LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Des experts du spatial au Sénégal

Des experts du spatial au Sénégal

L’utilisation de satellites prend une place de plus importante dans notre société moderne, que ce soit pour les télécommunications, la défense, le suivi de l’environnement et le climat. Les satellites ne sont pas seulement tournés par la Terre, ils explorent aussi l’Univers, et jouent donc aussi un rôle important pour l’astronomie. L’usage de données venant du spatial et le lancement de satellites, jusqu’ici réservés à quelques grandes puissances, deviennent accessibles à de plus en plus d’acteurs publics ou privés. Ainsi, chaque année, de nouvelles nations africaines s’illustrent par le lancement de satellites et le domaine spatial connaît une très belle dynamique en Afrique.

Dans le cadre de l’évaluation et du suivi des politiques et programmes publics de la république du Sénégal, un groupe d’experts internationaux s’est réuni à Dakar pour contribuer à l’élaboration d’une politique de la politique  de l’espace du pays de la Teranga. Ce travail s’est fait sous la présidence de El Hadji Ibrahima Sall, mandaté par le président de la République du Sénégal, Macky Sall pour évaluer toutes les politiques publiques du pays. L’astronome sénégalais Maram Kairé a été chargé de former un groupe d’experts internationaux pour plancher sur les enjeux de la politique spatiale du Sénégal..

De nombreux sujets ont été abordés, allant d’un tour d’horizon des politiques d’espace dans le monde jusqu’aux opportunités industrielles du New Space. Le Newspace, c’est en quelques sortes l’émergence du privé dans le domaine spatial, qui depuis le début de l’ère spatiale était guidé par des politiques étatiques des nations dites spatiales (Les Etats Unis et La Russie d’abord, puis des nations européennes, asiatiques et nord-américaines). Les coûts de construction et de lancement de petits satellites (nanosatellites, cubsat) ont révolutionné l’accès à l’espace. . Ainsi, plusieurs nations africaines (Algérie, Egypte, Maroc, Nigéria, Tunisie, Afrique du Sud, Ghana, Soudan, Ile Maurice, Ethiopie, Angola, Kenya et Rwanda) ont déjà lancé des satellites dans l’espace. Ces satellites sont souvent des démonstrateurs, aux applications encore limitées, mais ils créent une dynamique intéressante pour la formation de scientifiques et d’ingénieurs du domaine spatial. Les différents acteurs sont ainsi sensibilisés aux applications du domaine spatial dans le domaine des ressources naturelles, de la sécurité aux frontières, du changement climatique, et des problématiques de santé publique.

Enfin, de longues discussions sur les opportunités en recherche et formation dans le domaine de l’espace (télédétection, planétologie, astronomie) ont permis de mettre en avant les opportunités offertes par ces domaines pour la jeunesse du pays.

Le groupe d’experts, réuni le 12 et le 13 Janvier à Dakar a émis une série de recommandations pour une politique de l’espace du Sénégal. Ces recommandations visent à faire émerger au Sénégal un écosystème autour du spatial, et une utilisation plus efficiente des données et produits d’observation de la Terre pour les enjeux du pays. Nous souhaitons tous un avenir prospère au Sénégal dans le domaine spatial!

Maram Kairé, Eric Lagadec, David Baratoux

L’Ile Maurice dans l’espace !

L’Ile Maurice dans l’espace !

MIR-SAT1 (Mauritius Imagery and Radio communication Satellite 1) est le premier nanosatellite mauricien dans l’espace !

Illustrations faites par Tasneem Rossenkhan, membre de l’IAU NOC Mauritius

 

Développé par le Conseil Mauricien de la Recherche et de l’Innovation (MRIC, Mauritius Research and Innovation Council), MIR-SAT1 est un nanosatellite en orbite basse autour de la Terre (410-430 km) qui a pour but principal de permettre à l’Ile Maurice d’acquérir une expertise technologique dans le désign, l’assemblage, l’intégration, les tests, le déploiement et l’opération de satellites. MIR-SAT1 prendra des images de l’Ile Maurice et de sa zone économique exclusive (EEZ, Economic Exclusive Zone) avec comme objectif principal d’apporter aux scientifiques une vision globale permettant une meilleure prévention et anticipation de catastrophes environnementales. Les données prises par MIR-SAT1 sont collectées par une station sol qui se trouve à Ebène au MRIC et également reçues par des stations radio amateur lorsque le satellite se trouve hors de portée des récepteurs du MRIC.

