus des petits corps du système solaire, cet instrument est appelé à traquer les débris des satellites. L’équipe de recherche marocaine est appelée à intégrer ce programme de recherche.

  •  Spectroscopie des étoiles variables

Grâce au développement de l’Observatoire d’Oukaimeden, les chercheurs du LPHEA peuvent utiliser deux télescopes C14 et T500 fonctionnant totalement en mode contrôle à distance. Ces instruments permettent d’obtenir des mesures photométriques et spectroscopiques d’étoiles variables comme les étoiles pulsantes de type  RR Lyrae. La variation de l’amplitude de pulsation de ces étoiles, découverte en 1906, mais toujours inexpliquée à ce jour, pourrait dévoiler ses mystères grâces à des observations à Oukaimeden. D’autres types d’étoiles variables sont également à l’étude depuis ce site.

  • Réserve du ciel étoilé

Depuis 2018, le laboratoire s’est engagé dans un projet de création d’une réserve de ciel étoilé (Atlas Dark Sky Reserve), autour de l’Observatoire d’Oukaimeden. Le but premier de ce projet est la conservation de la qualité du ciel à Oukaïmeden, un des meilleures sites d’observation astronomique de la planète avec plusieurs télescopes de classe internationale. L’équipe compte en outre, protéger et prospecter d’autres sites de la réserve pour l’installation d’un grand télescope marocain ou étranger. La réserve servira de laboratoire naturel à l’université Cadi Ayyad et ses laboratoires de recherche pour l’observation et l’expérimentation de nouvelles technologies, ayant un impact favorable sur la consommation énergétique liée à éclairage public. Ce champ de recherche ouvrira des perspectives en terme d’éclairage rationnel et impulsera ainsi la recherche, le développement et l’innovation dans ce domaine, entrainant un impact positif pour le Maroc et son rayonnement international.

Zouhair Benkhaldoun, Directeur de l’Observatoire de l’Oukaïmeden

 

[1] Benkhaldoun, Z., Kadiri, S., Lazrek, M., and Touma, H., “Moroccan Participation in the Study of Solar Oscillations”, Solar Physics, vol. 133, no. 1. pp. 61–64, 1991. doi: 10.1007/BF00149824.

[2]  Benkhaldoun, Z., Kadiri, S., Lazrek, M., and Vernin, J., “A simple flux integration photometer for day time site testing at Oukaimeden”, Experimental Astronomy, vol. 2, no. 6. pp. 345–356, 1992. doi: 10.1007/BF00395985.

[3] ]Gillon, M., “Seven temperate terrestrial planets around the nearby ultracool dwarf star TRAPPIST-1”, Nature, vol. 542, no. 7642. pp. 456–460, 2017. doi: 10.1038/nature21360.

[4] Ait Moulay Larbi, M., “First Lunar Flashes Observed from Morocco (ILIAD Network): Implications for Lunar Seismology”, <i>Earth Moon and Planets</i>, vol. 115, no. 1–4. pp. 1–21, 2015. doi: 10.1007/s11038-015-9462-1.

Photo des Lecteurs

Photo des Lecteurs

Merci aux lecteurs qui nous ont envoyé des photos depuis les quatre coins de l’Afrique, du Maroc à Madagascar, en passant par le Bénin, le Sénégal, le Togo, le Cameroun, l’Algérie, le Gabon et le Congo.

Le choix a été difficile, mais voici ici une sélection de ces plus belles photos:

Félicitations à Serge Ebeza pour ce beau moment d’évasion grâce à cette photo prise au Gabon. Serge gagne une superbe lunette Bresser Messier de Sterren Schitteren Voor ledereen.

Le vainqueur de la lunette Bresser Messier de Sterren Schitteren Voor ledereen nous vient du Gabon! Serge Ebeza vit au Gabon et est passionné par l’astronomie et sa vulgarisation. Il souhaite monter le premier observatoire au Gabon. Avec ce cliché, il nous invite au voyage en Afrique centrale, et plus exactement au Gabon. Cette photo de la voie lactée a été prise à Nkoghe Doum sur une plage éphémère au bord du fleuve Ogooué. Félicitations au vainqueur du concours, en espérant que cette lunette créera des vocations pour l’astronomie et les sciences au Gabon! Félicitations Serge!

 

La voie lactée observée par le jeune Abdessamad Taoufiq (19 ans), depuis Chtouka Ait Baha au Maroc.

La passion pour l’astronomie commence dès le plus jeune âge, comme on peut le voir avec cette jeune fille de 3 ans au Cameroun, devant une lunette astronomique Bresser Messier de Sterren Schitteren Voor ledereen.

Les rémanents d’une supernova, les dentelles du Cygne, observées par Djalil Ichiri, depuis Bouismail, une petite ville du littoral algérien, à 40km d’Alger.

Cynthia Ambinintsoa nous partage sa belle vision du ciel étoilé au dessus de Ivato, près d’Antanananrivo à Madagascar.

Meriem Bendahman, partage avec nous cette vue magnifique de la lune, depuis sa terrasse à Nador, au Maroc. Meriem est en première année de doctorat en astroparticules, nous lui souhaitons une excellente continuation et de devenir astrophysicienne.

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