Fédérer les recherches sur la météorologie de l’espace tout autour de la planète
Les écosystèmes terrestres et les activités humaines sont menacés par un large éventail de risques d’importance majeure pour la sécurité des infrastructures terrestres, des systèmes spatiaux et des vols spatiaux : activité solaire, séismes, perturbations atmosphériques et climatiques, modifications séculaires du champ géomagnétique, fluctuations du circuit électrique mondial et le réchauffement climatique actuel qui remodèle le climat de différents région du globe terrestre. Surveiller et comprendre ces risques majeurs afin de mieux prévoir et atténuer leurs effets constitue l’un des plus grands défis scientifiques et opérationnels du XXIème siècle. Ces divers risques laissent tous leurs empreintes caractéristiques sur l’ionosphère et la haute et moyenne atmosphère terrestres. Pour relever ce défi majeur, une surveillance spatio-temporelle exhaustive de ces régions de l’atmosphère sur de longues périodes est nécessaire pour comprendre les processus à l’origine de ses perturbations, et une jour les prévoir. Cette surveillance peut être assurée par un réseau d’instruments terrestres bien conçu et exploité conjointement à l’échelle mondiale, à condition que ce réseau offre une bonne couverture des latitudes, longitudes et altitudes, et soit capable de caractériser la dynamique spécifique de chaque couche atmosphérique et la diversité des sources générant des perturbations.
L’objectif du Programme international du cercle méridien (IMCP), initialement proposé par l’Académie chinoise des sciences (Liu et al., 2020, 2021), est de déployer, d’intégrer et d’exploiter un tel réseau mondial d’instruments de recherche et de surveillance. Pour une couverture complète de l’atmosphère et de l’ionosphère, une participation forte et cohérente de l’Afrique et de l’Europe le long du grand cercle méridien qui les relie (approximativement le méridien 30° E) est essentielle. Le Cercle méridien international Europe-Afrique-Pacifique (IMCP-EAP) est un projet conjoint développé par de nombreux pays, sous l’égide de l’Initiative internationale sur la météorologie de l’espace (ISWI) des Nations Unies, afin de concrétiser cette coopération scientifique ambitieuse entre l’Afrique et l’Europe en faveur de la protection d’un bien commun précieux : notre environnement spatial.
Objectifs scientifiques de l’IMCP-EAP
Les objectifs scientifiques du projet sont résumés sur la Figure 1 : l’objectif principal, qui est d’observer et comprendre les impacts des perturbations naturelles et anthropiques sur l’ionosphère et l’atmosphère moyenne et haute, peut être décliné en objectifs plus précis d’études des impacts des différentes sources de perturbations : celles qui viennent « d’en haut », c.-à-d. l’activité solaire et les perturbations du milieu interplanétaire, et celles qui viennent d’ « en bas », c’est-à-dire du Système Terre lui-même : Terre solide, océans et atmosphère.
1. Objectifs du projet : recherche scientifique et de surveillance des phénomènes à risque.
Géométrie du réseau
Pour assurer la surveillance de la diversité de ces phénomènes perturbateurs, il faut un réseau déployé autour du globe qui puisse couvrir toutes les latitudes, géographiques et géomagnétiques, assurer simultanément une bonne couverture des longitudes et des temps locaux, et donner accès aux contrastes entre l’hémisphère continental et l’hémisphère « océan » (le Pacifique pour l’essentiel). D’où le choix de déployer le réseau le long de deux Grands Cercles méridiens en quadrature (Figure 2) : un premier cercle méridien 120°E – 60°O couvrant l’Asie de l’est, l’Australie de l’ouest et les deux Amériques, et un second cercle 30°E – 150°O, couvrant l’Afrique, l’Europe centrale et le milieu du Pacifique.
Le Projet Méridien Chinois (CMP), aujourd’hui déployé avec de nombreux instruments lourds et innovants (Wang et al., 2023), est un exemple de réseau régional à haute densité consacré à la météorologie de l’espace qui couvre aussi les deux calottes polaires et sert de modèle au réseau mondial IMCP.