Images provenant du site MIR-SAT1 : orbite : https://spacemauritius.com/about/#orbit dimensions & forme : https://spacemauritius.com/about/#Satellite

 

L’histoire de MIR-SAT1 a débuté en 2018 dans le cadre du programme KiboCUBE 2018 organisé par le Bureau des Affaires Spatiales des Nations Unies (UNOOSA, United Nations Office for Outer Space Affairs) et l’agence spatiale japonaise (JAXA, Japan Aerospace Exploration Agency). Le projet mené par Faraaz Shamutally (Principal Investigator) et Dr Vickram Bissonauth (Project Coordinator) sort grand gagnant de cette édition et se voit ainsi offrir l’opportunité de développer, construire et déployer le nanosatellite MIR-SAT1. Le satellite a été conceptualisé à l’Île Maurice, puis produit par AAC Clyde Space au Royaume Uni. Après un passage à la JAXA début 2021 pour son intégration au sein du déployeur japonais, MIR-SAT1 a rejoint la NASA au Centre Spatial Kennedy en Floride et s’est envolé pour la Station Spatiale Internationale le 3 Juin 2021 à bord du lanceur SpaceX Falcon 9/Cargo Dragon (SPACEX CRS-22). MIR-SAT1 a été déployé le 22 Juin 2021 avec succès, envoyant ses premiers signaux dès le déploiement de ses antennes et panneaux solaires une fois en orbite. Aujourd’hui MIR-SAT1 se porte bien, mais se trouve toujours dans la phase de tests suite à sa mise en orbite (phase dite de commissioning). Cela ne l’empêche pas d’envoyer ses premières données de télémétrie, réceptionnées et analysées par plusieurs stations radio amateurs autour du globe, qui les partagent ensuite avec SatNOGS, un réseau participatif de stations sol regroupant logiciels et matériels pour l’analyse de données spatiales. 

Tout juste quelques mois après son déploiement, MIR-SAT1 est déjà une vraie réussite. Il fascine la future génération de scientifiques, rendant accessible et désacralisant l’étude des technologies spatiales à l’Ile Maurice. Deux universités et 4 écoles ont déjà reçu les diplômes décernés par la Mauritius Amateur Radio Society (MARS) pour leur implication dans le projet. C’est donc une affaire à suivre et de très près !

Mathilde Jauzac pour l’IAU NOC Mauritius

 

La Côte d’Ivoire dans l’ère du spatial

La Côte d’Ivoire dans l’ère du spatial

Une importante conférence sur le thème : « L’Afrique entre dans l’ère du spatial : cas de la Côte d’Ivoire » s’est tenue au sein l’Université Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody, dans l’amphithéâtre Koffi Allangba, devant environ 200 étudiants.

Boubacar Fofana, Président de l’Association pour la Sauvegarde et la Promotion de la Pensée de El Hadj-Boubacar Gamby Sakho (ASPP-BGS), qui a pour but de promouvoir le dialogue des cultures, des civilisations, des traditions et des sciences comme peuvent l’être la médecine ou l’astronomie. Oui, tous les peuples ont toujours regardé vers le ciel et tenté de comprendre les causes de l’existence même de l’Univers. Comme l’a déclaré Boubacar Fofana : « Ce matin, nous allons faire le lien entre Copernic, Leibniz, Kepler, les Dogons du Mali, les Baoulés de Côte d’Ivoire, les Peuls du Macina et autres peuples d’Afrique. »

L’Association Ivoirienne d’Astronomie : c’est parti !

