Pour la première fois depuis sa création il y a 105 ans, l’Assemblée Générale de l’Union Astronomique Internationale (UAI) s’est tenue en Afrique, marquant une étape clé pour le continent dans le domaine de l’astronomie. Du 6 au 15 août 2024, plus de 2 500 astronomes professionnels venant de 109 pays se sont réunis au Cap, en Afrique du Sud, pour participer à ce qui est la plus grande conférence mondiale dédiée à l’astronomie.
Un programme scientifique riche et inclusif pour une large audience
Les participants à la conférence ont assisté à un programme diversifié, comprenant 6 symposiums, 12 focus meetings, ainsi qu’une multitude d’autres sessions et ateliers organisés par les bureaux, divisions et groupes de travail de l’IAU. Parmi les intervenants, Bernie Fanaroff, responsable du projet de candidature pour le Square Kilometre Array (SKA), a présenté un historique détaillé de cette grande infrastructure astronomique en Afrique du Sud, tout en mettant en lumière un programme éducatif visant à encourager les étudiants locaux à s’engager dans des carrières scientifiques. D’autres conférenciers invités ont partagé les récentes découvertes sur les exoplanètes grâce au télescope spatial James Webb (JWST), ainsi que des avancées majeures en cosmologie, comme les simulations hydrodynamiques cosmologiques.
Cette édition de l’Assemblée Générale s’est démarquée par plusieurs initiatives novatrices, notamment l’ouverture de certaines sessions au grand public. Grâce à cette démarche, de nombreuses conférences ont été diffusées en direct ou en différé sur YouTube, rendant ainsi la science plus accessible à tous. Les organisateurs ont veillé à rendre les discussions inclusives et accessibles, couvrant une vaste gamme de thématiques en astronomie, instrumentation, sciences planétaires et cosmologie, ainsi que des enjeux sociétaux tels que la lutte contre la pollution lumineuse, l’astronomie pour l’équité et l’inclusion, ou encore la collaboration entre professionnels et amateurs.
Une contribution africaine remarquée
La contribution des chercheurs africains a été l’un des points forts de cette Assemblée Générale. À titre d’exemple, les chercheurs marocains ont joué un rôle clé en présidant l’organisation du symposium intitulé Planetary Science and Exoplanets in the Era of James Webb Space Telescope (IAUS393). Ils ont également co-présidé deux focus meetings : L’exploitation des télescopes optiques terrestres : une opportunité pour l’astronomie émergente en Afrique (FM1) et Le potentiel pédagogique des observatoires à distance pour les universités et les lycées (FM10). Ces exemples illustrent la participation active et croissante des chercheurs africains à l’échelle internationale.
Des figures emblématiques au rendez-vous
L’Assemblée Générale de l’UAI a accueilli des personnalités de renom, telles que Dr. Sian Proctor, première femme afro-américaine à piloter une mission spatiale lors de l’expédition Inspiration4. Elle a donné une conférence publique, suivie d’une session de questions-réponses.
Le lauréat du prix Nobel de physique 2011, Dr. Brian Schmidt, connu pour ses travaux sur l’accélération de l’expansion de l’univers, a participé à une interview diffusée lors d’une émission spéciale du podcast Cosmic Savannah, permettant au public d’en apprendre davantage sur ses découvertes révolutionnaires.
Parmi les autres événements ouverts au public, il y a eu des rencontres avec Mae Jemison, première femme afro-américaine à voyager dans l’espace, ainsi qu’une exposition d’art intitulée Cosmic Echoes, présentée par l’Observatoire Square Kilometre Array (SKAO), mêlant art et science avec des œuvres d’artistes autochtones d’Australie et d’Afrique du Sud.
Un autre moment marquant a été la projection du film Rising Star au Planétarium Iziko, qui met en lumière les télescopes SALT et MeerKAT, permettant aux visiteurs de découvrir ces instruments phares de l’astronomie africaine. En outre, de jeunes élèves ont eu la chance de poser leurs questions à l’astronaute Sunitha Williams lors d’un contact radio en direct avec la Station Spatiale Internationale.