2. Géométrie du réseau, avec ses deux grands cercles méridiens en quadrature.
La place éminente et les atouts de l’Afrique
L’Afrique occupe une place unique et toute particulière dans le projet : elle offre la plus longue traversée continentale de l’équateur magnétique, lieu de convergence particulièrement important de beaucoup de perturbations atmosphériques et ionosphériques, et donc un terrain d’un intérêt exceptionnel pour les étudier. L’Afrique équatoriale est le site du maximum mondial de l’activité orageuse, et donc le meilleur endroit possible pour les observer et en comprendre les effets dans les plus hautes couches de l’atmosphère. L’étendue du territoire Africain offre des larges possibilités de déploiement d’instruments d’étude atmosphérique et ionosphérique.
3. quelques-uns des équipements et réseaux de météorologie de l’espace existants ou en développement en Afrique : (a) l’Observatoire de l’Oukaimeden au Maroc, dont l’interféromètre de Fabry-Perrot observe régulièrement les vents de la haute atmosphère ; (b) le radar VHF NigerBEAR au Nigeria pour l’étude des irrégularités et du transport dans l’ionosphère équatoriale, et (c) les réseaux magnétiques et (d) les récepteurs GNSS (Géolocalisation et Navigation par un Système de Satellites) qui devraient être étendus et densifiés dans le cadre du projet IMCP-EAP.
Une étude récente (Baki et al., 2023, voir Figure 3) a fait le bilan de ces infrastructures de recherche de la météorologie de l’espace. Elle offre des pistes nombreuses pour poursuivre ce déploiement et assurer à terme au continent Africain la maitrise de l’étude scientifique et de la surveillance de sa haute atmosphère. Ce déploiement peut notamment être envisagé grâce aux développements en cours dans divers laboratoires d’instruments sol performants (antennes VLF, antennes GNSS, …) et à bas coût. Pourvu que les personnels scientifiques et techniques nécessaires au projet soient formés et qu’on leur donne accès en nombre suffisant aux laboratoires qui vont le faire vivre, le projet IMCP-EAP est une opportunité majeure de développement d’activités scientifiques et spatiales en Afrique. Nous espérons qu’Africains et Européens, avec beaucoup d’autres pays dans le monde, pourront rejoindre ce projet, conduit sous l’égide de l’Initiative Internationale de Météorologie de l’Espace (ISWI) des Nations-Unies.
Frédéric Pitout(1), Michel Blanc(1), Marie Devinat(1), Olivier Le Contel(2), Christine Mazaudier(2)
IRAP (CNRS-Université Toulouse III-CNES), Toulouse, France
LPP (CNRS-Ecole Polytechnique-Sorbonne Université), Paris, France
Références :
Baki P., B. Rabiu and 25 co-authors, The Status of SpaceWeather Infrastructure and Research in Africa. Atmosphere (2023), 14, 1791. https://doi.org/10.3390/atmos14121791
Liu W., M. Blanc and 34 co-authors, Science Objectives and Observation System for the International Meridian Circle, Taikong #19, ISSI-Beijing (2020).
Liu W., M. Blanc, E. Donavan, J. Foster, M. Lester, H. Opgenoorth, L. Ren (2021), Science Objectives and Observation System for the International Meridian Circle, Science China, 2021. https://doi.org/10.1007/s11430-021-9841-8
Wang C, Xu J, Liu L, Xue X, Zhang Q, Hao Y, Chen G, Li H, Li G, Luo B, Zhu Y, Wang J. (2023). Contribution of the Chinese Meridian Project to space environment research: Highlights and perspectives. Science China Earth Sciences, 66, https://doi.org/10.1007/s11430-022-1043-3
Madagascar est souvent célébrée pour sa biodiversité unique, mais un autre trésor, bien moins connu, mérite tout autant d’attention : son ciel nocturne. Encore relativement épargnée par la pollution lumineuse, la Grande Île offre des panoramas stellaires exceptionnels, où la Voie lactée s’étale librement, visible à l’œil nu depuis de nombreuses régions rurales. Alors que le pays poursuit son développement, avec un taux d’électrification encore faible mais en progression, notamment grâce aux énergies renouvelables, préserver cette obscurité naturelle représente une opportunité rare pour le développement de l’astronomie en Afrique. Ce potentiel est d’autant plus fort que le rapport des Malgaches au ciel est profondément ancré dans l’histoire et les traditions, fruit de vagues d’influences diverses au fil des siècles.