La conférence a débuté avec la présentation de l’Association Ivoirienne d’Astronomie (AIA) par le Dr Ackah Jean-Baptiste, docteur de physique à l’Université Félix Houphouët-Boigny, ingénieur aéronautique à l’ASECNA (Agence pour la SECurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar) et secrétaire chargé de la communication de l’AIA. Le but de cette jeune association, qui n’a été créée qu’en février 2021 à l’UFR des Sciences des Structures de la Matière et de Technologie (SSMT) de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire est de « s’investir davantage en redonnant l’envie aux jeunes de s’orienter vers les filières scientifiques, étant donné que leurs recherches de doctorat s’inscrivent dans le cadre de la physique spatiale et de la météorologie de l’espace ». Avec un objectif : construire un observatoire astronomique en Côte d’Ivoire. La jeune association a même reçu son premier télescope, offert par l’association française Uranoscope, dans le but de lancer son
programme de formation en astronomie !
Nous espérons que cette association, ainsi que cette conférence, traceront le chemin pour que dans un avenir très proche, les autorités compétentes puissent munir les étudiants ivoiriens d’une dizaine de télescopes modernes sans avoir à recourir à l’aide extérieure. Sachant qu’un seul télescope ne coûte même pas le prix d’un 4X4. Des 4X4 dont regorgent pourtant les rues d’Abidjan !

Une éducation classique « képlérienne » contre la politique
impériale d’aide au développement

Après les mots d’introduction d’usage, la parole a été donnée au premier panéliste, Sébastien Périmony, responsable du bureau Afrique de l’Institut Schiller, institut partenaire de l’événement. Il a présenté le travail épistémologique sur la méthode scientifique mené par le mouvement international de jeunes de Lyndon LaRouche. Pour cela, il a donné un sens du travail du père de l’astrophysique moderne, Johannes Kepler (1571-1630), qui a rendu accessible, à travers ses livres, l’évolution de toutes ses découvertes. Il a insisté auprès des élèves sur la nécessité de lire Kepler et Leibniz dans le texte et de comprendre les différentes méthodes de découverte scientifique. Tout en condamnant Aristote, pour qui : « Le monde imparfait des hommes ne leur permet pas de comprendre les causes des choses (les voix de Dieu étant impénétrables) mais juste d’observer les phénomènes avec ses perceptions sensorielles, et d’en déduire, de manière logico-déductive, des modèles géométriques. » Comme démontré par la suite à travers la méthode de Kepler, il a mis en lumière le fait qu’il « n’y a pas pire méthode scientifique que la méthode aristotélicienne. » Reprenant les animations réalisées par le mouvement de jeunes de Larouche, il a pu montrer les premiers paradoxes qui ont permis à Kepler de faire sa découverte de principe physique universel. A savoir l’équivalence des hypothèses géométriques entre les modèles de Ptolémée, de Copernic et de Tycho Brahe, pour expliquer la rétrocession de Mars. Ainsi, si les trois modèles étaient bel et bien différents, tous correspondaient pourtant parfaitement (ou presque) à ce que l’on peut observer dans le ciel !
Avec des animations et quelques citations, Sébastien Périmony a ainsi pu montrer que ni Ptolémée, ni Copernic, ni Tycho Brahe ne recherchaient les causes réelles du mouvement des planètes, mais simplement – et ce à l’aide de divers expédients tels des épicycles, des excentriques, des soleils « moyens », des équants, etc. – à préserver leurs axiomes. Quels axiomes ? Ceux selon lesquels le mouvement des planètes serait circulaire (courbure
uniforme) et se déplacerait à vitesse constante. Tout était faux. Et cela, la méthode scientifique képlerienne put le montrer, car elle cherchait non pas à décrire mais à expliquer les causes physiques du mouvement (l’attraction du soleil). Grâce à Kepler, nous savons depuis que le mouvement des planètes de notre système solaire est elliptique (non circulaire) et qu’il change en permanence (vitesse non uniforme).
C’est de cette approche touchant à l’hypothèse supérieure que les étudiants d’aujourd’hui doivent s’inspirer pour être les découvreurs de demain. Et c’est de nombreuses filières scientifiques de haut niveau que les autorités africaines doivent pouvoir les doter.