Témoignages de chercheurs africains
De nombreux chercheurs africains ont partagé leur enthousiasme à propos de cet événement historique. Voici quelques-uns de leurs témoignages :
Dr. Salma Sylla Mbaye – Institut de Technologie Nucléaire Appliquée, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal : « L’assemblée générale (AG) de l’UAI est pour moi une expérience unique, fascinante car elle permet de rencontrer la majorité de la communauté astronome internationale évoluant dans toute la sphère de l’astronomie et de l’astrophysique. Le fait que ça se passe pour la première fois en Afrique avec un succès remarquable est une grande fierté et montre que le continent est sur la bonne trajectoire dans le développement de l’astronomie et des sciences spatiales. C’était une meilleure opportunité de participer à plusieurs activités touchant la recherche, l’éducation, la technologie et la vulgarisation dans le domaine de l’astronomie et des sciences spatiales. J’ai eu la chance de participer à un des ateliers sur le traitement des données de la mission de JWST. » Salma Sylla Mbaye a également présenté une communication intitulée : Training of Astronomy Club Leaders in Senegal : ORION Astro Lab Project.
Prof. Jamal Mimouni – Université Mentouri, Constantine, Algérie :
Voir l’Assemblée Générale se tenir en Afrique a été un moment de grande fierté pour Prof. Mimouni. L’importance de la participation africaine et le caractère innovant de l’événement étaient particulièrement marquants pour lui. « J’ai eu l’opportunité de présenter plusieurs communications », dit-il, dont l’une portait sur les actions de médiation astronomique à travers l’Afrique et une autre sur Le dramatique statut de l’Astronomie et de l’Enseignement Supérieur à Gaza et en Cisjordanie.
Prof. Zouhair Benkhaldoun – Directeur de l’Observatoire de l’Oukaimeden, Maroc : « Ce que j’ai le plus apprécié, c’est l’implication grandissante de la communauté marocaine des astronomes au sein de l’UAI. Avec 25 participants marocains présents, nous avons battu un record. Ceci étant dû à un effort particulier du LOC et de son comité « Africa » que je coordonnais moi-même pour octroyer un maximum de bourses pour les participants Africains.
Zouhair Benkhaldoun a participé à l’Assemblée Générale de l’UAI avec plusieurs casquettes. En tant que président du symposium IAUS393, il a présenté les résultats du télescope TRAPPIST Nord dans le domaine des exoplanètes, comètes et astéroïdes. Il a également été invité à donner deux autres communications : la première sur le fonctionnement en robotique et à distance de l’Observatoire de l’Oukaimeden lors du focus meeting FM1, et la seconde, dans le cadre des D days de la division C, retraçant la success story de l’observatoire comme une expérience inspirante pour d’autres pays africains. En plus de ces interventions, Prof. Benkhaldoun a activement participé aux travaux du centre IAU-CPS, en particulier sur l’impact des satellites artificiels sur les observations astronomiques. Il a également contribué aux discussions de la commission C sur la protection du ciel contre la pollution lumineuse, soulignant ainsi son engagement pour la préservation des conditions d’observation optimales.
Une Assemblée marquante
L’Assemblée Générale 2024 de l’UAI restera gravée dans l’histoire non seulement pour avoir été la première à se dérouler en Afrique, mais aussi pour avoir rassemblé des astronomes du monde entier dans une démarche de partage et d’inclusion.
Les témoignages recueillis soulignent l’importance de ce genre d’événements pour la communauté scientifique africaine et le rôle croissant que le continent joue dans l’astronomie mondiale.
La deuxième édition du Festival d’Astronomie : « Majunga sous les étoiles », qui s’est déroulée du 11 au 14 juillet 2024, a connu un succès éclatant en touchant un public plus large et varié que lors de sa première édition. Organisé par l’Alliance Française de Mahajanga en collaboration avec l’association d’astronomie Haikintana, la Société Astronomique de France (SAF) et l’Africa Initiative for Planetary and Space Sciences (AFIPS), cet événement a été l’occasion d’allier science, découverte et passion pour l’astronomie, le tout dans un cadre convivial. Grâce à la collaboration de figures de la communauté scientifique et des médias, le festival a permis de rendre le ciel étoilé de Majunga accessible à tous, des habitants des régions rurales aux étudiants universitaires.