La voie lactée depuis Majunga
Un paradis noir
Les cartes de pollution lumineuse disponibles confirment que Madagascar reste l’un des rares pays où l’on peut encore profiter d’un ciel réellement sombre. Des régions entières, comme celles autour du parc national de Kirindy Mitea ou de l’Avenue des Baobabs, sont prisées des astrophotographes et amateurs d’étoiles. Plus de 75 % de la population vit sous un ciel encore « vierge », loin de l’éclat des grandes villes, ce qui rend possible l’implantation de sites astronomiques de grande qualité. Certes, des zones urbaines comme Antananarivo ou Toamasina montrent une pollution lumineuse plus marquée, mais cela reste très localisé à l’échelle de l’île. Même certaines zones noires sur les images satellites, souvent interprétées comme des absences de lumière, peuvent offrir une excellente qualité de ciel pour l’observation.
Pollution lumineuse diffuse en 2023 (Leaflet | OpenStreetMap, NOAA, EOG, Colorado School of Mines, DarkSkyLab)
Impacts écologiques de la lumière artificielle
Si Madagascar bénéficie encore d’un ciel sombre, les menaces ne sont pas absentes. L’introduction progressive de l’éclairage artificiel dans les zones rurales pourrait perturber des écosystèmes déjà fragiles. La faune nocturne, en particulier les lémuriens, dont certains ont des rythmes de vie étroitement liés à l’alternance jour/nuit, est vulnérable. La lumière artificielle peut altérer leur comportement, leur reproduction, voire leur survie. Les insectes nocturnes, essentiels à la pollinisation, et les espèces marines côtières, sont également concernés. Préserver l’obscurité n’est donc pas qu’une question d’astronomie, c’est aussi une nécessité pour la biodiversité unique de Madagascar.
Le ciel à l’Observatoire Ecoles du Monde Madagascar
Une dynamique astronomique en plein essor :
Les conditions exceptionnelles d’obscurité à Madagascar ouvrent un champ immense pour l’observation astronomique, tant pour la recherche que pour l’éducation ou le tourisme scientifique. Des initiatives initiées par les différentes associations d’astronomie malgache comme celles de l’association Haikintana avec la mise en place de l’Observatoire Ecoles du Monde Madagascar ou encore la participation au projet international Square Kilometre Array (SKA) témoignent d’un intérêt croissant pour l’astronomie sur l’île. L’observatoire robotisé de Besely, près de Mahajanga, est un exemple de valorisation réussie d’un ciel de qualité. À travers festivals, ateliers et conférences, des efforts sont menés pour rapprocher les publics du ciel. Préserver cette obscurité, c’est assurer un avenir à ces initiatives et favoriser l’émergence d’un astrotourisme durable et porteur pour les communautés locales.
Anticiper pour mieux agir
L’accès à l’électricité est une priorité pour le développement. Toutefois, la manière dont cette électrification se fait peut avoir des conséquences directes sur la qualité du ciel nocturne. L’éclairage public mal conçu ou mal orienté pourrait rapidement dégrader la visibilité astronomique. Pourtant, des solutions simples existent : lampadaires bien dirigés, intensité lumineuse adaptée, détecteurs de mouvement… Des approches responsables, inspirées notamment des recommandations de DarkSky International, permettent de concilier éclairage utile et préservation du ciel.