Les femmes africaines à la frontière de la connaissance

Cette situation, la seconde panéliste, Dr Marie Korsaga, l’a elle-même vécue. Elle est connue pour être la première femme astrophysicienne d’Afrique de l’Ouest. Statut qu’elle a elle-même découvert quand elle a obtenu son doctorat ! C’est ainsi qu’elle est devenue une femme qui compte dans le monde actuel. Elle a depuis participé à de nombreux événements internationaux pour promouvoir la science en Afrique, en particulier pour les jeunes étudiantes. En 2020, l’Institut Schiller a eu l’honneur de l’avoir comme oratrice à l’une de ses conférences.
Marie Korsaga a d’abord raconté comment est née sa passion : « Depuis l’enfance, je m’intéressais aux phénomènes de l’Univers, à savoir l’apparition de la vie sur Terre, les étoiles filantes et les phénomènes d’éclipse. » Or au Burkina-Faso, lors d’une éclipse de Lune, si les enfants demandent ce qu’il se passe, on leur répond que… c’est le chat qui a attrapé la Lune ! « Comment le chat a-t-il fait pour se retrouver là-haut et attraper la Lune ?! » Il faut faire beaucoup de bruit pour chasser le chat et ainsi voir réapparaître la Lune, se contentent de dire les parents… Dr Korsaga, elle, voulait en savoir plus. Passionnée et amatrice de documentaires sur la mission Apollo, elle n’imaginait pas qu’elle pourrait un jour devenir astrophysicienne : « C’était un domaine qui était non connu au Burkina ; et en plus, je n’avais jamais croisé un astrophysicien dans la vie réelle ! »
C’est seulement lors de sa licence en physique qu’elle prend l’option « astronomie ». En effet, il n’y a malheureusement pas encore de DEA en astrophysique au Burkina Faso. Avec cette option, elle commence à s’intéresser à la matière invisible, qui compose… 95 % de notre Univers. C’est alors qu’elle décide de faire une thèse de doctorat pour « aider à élucider ce mystère de l’Univers ». Pour Marie Korsaga, le fait d’être la première femme astrophysicienne d’Afrique de l’Ouest est « certes un privilège mais (…) pas flatteur, car cela montre qu’il y a encore beaucoup à faire dans la parité hommes-femmes dans le domaine scientifique. Si on prend le Burkina Faso, il y a, en plus de moi, trois autres docteurs en astrophysique. (…) Il faut donc amener les femmes à s’intéresser à la science et à l’astronomie en particulier. Comme je vois qu’il y a beaucoup de femmes dans la salle et qu’il reste encore beaucoup de mystères à élucider dans l’Univers, je vous invite à ne pas hésiter, et à venir nous aider (…) ! »
C’est seulement en 2006 qu’un programme d’astrophysique sera lancé au Burkina, a-t-elle poursuivi, et ce à la demande du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique. En 2007 est mis en place le programme d’Astrophysique au Laboratoire de Physique et de Chimie de l’Environnement (LPCE). Est alors créé un observatoire équipé d’un télescope d’enseignement.
D’autres projets dans le nord du pays devaient ou doivent voir le jour, comme la création d’un observatoire de recherche. Malheureusement la situation politique et sécuritaire du pays ne l’ont pas encore permis.

La planétologie et l’astrophysique comme moteurs de mobilisation de la jeune génération

