LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

Une Gestation Difficile

Le projet de création d’une association continentale d’astronomie professionnelle est une idée ancienne qui a eu une genèse plutôt laborieuse. L’appel à sa création remonte à 2008 lorsque Peter Martinez (Afrique du Sud) et Pius Okeke (Nigéria) ont discuté dans divers articles des moyens de développer l’astronomie en Afrique, en appelant spécifiquement à la formation d’une société panafricaine d’astronomie. Entre temps, des sociétés régionales d’astronomie professionnelle ont été créées en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Notons aussi que lors du lancement en 2010 de la société africaine de physique à Dakar, un certain nombre d’astronomes de tout le continent et de la diaspora africaine ont relancé l’idée de former une société africaine d’astronomie. Suite à cette réunion, s’est tenue la rencontre de Ouagadougou en 2010, lors de laquelle fut élaborée une première copie d’une constitution pour une telle société d’astronomie (AfAS), tâche qui fut achevée en janvier 2011. L’AfAS a finalement été inaugurée lors de la deuxième réunion régionale du MEARIM meeting de l’IAU pour l’Afrique et le Moyen-Orient à Cape Town en Afrique du Sud en avril 2011.

Fig1: La réunion de création de l’AfAS en mars 2018 à l’observatoire historique de Cape Town

Espoirs Déçus et Lancement d’ AfAS2.0

Malheureusement, pas grand chose ne se passa concrètement pendant les années suivantes; aussi un consensus se dégagea après plusieurs concertations, dont l’initiative des astronomes réunis lors de la réunion d’Addis-Abeba en 2017, de déclarer morte la structure précédente et de lancer l’AfAS 2.0, dans un nouveau cadre et avec notamment la nécessité de bénéficier d’un soutien institutionnel fort. C’était ce soutien qui semblait manquer dans la précédente structure.

Le gouvernement Sud African à travers la DSI (Department of Science and Innovation) proposa d’héberger la structure et de la financer pour les premières années. Un colloque fut organisé à ce propos à Cape Town en mars 2018, avec la participation de quelques soixante astronomes d’Afrique et de la diaspora à la suite duquel l’AfAS nouvelle version fut lancée et un nouveau comité directeur fut élu. Depuis, l’AfAS s’est mise à pied d’œuvre à travers ses différents comités et s’est lancée dans d’ambitieux programmes tant pour les astronomes professionnels qu’amateurs. De plus amples détails se trouvent sur le site de l’association.

Notons qu’un important développement a eu lieu en avril dernier lorsque l’AfAS est devenue un consortium englobant un certain nombre d’autres associations astronomiques continentales dont l’ African Planetariums Association (APA) et l’African Science Stars, toutes ayant aussi leurs sièges en Afrique du Sud, mais chapeautées toujours par l’AfAS.

 

Visions et objectifs principaux de l’AfAS

L’ambition de l’AfAS est de créer une communauté astronomique compétitive à l’échelle mondiale en Afrique. Elle se veut aussi être au service de la communauté amateur et du grand public.

Ses missions principales peuvent être déclinées comme suit:

– Être la voix de l’astronomie en Afrique

– Contribuer à relever les défis auxquels l’Afrique est confrontée à travers la promotion et l’avancement de l’astronomie.

Fig 2: Activités scolaires de diffusion de la culture astronomique à l’aide de planétarium portables au Kenya

Fig 3: Activités scolaires de diffusion de la culture astronomique à l’aide de planétarium portables en Algérie

– L’inclusion de l’astronomie dans le domaine du développement social et économique.

– L’utilisation de l’astronomie pour attirer les jeunes africains vers des carrières en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques

– L’organisation de conférences thématiques et des campagnes d’observation lors d’événements astronomiques et des domaines connexes.

– Sauvegarder les sites astronomiques en Afrique et les connaissances autochtones du ciel.

 

Capitaliser sur les grands instruments Africains

L’AfAS, comme but stratégique, voudrait tirer parti de l’avantage géographique naturel de l’Afrique et capitaliser sur l’existence de grands instruments de classe mondiale sur le continent. Mentionnons les rapidement: Il y a notamment le telescope optique SALT (South African Large Telescope) sur le plateau du Sutherland (Afrique du Sud), qui est considéré comme le plus grand télescope optique d’astronomie optique au monde, télescope de type Hobby–Eberly avec un miroir principal de 11 m. Puis vient le radio-télescope MeerKAT dans le semi désert du Karoo toujours en Afrique du Sud et qui préfigure le futur SKA (Square Kilometer Array), un des plus grands projets de radioastronomie dans le Monde. Concluons la liste en mentionnant les télescopes du projet HESS pour l’astronomie gamma en Namibie.


Fig 4: Photo prise par le radiotélescope MeerKAT offrant en radio la vue la plus claire à ce jour du centre de notre Galaxie situé à quelque 25.000 années-lumière de la Terre.

Ces différents projets sont à même de jouer le rôle de locomotive pour l’astronomie professionnelle africaine et constituer une puissante source d’inspiration pour les astronomes amateurs et les jeunes scientifiques du continent en général. Il est un fait que jusqu’à présent, tout ces atouts n’ont pas suffisamment profité du talent humain africain et c’est ce qui devrait changer.   

En Conclusion

A bien des égards, l’astronomie est une science africaine avec une riche tradition populaire à travers tout le continent. Il est temps de la valoriser, la faire fructifier, ainsi que de la mettre au diapason de l’astronomie mondiale.

C’était là quelques perspectives sur les premiers pas de la Société Astronomique Africaine. Nous invitons tous les individus et parties intéressés et à même de contribuer, à se joindre à nous pour faire progresser l’astronomie sur notre continent.

 

Jamal Mimouni – Président, AfAS

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