Antananarivo la nuit
La pollution atmosphérique comme autre menace
Outre la lumière, la pollution de l’air affecte également l’observation du ciel. À Madagascar, les feux de brousse sont une source importante de particules fines, qui obscurcissent l’atmosphère et altèrent la qualité de la lumière stellaire perçue. Cette pollution diffuse la lumière artificielle, réduit le contraste du ciel et compromet la clarté des observations. Limiter ces feux, en favorisant des alternatives agricoles durables et des sources d’énergie domestique plus propres, contribuerait à préserver un ciel limpide, bénéfique pour l’astronomie comme pour la santé publique.
Le ciel malgache lors de la période des feux de brousse
La place du ciel dans la culture malgache
Le rapport des Malgaches au ciel ne date pas d’hier. Diverses références aux astres sont présentes dans les récits traditionnels, les pratiques agricoles et les rituels. Des figures comme le Mpanandro, astrologue traditionnel, ou des concepts comme Zanahary, le dieu céleste, illustrent l’importance du firmament dans la cosmologie locale. L’arrivée des Arabes, notamment les Antemoro, a enrichi ce patrimoine avec les manuscrits Sorabe, où les astres ont aussi leur place. Cet héritage offre une base idéale pour une valorisation culturelle du ciel à travers l’astronomie culturelle et l’astrotourisme.
Le ciel étoilé malgache depuis Antananarivo (Nicky Aina)
Conclusion
Le ciel étoilé de Madagascar est une richesse rare. Il ne s’agit pas seulement d’un atout pour l’astronomie, mais d’un élément identitaire, écologique et économique. À l’heure où les nuits noires disparaissent ailleurs, Madagascar peut encore choisir un autre chemin : celui d’un développement éclairé, respectueux de la nuit. Préserver ce ciel, c’est construire un futur où science, nature et culture dialoguent harmonieusement.
À la fin du deuxième millénaire, l’exploration de mondes situés au-delà de notre système solaire a bouleversé notre compréhension de l’Univers et stimulé un large éventail de recherches en astrophysique. Depuis la première découverte en 1995 d’une planète en orbite autour d’une étoile de la séquence principale autre que notre Soleil –une exoplanète–, ce champ d’étude est devenu l’un des domaines scientifiques les plus dynamiques. Depuis lors, diverses missions spatiales et terrestres ont été financées spécifiquement pour détecter et caractériser ces mondes exotiques, conduisant à la découverte de plus de 5500 d’entre eux à ce jour. La plupart transitent leurs étoiles hôtes : lorsqu’une planète passe devant son étoile hôte, son disque planétaire occulte une partie du disque stellaire, ce qui entraîne une baisse de sa brillance apparente. Cette baisse se nomme signal de ”transit”. Le suivi photométrique des étoiles, qui vise à surveiller la luminosité des étoiles en fonction du temps, peut détecter les signaux de transit, conduisant ainsi à la détection d’exoplanètes. C’est le principe de la méthode des transits utilisée pour détecter la plupart des exoplanètes connues à ce jour. La mission spatiale TESS, lancée par la NASA en 2018, augmente rapidement le nombre de planètes en transit avec un accent particulier sur les exoplanètes de taille comprise entre celle de la Terre et de Neptune et en orbite autour d’étoiles brillantes et proches de notre système solaire. Ce concept rend plus facile la caractérisation détaillée des paramètres physiques des planètes détectées, tels que leurs rayons et masses, ainsi que leurs atmosphères. TESS a déjà détecté des signaux de type transit pour des milliers de candidats exoplanètes. Cependant, plusieurs de ces signaux pourraient être produits par d’autres phénomènes, tels que les binaires à éclipses, ou à l’activité même des étoiles (étoiles variables). Certains signaux pourraient être aussi produits par des artefacts instrumentaux. Ainsi, ces signaux doivent encore être re-observés et analysés pour confirmer leurs origines planétaires, en utilisant des mesures photométriques de plus grande précision à partir des télescopes au sol.