David Baratoux, planétologue et membre de l’IRD (Institut de Recherche et de Développement) exerçant à l’Université de Cocody, a ensuite explicité le lien entre technologies spatiales et applications concrètes sur Terre :
« Vous avez ici le rover bien connu Curiosity, qui se trouve sur Mars, et qui tire avec un rayon laser sur les roches martiennes pour en déterminer la composition chimique. Cela s’appelle la technologie LIPS (Laser-Induced Breakdown Spectroscopy). Et pour envoyer un objet comme celui-là sur Mars, qui se trouve à plusieurs millions de kilomètres de la Terre, il a fallu miniaturiser une technologie (…) qui intervient aussi dans les instruments (…) portatifs de terrain, qui permettent aux géologues qui sont ici sur le terrain de savoir en quelques minutes si certains éléments sont présents dans les roches [dans le cadre de l’exploitation minière notamment]. (…) Et nous avons ici, en Côte d’Ivoire ces instruments que les doctorants utilisent à l’Université Houphouët-Boigny dans le cadre de leur recherche. »
David Baratoux a également présenté le travail de l’un de ses élèves utilisant les technologies issues du spatial. Et ce, à partir de travaux qu’il avait lui-même effectué pour établir la cartographie minéralogique de la surface de Mars, via les données spectrales visibles et proche infra-rouge – grâce à Omega, un instrument envoyé par la sonde Mars express. Cette même technologie est utilisée aujourd’hui au Niger pour lutter contre l’orpaillage clandestin. Elle permet de cartographier les rejets miniers liés à cet orpaillage, dont la cyanuration, qui fait des dégâts environnementaux importants, et ce afin d’aider les gouvernements à régulariser et encadrer cette activité économique. Pour lui : « Cette passerelle entre l’observation de la Terre et la planétologie est ce qui inspire notre vision pour préparer la jeunesse africaine à prendre part à l’aventure spatiale. »
Il a ainsi lancé de nombreuses initiatives sur le continent, dont certaines avec Maram Kaire –également présent à cette conférence –, comme en 2017 « l’initiative pour les sciences des planètes et de l’espace » auprès des jeunes, dont deux ateliers ont déjà eu lieu en Éthiopie et au Kenya. En 2018, il a participé au Sénégal à un événement d’importance mondiale : l’observation de l’occultation d’Arrokoth. L’occultation stellaire a été réalisée en préparation
d’une mission spatiale de la NASA. Une mission d’occultation stellaire consiste à observer grâce à un réseau un certain nombre de télescopes sur l’ensemble du territoire pour observer, en l’espace d’une seconde, le passage d’un astéroïde devant une étoile. Ainsi, en 2019, les experts de la NASA n’ayant pu faire le déplacement à cause de la crise, ont envoyé deux tonnes de matériel au Sénégal – soit des mois de préparation pour ne capter qu’une seule seconde. L’objectif : se doter des moyens de calculer les trajectoires des astéroïdes que veut visiter la NASA avec ses sondes et avoir des information sur la forme et la taille de ces astéroïdes !
Pour David Baratoux, il est fondamental que les jeunes chercheurs africains ne se cantonnent pas à rédiger des articles scientifiques : ils doivent également être présents sur le terrain pour le développement économique, social et culturel de leurs pays. C’est pourquoi il engage toujours ses étudiants à créer des associations pour partager leurs connaissances avec la jeunesse africaine, comme Cheikh Ahmadou Bamba Niang, chercheur et vice-président de l’Association des jeunes géologues et environnementalistes du Sénégal.
Ayant également fait le constat qu’il était difficile pour les astronomes amateurs d’avoir accès à l’information, il a lancé, avec la Société Astronomique de France (SAF) et l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA), co-fondée par Maram Kaire, le premier magazine de vulgarisation scientifique francophone : L’Astronomie Afrique (https://lastronomieafrique.com/).
Enfin M. Baratoux a présenté le projet AWA (Astronomy and planetary science in West Africa) qui a obtenu le soutien du CNRS français (Centre National de Recherche Scientifique) pour continuer les missions d’occultation sur le continent africain, l’étude des cratères d’impact météoritique, etc.
Pour lui la jeunesse africaine est prête et se passionne pour les études astronomiques et spatiales et toutes convergent vers un destin commun de l’humanité.