Les enfants de l’Ecole du Monde Madagascar avec Margaux, David Baratoux, Sylvain Bouley et Jean Phillipe Uzan
Une expérience immersive sur quatre jours
Contrairement à la première édition, le festival s’est étendu sur quatre jours, avec des activités réparties entre Mahajanga et des villages voisins. Cela a permis de toucher des communautés éloignées des centres urbains, apportant la science directement aux populations locales.
Jour 1 : Ateliers et Observations avec la Forêt Retrouvée à Mangaroa
Le festival a démarré dans le village de Mangaroa, avec des ateliers interactifs pour les enfants de l’école primaire publique. Encadrés par Haikintana Astronomy, ces ateliers incluaient la fabrication de cadrans solaires, l’observation du soleil, ainsi que des jeux éducatifs sur l’astronomie et la peinture d’une jolie fresque. Les enfants de l’École du Monde ont également offert une représentation théâtrale, écrite par Jean-Philippe Uzan, sur l’astéroïde Besely.
Les activités au village de Mangaroa
La journée s’est terminée par une observation nocturne de la Voie lactée, attirant non seulement les villageois de Mangaroa, mais aussi ceux des environs.
Observation avec les villageois de Mangaroa
Jour 2 : Événements à Mahajanga
Le deuxième jour du festival s’est concentré sur Mahajanga avec une matinée d’ateliers d’astronomie à l’orphelinat de Mangarivotra, où les enfants ont participé à des activités ludiques d’observation du soleil et de fabrication de cadrans solaires, suivit par une présentation de la pièce de théâtre par les enfants de l’École du Monde.
Visite de l’orphelinat de Mangarivotra
L’après-midi, des conférences passionnantes ont été proposées à l’Université de Mahajanga par le cosmologiste Jean-Philippe Uzan et les planétologues Sylvain Bouley et David Baratoux, offrant aux étudiants de la section science et aux curieux des éléments de réponses aux grandes questions en astrophysique sur l’origine de l’univers, des planètes et de la vie. Les enfants de l’École du Monde ont à nouveau enchanté le public avec une troisième représentation. La soirée s’est conclue par une observation de la Lune au bord de la mer de Mahajanga, accompagnée de la dernière représentation théâtrale du festival.
Jean-Philippe Uzan, David Baratoux et Sylvain Bouley lors de leurs conférences sur les Grandes questions de l’astrophysique à l’Université de Majunga
Observation de la Lune au bord de la mer avec l’équipe de l’association Haikintana
Jour 3 : Inauguration du Club d’Astronomie et Concours d’Astrophotographie
Le troisième jour a été marqué par plusieurs événements majeurs. En matinée, des ateliers d’astronomie ont été proposés au public de l’Alliance Française. Jean-Philippe Uzan a ensuite lu des extraits de son nouveau livre, « L’appel de l’univers« , aux enfants présents, créant un moment d’émerveillement pour eux.
Atelier cadran solaire et observation du ciel avec l’association Haikintana; Jean-Philippe Uzan lors de la lecture d’un extrait de son livre.
L’après-midi a été marquée par l’inauguration officielle du Club d’Astronomie Haikitana de l’Alliance Française de Mahajanga. Ce club, créé en avril 2024 par l’Alliance Française de Mahajanga et l’association Haikintana, a reçu un télescope, offert par la Société Astronomique de France grâce à un concours organisé par l’émission « Autour de la question » sur RFI et notre magazine l’Astronomie Afrique, qui permettra d’organiser des observations régulières tout au long de l’année.
Mégane Raharison avec Sylvain Bouley, et la photo du ciel qu’elle avait prise.
Un autre moment clé de cette journée a été la remise du télescope à Mégane Raharison, gagnante du concours de photo du ciel organisé par l’Alliance Française de Mahajanga. Ce concours a permis aux abonnés de la page Facebook de voter pour la plus belle photo du ciel étoilé de Mahajanga.