Tappist Nord à l’Observatoire de l’Oukaimeden
La confirmation des signaux de transit initialement détectés par la mission a suscité l’intérêt de nombreux observatoires et astrophysiciens à travers le monde. Dans ce contexte, mes travaux de thèse se sont inscrits dans un effort international visant à observer les candidates exoplanètes en transit afin d’identifier les signaux faux positifs causées par les phénomènes susmentionnés. Dans ce cadre, j’ai utilisé les deux télescopes TRAPPIST-Nord (à l’Observatoire de L’Oukaimeden au Maroc) et TRAPPIST-Sud (à l’Observatoire de la Silla au Chili) pour le suivi photométrique des signaux de transits pour plus de 260 exoplanètes candidates. Pour la majorité de ces signaux, la signature planétaire a été confirmée !
Tappist Sud au Chili
Une grande partie de ma thèse a été aussi consacrée à l’étude des exoplanètes plus grandes que la Terre (super-Terres) et plus petites que Neptune (mini-Neptunes), afin de comprendre leur formation et leur évolution. Bien que ce type de planète soit répandu dans l’Univers, il est absent de notre Système solaire, ce qui limite notre compréhension de leur origine et de leur évolution. À cet égard, j’ai dirigé l’article de découverte de la planète TOI-1680 b (Mourad et al. 2023). Il s’agit d’une planète de type super-Terre, premièrement détectée par TESS, et validée par le télescope TRAPPIST-Nord ainsi que par de nombreux autres instruments. Elle est 1.46 fois plus grande que la Terre et se situe sur une orbite de 4.8 jours autour d’une étoile de petite taille et astronomiquement proche de notre système solaire (à 37.14 parsecs). Étant donné que toutes les planètes connues ayant un rayon similaire à celui de TOI-1680 b sont majoritairement rocheuses, cette planète est potentiellement de cette nature. Cette supposition sera confirmée par la mesure de sa masse planétaire issue des observations de vitesse radiale, une autre technique pour la détection et caractérisation des exoplanètes. J’ai également évalué son potentiel pour la caractérisation atmosphérique, où j’ai découvert qu’elle pourrait être une candidate prometteuse pour ces études avec le Télescope Spatiale James Webb (JWST), d’autant plus que ce système se trouve à proximité de la zone d’observation continue de JWST. J’ai également dirigé un autre article présentant la découverte de deux autres super-Terres: TOI-6002 b et TOI-5713 b (Mourad et al. 2024). Les deux planètes sont de types super-Terre et chacune en orbite de presque 10 jours autour une étoile de petite taille et astronomiquement proche de notre Soleil. Vu leurs tailles, TOI-6002 b et TOI-5713 b peuvent être soit de compositions rocheuses ou riches en eau. Au vu de leur température de surface et de leur distance respective à l’étoile, il n’est pas clair si elles ont conservé leur atmosphère ou non. Ces résultats les classent comme des cibles importantes pour déterminer leur masse via des observations de vitesse radiale.
Mourad GHACHOUI et Emmanuel Jehin à l’observatoire de l’Oukaimeden
Lorsque leurs masses seront déterminées, les planètes découvertes seront ajoutées à l’échantillon d’exoplanètes sur lequel des investigations statistiques approfondies seront menées pour comprendre comment les super-Terres et les mini-Neptunes se forment et évoluent autour des étoiles de petite taille. Ces études seront effectuées sur la base de la Vallée des Rayons (Radius Valley) –un déficit de planètes entre 1.5 et 2 rayons terrestres, séparant les super-Terres rocheuses des mini-Neptunes riches en gaz. Elle résulte probablement de la perte d’atmosphère due au rayonnement stellaire. Il est intéressant de noter que les deux planètes sont situées près du bord intérieur de la zone habitable de leurs étoiles hôtes, ce qui en fait également des cibles intéressantes pour de futures études atmosphériques visant à élargir notre compréhension de l’habitabilité potentielle autour des étoiles de petite taille et comment des planètes potentiellement habitables deviennent des planètes semblables à Vénus.
Actuellement, en tant qu’astrophysicien enseignant-chercheur à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech (Maroc) et à l’Observatoire de l’Oukaimeden, je poursuis mes efforts de recherche dans la détection et la caractérisation de ces mondes exotiques, ainsi que dans l’étude de leur histoire de formation et d’évolution.