Maram Kaire : un astéroïde africain dans le firmament

Ancien conseiller technique au cabinet du ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation du Sénégal, chargé de la Promotion et de la vulgarisation de la culture scientifique, Il est de ces hommes dont la passion change le monde. A tel point qu’il est devenu le premier sénégalais dont le nom a été donné à un astéroïde ! Il s’agit de l’astéroïde 35462 1998 DW23. Il est également le coordonnateur des différentes missions d’occultation de la NASA au Sénégal et a reçu le grade de Chevalier dans l’Ordre National du Lion, plus haute distinction au Sénégal.
Sa passion pour l’astronomie depuis son enfance n’a d’égale que sa passion à partager ses connaissances auprès de la jeunesse de son pays. Il est ainsi le fondateur et président de l’ASPA (Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie). Cheikh Anta Diop disait déjà en son temps : « Il faut s’armer de science jusqu’aux dents » !
Pour Maram Kaire : « Parler du spatial, de l’astronomie est tellement passionnant que [cela pourrait durer] des semaines, des mois sans s’arrêter ! » Après avoir présenté une carte du ciel et quelques notions d’astronomie, il a posé LA question : « Pourquoi je vous raconte tout ça d’ailleurs, alors que nous avons des problèmes d’électricité, nous avons des problèmes d’eau potable, nous avons des problèmes pour la saison des pluies, pour l’agriculture ? Je vous en parle car ce sont les mêmes questions qui reviennent. (…) Quand vous en parlerez autour de vous, vous aurez forcément des gens en face qui vous diront : « Mais pourquoi ? Pourquoi nous parler de la vie des étoiles, pourquoi nous parler de satellites alors que nous avons des problèmes beaucoup plus urgents ? La réponse est toute simple : le moment où les Nations Unies se sont réunies autour d’une table pour réfléchir à ce qui pourrait être les véritables sources de développement et qu’elles se sont fixé les Objectifs de Développement Durable (ODD), on se rend compte que sur les 17 points [des ODD], la plupart font un appel direct ou indirect aux sciences spatiales. »
Maram Kaire a donc donné quelques exemples de ces liens avec les ODD, en particulier dans la santé et l’éducation. Par exemple c’est grâce à la méthode mise au point pour répertorier l’infinie quantité galaxies que l’on a pu répertorier l’infinie quantité d’iris, et ainsi améliorer la prise en charge des problèmes d’yeux. Il a également pris l’exemple de la télémédecine, qui permet, grâce aux satellites, de faire des interventions médicales à distance. Ainsi, à partir de l’UFR des Sciences médicales de Cocody (lieu de la conférence) l’on est potentiellement capable de soigner des malades à Yamoussoukro (à 2h30 de route d’Abidjan), ou à Dakar au Sénégal. Sur le secteur de l’éducation, le Rwanda, en partenariat avec la société OneWeb, s’est pour sa part engagé dans la création d’une constellation de satellites pour donner accès à internet aux élèves situés dans les zones les plus reculées du pays. Enfin, il a présenté les nombreux domaines qui vont se développer grâce à la science et la technologie spatiale : météorologie et climat, surveillance maritime, cadastre, sécurité, etc.
Donnons-lui le mot de fin : « Quand vous faites de l’astronomie, du spatial, vous ouvrez les portes à la coopération. (…) Je veux vous dire que le développement de ce continent, le développement de la Côte d’Ivoire, de nos différents pays, passera inévitablement par les sciences et les technologies. On ne peut pas vous dire la vérité et vous faire croire autre chose. Les Indiens ont essayé de faire tomber la pluie en dansant, c’est peut être possible !
Mais nous n’étions pas là et ne pouvons donc le garantir. Ce que nous pouvons garantir c’est que si nous misons fortement sur les sciences et les technologies, nous arriverons à faire la même chose que ces géants que l’on prend comme référence : les États-Unis, la France, la Chine, le Japon, etc. Et c’est fortement possible, c’est le même volume de cerveau qui est là. Nous pouvons le faire. Et nous n’avons pas le choix, nous devons le faire. »

Sébastien Périmony / Maëlle Mercier

Challenge One: Le premier satellite Tunisien sur orbite

Challenge One: Le premier satellite Tunisien sur orbite

La Tunisie a vécu un moment historique par le lancement du premier satellite « Challenge One ». Ce satellite 100% local a été lancé le 22 mars 2021 à 7H07 minutes (heure de Tunis), à bord de la fusée russe Soyouz-2 depuis la base de lancement «  Cosmodrome de Baïkonour,  Kazakhstan ».

La concrétisation du projet ‘’Challenge 1’’, qui a couté environ un million d’euros, a été mise en route depuis 2018 et a été assurée par une équipe des jeunes ingénieurs employés par l’entreprise tunisienne de télécommunications Telnet, et encadrés par des experts tunisiens renommée internationale dans le domaine spatial. Parmi eux, on note Mohamed Abid, ingénieur en chef adjoint en mécanique de la mission américaine Persévérance sur Mars. Cette réussite fait de la Tunisie le premier pays du Maghreb et le sixième en Afrique, à avoir son propre satellite de la conception à la réalisation, après notamment l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Ghana.

Challenge 1 est un nanosatellite du type CubeSat de masse 4 kg et a été satellisé autour de la Terre sur une orbite héliosynchrone. Sa mission principale est liée à l’Internet entre des objets en utilisant pour la première fois le protocole LoRaWAN. Ce satellite permettra de fournir une couverture internet d’une capacité de transmission de 250 kb/s sur 550 km et tentera de répondre au besoin croissant de connexion satellitaire entre les objets, vu que seulement moins de 20% de la surface du globe terrestre est connectée par le réseau internet.