Observation au Village touristique
En soirée, le Club d’Astronomie fraîchement inauguré a réalisé sa première observation avec le grand public au village touristique avec leur tout nouveau télescope et ceux de l’association Haikintana.
Jour 4 : Observations à Antsanitia
Pour le dernier jour, le festival s’est déplacé à Antsanitia, où des observations du soleil ont été organisées à l’Antsanitia Resort et dans l’école primaire publique du village.
Observation du soleil à l’Ecole Primaire Publique d’Antsanitia avec l’association Haikintana
En soirée, les villageois et les visiteurs de l’hôtel ont participé à une observation de la Lune, clôturant ainsi cette deuxième édition sous un très joli ciel étoilé.
Observation à l’Antsanitia Resort et au village d’Antsanitia.
Cette édition a bénéficié d’un soutien unique de la part de l’équipe de « Autour de la question » sur RFI, menée par Caroline Lachowsky, Caroline Filliette, et Thibault Baduel. Ces derniers ont suivi et documenté le festival tout au long de son déroulement, mettant en lumière les efforts déployés pour promouvoir l’astronomie à Madagascar. Leur émission du 23 juillet 2024, intitulée « Comment faire de l’astronomie à Madagascar ?« , a permis de partager l’expérience du festival avec un public international, contribuant à la visibilité croissante de cet événement scientifique et humain unique.
Le festival « Majunga sous les étoiles » s’impose ainsi non seulement comme une plateforme de vulgarisation scientifique à Madagascar, mais aussi comme un vecteur d’inspiration pour la jeunesse malgache. Le succès grandissant de cette initiative annonce une troisième édition encore plus ambitieuse en 2025!
Andoniaina Rajaonarivelo, Haikintana Astronomy et Cyprianna Iarson, Club d’astronomie AFM-Haikintana
La 4ème Conférence Annuelle de la Société Africaine d’Astronomie (AfAS-2024) s’est tenue pour la première fois au Maroc, du 14 au 20 avril 2024, à la Faculté des Sciences Semlalia de Marrakech. Organisée par l’Université Cadi Ayyad et l’Observatoire d’Oukaimeden OUCA, cette rencontre a rassemblé chercheurs, étudiants, éducateurs, et astronomes amateurs autour de sujets clés comme la recherche scientifique, la sensibilisation, la communication et l’éducation en astronomie. Ce forum dynamique visait à renforcer la collaboration entre les pays africains et la communauté astronomique mondiale tout en permettant aux participants de découvrir les dernières avancées en astronomie et de profiter du riche patrimoine culturel de Marrakech.
Cérémonie d’ouverture de la Conférence AfAS 2024 à la Faculté des Sciences Semlalia à Marrakech
Contexte et Objectifs
La conférence avait pour mission de promouvoir la recherche en astronomie et en sciences planétaires à travers l’Afrique, en partageant des études variées et en favorisant les collaborations entre pays. Elle visait également à mettre en avant les récentes avancées en astronomie africaine et leurs contributions au paysage astronomique mondial. Parmi les objectifs principaux, on comptait :
Promouvoir l’astronomie comme outil d’éducation scientifique et de sensibilisation du public.
Mettre en lumière les dernières découvertes et avancées technologiques en astronomie.
Encourager l’intégration de l’astronomie dans les politiques scientifiques régionales et nationales.
Favoriser le développement des jeunes scientifiques et astronomes, avec un accent sur l’inclusion et la diversité.
Faciliter les projets de recherche collaborative et les initiatives éducatives.
Participants et Contributions
AfAS-2024 a réuni une diversité de participants de toute l’Afrique, intégrant participation en présentiel et virtuelle. Le programme comprenait des présentations, des posters et des interventions de conférenciers invités, couvrant une large gamme de sujets. Des sessions spécialisées et des ateliers ont permis des discussions approfondies et des échanges de connaissances. La conférence a également donné la priorité à la sensibilisation, engageant les communautés à travers diverses activités et mettant en avant le travail des clubs et associations en astronomie, en particulier au Maroc.