Ghachoui, M., et al. (2024) TESS discovery of two super-Earths orbiting the M-dwarf stars TOI-6002 and TOI-5713 near the radius valley. A&A 690, A263. https://doi.org/10.1051/0004-6361/202451120
Entre mars et décembre 2024, 90 jeunes d’Albanie, Algérie, Belgique, France, Madagascar, Maroc, Sénégal et Tunisie de 11 à 18 ans, ont réalisé une cinquantaine de vidéos astronomiques. La finale internationale s’est déroulée en visio le 10 janvier 2025. Tous les lauréats de chaque pays ont gagné une lunette astronomique offerte par SSVI. La lauréate du challenge de la francophonie est Sofia Zerktouni (Maroc) et a gagné une météorite lunaire offerte par Luc Labenne.
Sofia Zerktouni (Maroc) a répondu à la question « Comment décollent les fusées »
Félicitons également aux lauréats malgaches RAFANOMEZANTSOA Julie (12 ans)- RANDRIAMIANDRISOA Nampoina (13 ans)- RAZAFIMANDIMBY Ravoniaina (14 ans) qui ont répondu à la question « Comment distinguer les étoiles des planètes »
Bravo aux lauréates Sénégalaises Kadiata Deh et Mariama Ndiaye qui ont répondu à la question « Comment fonctionne un nanosatellite »
Bravo à la lauréat tunisienne Nesrine Abdelhedi qui a répondu à la question « Comment se forment les marées? »
Et felicitations également à le lauréat algérien Mohamed Anis Benzehra qui a répondu à la question Comment les exoplanètes pourraient-elles être habitables ? » »
Une équipe de recherche Franco-Sénégalaise, menée par François Colas (CNRS) et composée de membres de l’Université Numérique Cheikh Hane (UNHCK), de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a installé entre 2022 et 2024 les premières caméras d’observation du ciel qui font partie d’un réseau mondial de surveillance des météores. Ce réseau est dénommé avec l’acronyme FRIPON qui signifie « Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network » (Réseau d’observation et de récupération des bolides interplanétaires). La partie Sénégalaise de ce réseau, déjà composée de 7 caméras, se nomme Asamaan, ce qui signifie Ciel en Wolof.
Dans le sillage de l’Initiative Africaine pour les Sciences des Planète et de l’Espace lancée fin 2017 (http://africapss.org), le Sénégal poursuit donc son aventure spatiale tous azimuts, sous l’impulsion et la vision de Maram KAIRE, Directeur de l’Agence Sénégalaise d’Etudes Spatiales, crée en 2022. La mise en place réussie de ce réseau est indissociable du succès des Espaces Numériques Ouverts (ENO) de l’UNCHK. Les ENO permettent à des milliers de jeunes Sénégalaises et Sénégalais, vivant loin de Dakar, ou des principales universités du pays, de suivre à distance des formations diplômantes. Ces bâtiments dotés d’une infrastructure numérique performante forment un maillage sur le territoire du Sénégal idéal pour le déploiement de capteurs scientifiques tels que les caméras du réseau Asamaan.
A quoi sert le réseau FRIPON, et pourquoi son extension au Sénégal (Asamaan) est importante ? Le réseau FRIPON a pour objectif la détection des météores et la recherche de nouvelles chutes de météorites. Il a pour but de répondre aux questions suivantes : Quelle quantité de matière interplanétaire tombe sur la Terre ? D’où viennent ces objets ? Quelle est leur origine ? Quels sont leurs corps parents ? Initié en France en 2013, son extension à d’autres pays a pour but d’atteindre une description toujours plus complète de la matière interplanétaire tombant sur la Terre pour une gamme de tailles de 1 cm à 1 mètre. Le Sénégal offre une opportunité de compléter les capacités de surveillance du réseau vers le ciel de l’hémisphère sud, où le manque de données est important (Fig. 1).