À l’origine, le lancement prévu le samedi 20 mars 2021, à l’occasion du 65ème anniversaire de l’indépendance tunisienne, avait été reporté de 48 heures à cause d’un dysfonctionnement technique déclaré par l’agence spatiale russe.  Finalement, “Challenge1” a regagné son orbite avec un grand succès le lundi 22 mars, faisant ainsi le premier exemplaire d’une constellation qui comptera plus de trente satellites d’ici 2032, en partenariat avec d’autres pays africains, afin de bien exploiter commercialement cette technologie.

Le satellite contient des thermomètres ou capteurs d’humidité ou de pollution connectés et des puces de localisation, qui servent à récolter les données sélectionnées par ces appareils pour y avoir accès en temps réel, même dans une zone terrestre dépourvue de couverture internet.

Challenge 1 est considéré comme un petit pas dans le domaine de l’aérospatiale et de l’aéronautique, mais un grand pas pour la Tunisie pour rejoindre les nations spatiales. Avec ce succès, la Tunisie pourra ainsi ouvrir la porte à ses futures missions spatiales afin d’établir sa propre agence spatiale 100 % tunisienne.

 

Auteurs: Mayssa El Yazidi1, 3,4, Imen Titouhi2, Samaher Ben Hadj Slimane4, Ouissal Boughanmi4

[1] Centre d’études et d’activités spatiales « G. Colombo » – CISAS, Italie.

[2] Cite des Sciences de Tunis, Tunisie.

[3] Faculté des Sciences de Tunis, Université Tunis El Manara II, Tunisie.

[4] Association Tunisienne des Jeunes Astronomes, Tunisie

Burkina-Sat1, le premier satellite du Burkina Faso

Burkina-Sat1, le premier satellite du Burkina Faso

 

Comment utiliser le Spatial pour faire face aux défis socio-économiques du Burkina Faso ? 

Le projet de Burkina-Sat1 du nom du premier satellite du Burina Faso est un projet financé entièrement sur le budget de l’Etat Burkinabé. Burkina-Sat1 est réalisé entièrement par une équipe de burkinabé qui ont des compétences dans plusieurs domaines pour la réalisation d’un satellite. Trois grandes étapes constituent la réalisation du projet. Il s’agit de la construction de la station au sol dont la réception officielle a été faite depuis le 27 août 2020 ; la construction du cubesat lui-même qui est en cours et enfin le lancement du satellite pour sa mise en orbite. Avec la coopération internationale, le Burkina Faso peut compter sur plusieurs nations telles que le Japon, la Chine, l’Italie, etc. pour la mise en orbite de son satellite courant 2021 selon les fenêtres de lancement. 

Le satellite a pour objectifs l’amélioration pratiques culturales, l’aide à la prospection minière et à l’identification des ressources en eau souterraine, l’aide à la résilience climatique et l’amélioration de la santé. Pour un pays de savane à vocation agricole et minière, les activités ci-dessus énumérées témoignent de l’importance socio- économique de ce projet pour le Burkina Faso. Burkina-sat1 est aussi un projet à objectifs scientifiques. En effet, le satellite permettra aussi aux enseignants-chercheurs de travailler à la formation à la relève et de permettre au burkinabè de « mieux s’alimenter » et de mieux se protéger contre les aléas climatiques et autres ».Le projet Burkina Sat1 est un projet que se mène au sein du Laboratoire de Recherche en Energétique et Météorologie de l’espace (LAREME) que nous avons créé en 2014 au sein de l’Université Norbert Zongo.  De ce laboratoire, est formée une dizaine de docteurs en physique de l’espace et d’autres sont cours de formation ainsi que des étudiants en master.  Le projet Burkina-Sat1 est né depuis notre participation à la 62ème session du Comité des Nations-Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique (CUPEEA). Une rencontre qui s’est tenue à Vienne en Autriche du 12 au 21 juin 2019.De retour de ce sommet nous avons parlé du projet de construction d’un satellite au Prof. Alkassoum MAIGA, Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et de l’Innovation. Le Ministre a approuvé cette idée et a autorisé le financement des travaux. 

Pour nous, l’ambition est de répondre à la question : Comment utiliser le Spatial pour faire face aux défis socio-économiques du Burkina Faso? 

La réponse à cette question passe nécessairement par la création d’une agence spatiale afin de :

  • coordonner et définir une stratégie spatiale ; 
  • créer la synergie entre les différents acteurs du spatial au Burkina Faso ; 
  • développer des partenariats stratégiques avec des acteurs potentiels ;
  •  développer des compétences et de l’expertise pour soutenir la stratégie spatiale ; 
  • former en ingénierie spatiale dans les Universités Publiques ; 
  • élaborer un programme national de promotion et de vulgarisation des sciences spatiales. 

Il faut noter que cette préoccupation a été évoquée lors de notre entretien avec SEM Roch Marc Christian KABORE lors de l’audience du 3 septembre 2020.  Le Président du Faso a félicité mon équipe et moi-même pour la réalisation de la station au sol du Satellite avant d’affirmer son accompagnement pour l’aboutissement du projet qui va faire du Burkina Faso le premier pays d’Afrique Francophone à réaliser une telle œuvre.

Nous voudrions ici traduire toute notre reconnaissance au Chef de l’Etat Son Excellence Roch Marc Christian KABORE, au Gouvernement du Burkina Faso et au Ministre en charge de l’enseignement supérieur Prof. Alkassoum MAIGA pour tous les efforts consentis et non ménagés dans le cadre de l’accompagnent du présent projet.

Frédéric OUATTARA, Professeur Titulaire des Universités, Président de l’Université Norbert ZONGO

 

 

Lancement du premier satellite Ghanéen – GhanaSat – 1

Lancement du premier satellite Ghanéen – GhanaSat – 1

60 ans après son indépendance, le Ghana a fait un pas de géant pour rejoindre la course mondiale à l’espace en lançant son premier satellite. Le satellite surnommé GhanaSat-1 a été déployé depuis la Station spatiale internationale (ISS) dans le cadre du programme de déploiement JAXA/Kibo CubeSat le 7 juillet 2017, après le lancement réussi de SpaceX falcon 9 Cargo Launch vers l’ISS le 3 juin 2017 depuis le site de lancement Kennedy LC-39A à 21:07:38 UTC.

Sans aucun doute, le 7 juillet 2017 restera un moment historique pour le Ghana. Le satellite a été mis en orbite à une altitude d’environ 400 km et sa mission est de prendre des photos littoral du pays pour des besoins de cartographie territoriale. Le satellite a été développé et parrainé par l’Université des Nations Unies au Ghana. La vision de mettre le Ghana dans l’espace est celle du Dr Samuel H. Donkor qui est le président de l’Université. Le satellite a été conçu et développé par le Dr Benjamin Bonsu (directeur de projet), M. Joseph Quansah Neenyi Kojo-krobo et M. Ernest Teye Matey qui sont ingénieurs à l’Université des Nations Unies – Laboratoire de technologie des systèmes spatiaux (ANU-SSTL).

Après cet exploit, l’Université de toutes les nations (ANU) s’efforce toujours de faire du Ghana un concurrent important dans la course internationale à l’espace en développant davantage de projets pour favoriser le développement du pays et de l’Afrique dans son ensemble. C’est ainsi que l’université a lancé le projet de satellite de la Constellation africaine (AFCONSAT), qui a été initié en novembre 2019 et qui accueille actuellement des ingénieurs et des scientifiques de 7 pays africains différents. L’université a conclu un protocole d’accord pour développer un groupe de satellites destinés à résoudre les problèmes environnementaux en Afrique. Le projet devrait être réalisé d’ici à janvier 2022. L’ANU-SSTL est également à l’initiative pour la promotion de l’éducation en sciences spatiales dans le
pays. Grâce à ses programmes de sensibilisation, le laboratoire a touché plus de 7 000 étudiants avec des programmes pratiques de STEM (Science, Technologies, Ingénieries, Mathématiques) utilisant la technologie spatiale. L’université est ouverte aux collaborations, aux parrainages et aux partenaires
internationaux qui sont prêts à se joindre à la promotion de l’astronomie et de la technologie spatiale en Afrique.

Richard Damoah, Directeur du Space Systems and Technology Lab at All Nations University College, (ANUC), Ghana

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