1. Carte des radiants des météores observés pour des tailles centimétriques à métriques par le réseau FRIPON (2016-2022, 7300 objets). On constate le manque de données dans l’hémisphère sud qui sera en partie comblé par le réseau Asamaan.
Le réseau Asamaan est actuellement composé de 7 caméras installées sur le toit des ENO de Mbour, Diourbel, Kaolack, Louga, Linguère, Saint-Louis, et Podor. Les caméras couvrent une petite moitié ouest du pays. Le réseau comptera au final au moins 16 cameras, les installations se feront en fonction de l’ouverture prévue de nouveaux ENO. La multiplication des caméras permet aussi de déterminer avec précisions les trajectoires des météores (Fig. 2, exemple de détection multiple). Le réseau a permis à ce jour plusieurs dizaines de détections (Fig. 3). L’équipe du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille, responsable du Service National d’Observation labellisé par le CNRS se charge de l’inclusion des données des caméras Sénégalaises dans la base de données globale du réseau FRIPON. Compte tenu de la surface du réseau Asamaan et du climat Sahélien on s’attend à obtenir ~400 observations par an ce qui est loin d’être négligeable comparé aux 1500 météores observés annuellement par le réseau FRIPON.
2. Exemple de détection multiple, Louga et Saint-Louis – 23/12/2024, 4h45 TU.
3. Carte des caméras installés du réseau Asamaan à ce jour superposée aux trajectoires des météores détectés par le réseau sur la période 2022 – 2024.
L’aspect le plus excitant du projet est bien sûr de retrouver des météorites après leur chute. Ceci est particulièrement important pour récupérer des météorites non altérées par l’atmosphère terrestre et qui sont dans des conditions proches de celles de l’espace pour permettre des études pétrographiques proches de celles que l’on fait pour les missions spatiales avec retour d’échantillon. A ce jour, aucune météorite enregistrée dans les collections ne provient du Sénégal. Le projet ambitionne donc d’offrir au Sénégal sa première météorite, et par la même occasion de communiquer au grand public comment ces objets nous permettent de déchiffrer nos origines. Les campagnes de recherche de météorites bénéficieront de l’expérience française du projet de science citoyenne Vigie-Ciel, et seront coordonnées par l’ASES, avec l’appui des membres de l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA).
par François COLAS (IMCCE), Salma SYLLA (UCAD), Absa GASAMA (UNCHK), David BARATOUX (IRD/GET), Pr Ousmane SALL (UNCHK)
Remerciements : Ce projet bénéficie du soutien financier de l’IRD, du CNRS, de l’UNCHK. Le membres du projet remercie également les personnels des Espaces Numériques Ouverts pour leur accueil et les moyens mis en œuvre pour faciliter l’installation et la maintenance des services d’observation. Ces caméras ont été installé lors de deux missions dédiées, la dernière ayant eu lieu en novembre 2024, avec la participation sur le terrain de F. Colas (CNRS), D. Baratoux (IRD), S. Sylla (UCAD), A. Barro (UNCKH), I. C. Ba (UNCKH) et A.O. Diallo (IRD).
L’astronomie en Afrique est en pleine expansion, et Madagascar s’inscrit désormais dans cette dynamique grâce au Kanty Astronomy Research Group (KARG), le premier groupe de recherche astronomique basé dans le pays, affiliée au South African Astronomical Observatory (SAAO) et à l’Université d’Antananarivo. Dirigé par Dr. Zara Randriamanakoto, le KARG se distingue par son approche novatrice et son engagement envers la communauté.
Objectifs et Composition
KARG vise à promouvoir l’astronomie en Afrique à travers des projets de recherche de pointe dans le domaine de l’astronomie extragalactique. Le groupe est composé d’étudiants en licence, en Master et en Doctorat, ainsi que de stagiaires de recherche à court terme, principalement basés à Madagascar et en Afrique du Sud. Financé par le National Research Foundation (NRF) et la National Geographic Society, KARG ne se contente pas de mener des recherches; il s’efforce également de créer un environnement d’équipe agréable et solidaire par le biais d’activités sociales.
Les activités du KARG à l’Akany Avoko Ambohidratrimo dans le cadre de SheMatters
Projets en Cours
Les projets de KARG sont divers et utilisent des données issues du Hubble Space Telescope de la Nasa et du radio télescope sud-africain MeerKat. Actuellement, ils explorent le cycle de vie des noyaux actifs de galaxies (AGN), cherchant notamment des types rares de radio galaxies comme les AGN redémarrées ou radio galaxies redémarrées et les Galaxies Radio Triples-Doubles (TDRGs, des radio AGN ayant subi 3 épisodes d’activités nucléaires)). Un de leurs projets récents, le Stellar Clusters in Collisional Ring Galaxies (SC2RG), s’intéresse aux questions ouvertes sur la formation stellaire des Collisional Ring Galaxies (CRGs, galaxies en anneaux en collision) via l’étude multi-longueur d’onde des jeunes amas stellaires massifs. Grâce à ces initiatives, KARG a obtenu du temps d’observation au télescope Southern African Large Telescope (SALT), soulignant ainsi leur capacité à mener des recherches de haut niveau.
A gauche : La galaxie Roue de Chariot observée dans le proche et le moyen infrarouge par le télescope spatial James Webb. A droite : Arp 147 observée par le télescope spatial Hubble.
Défis et Opportunités
Malgré les défis inhérents comme l’accès compétitif aux ressources d’observation et la supervision à distance, KARG voit dans ces obstacles des opportunités pour des découvertes significatives, notamment dans des domaines peu explorés comme l’étude des amas stellaires dans les CRGs et les TDRGs.
Engagement Communautaire et Éducation
Au-delà de la recherche, KARG s’engage profondément dans la vulgarisation scientifique, particulièrement via leur initiative SheMatters. Ce programme vise à inspirer et offrir des perspectives de carrière aux filles et jeunes femmes de l’Akany Avoko Ambohidratrimo (AAA), un foyer d’accueil pour enfants, adolescents et mères mineures souvent marginalisés, situé en périphérie de la capitale malgache. L’idée de lancer SheMatters est née du souhait d’utiliser l’astronomie à des fins pertinentes, au-delà du simple partage des merveilles de l’Univers : donner de l’espoir aux communautés défavorisées. L’initiative vise également à offrir aux membres féminins de l’équipe du KARG l’opportunité de servir de modèles et de sources d’inspiration pour les bénéficiaires. L’un des objectifs clés est de transmettre des compétences pratiques et de fournir une orientation professionnelle aux participantes afin qu’elles retrouvent confiance en elles et reconstruisent leur avenir.
Le KARG à l’Akany Avoko Ambohidratrimo dans le cadre de SheMatters
Les activités de SheMatters, menées par les coordinatrices locales, Mlle Bénite Tantely et Mlle Miora Rakototafika, avec l’aide d’étudiants bénévoles,incluent la célébration en 2024 de la Journée Internationale des Femmes et des Filles dans la Science (IDWGS, 11 février), des discussions motivantes et des orientations professionnelles données par des scientifiques féminines dans divers domaines des STEMs, des observations solaires et nocturnes ainsi que des ateliers pratiques comme la création d’artisanat, sur le thème de l’astronomie, destiné à la vente. Les participantes ont manifesté un intérêt croissant pour les sciences et la volonté d’acquérir de nouvelles compétences pour un avenir meilleur, tandis que le programme a également offert à l’équipe du KARG une précieuse opportunité de transmettre leurs connaissances et de gagner en expérience dans la conduite d’activités de sensibilisation.
Membres et stagiaires du KARG avec Dr. Zara Randriamanakoto
Conclusion
Le Kanty Astronomy Research Group représente une étape significative pour l’astronomie en Afrique, et particulièrement à Madagascar. En combinant recherche de pointe et engagement social, KARG montre que l’astronomie peut être un vecteur de changement et d’inspiration, en particulier pour les femmes dans les STEM.
par Andoniaina Rajaonarivelo, Haikintana Astronomy Association