Sessions spéciales
D’après le rapport scientifique d’AfAS-2024, la conférence comprenait 10 sessions spécialisées organisées par les sous-comités d’AfAS et les projets partenaires, chacune abordant des aspects cruciaux de l’astronomie :
Observatoire SKA : Mise à jour sur la construction des télescopes, les domaines scientifiques et la planification opérationnelle.
UAI-GA2024 : Préparation de la communauté astronomique africaine pour la prochaine Assemblée Générale, en mettant l’accent sur l’accessibilité, l’impact et la durabilité.
Collaborations Afrique-Europe : Célébration et planification des futures collaborations en matière de recherche, d’éducation, de développement de politiques et de financement.
Hackathons pour le Développement : Utilisation des hackathons pour relever les défis de développement de l’Afrique, renforcer les réseaux et former de nouveaux scientifiques.
Gestion des Interactions Communautaires : Aborder les défis de communication au sein de la communauté astronomique africaine et proposer des stratégies d’engagement.
Physique des étoiles variables : Avancées en physique stellaire, en se concentrant sur les étoiles variables et la prochaine conférence RR Lyrae et Céphéides.
Femmes en Astronomie : Mettre en lumière les réalisations et augmenter le soutien aux femmes dans l’astronomie africaine.
Sciences planétaires : Développements récents et objectif de créer une division africaine des sciences planétaires au sein d’AfAS.
Éducation en astronomie : Exploration de l’engagement des étudiants et des pratiques éducatives efficaces en astronomie.
Débris Spatiaux et Suivi des Satellites : Souligner l’importance des sciences spatiales et établir un réseau africain d’observation des satellites pour les débris spatiaux et les problèmes de suivi.
AfAS-2024 a mis en avant des avancées cruciales en astronomie africaine à travers ces sessions, soulignant les partenariats stratégiques et les progrès dans des domaines clés.
Sensibilisation et Engagement Public
Le comité de coordinateurs nationaux de la sensibilisation en astronomie auprès de l’Union Astronomique Internationale (IAU – OAO – National Outreach Coordinator, NOC) du Maroc, supervisé par Meriem Elyajouri, a organisé une série d’activités de sensibilisation publique pendant la conférence. Ces initiatives, alignées avec les activités du Bureau de l’Astronomie pour la Sensibilisation (IAU OAO) en Afrique, ont offert une vitrine globale aux efforts de NOC Maroc.
Yassine Harrati, The little Astronomer Initiative, lauréat du concours « SSVI » et « l’Astronomie Afrique
Parmi les activités marquantes :
Espaces d’exposition : Diverses associations marocaines, telles que la Fondation Atlas Dark Sky pour la protection du ciel nocturne, l’Association d’Astronomie Amateur de Marrakech (3AM), le club astro des étudiants de l’Université Cadi Ayyad HEPAC, le club astro de l’Université Al Akhawayn, ainsi que les associations Sahara et Laayoune ont présenté leurs activités. Ces espaces ont permis de démontrer la richesse et la diversité du réseau local et d’établir de nombreux échanges et partenariats.
Observations et ateliers ludiques : Des séances d’observation des étoiles et des ateliers pour écoliers ont été organisés dans les régions de Marrakech, Al Haouz et Rhamna, attirant un large public et renforçant l’esprit collaboratif de la conférence. Parmi les associations locales participantes on compte : Les membres du NOC et NAEC Maroc, l’initiative digitale SpaceChat, le petit astronome’ (gagnant de la lunette RFI, SSVI et Astronomie Afrique), Asif Astronomy Club et le planétarium Zridi.
Astronomy Street Show : Tenue sur la place Jemaa El Fna, cette initiative a attiré une foule nombreuse avec des observations à l’œil nu et aux télescopes et des récits de constellations en plusieurs langues.
Programme SpaceBus Maroc pour la Solidarité : Conçu pour soutenir les régions touchées par le séisme, ce programme a montré l’engagement du Maroc à utiliser l’astronomie comme outil de soutien communautaire et de reconstruction.
Observation du ciel sur la place Jemaa el fna
Conclusion
La conférence AfAS-2024 a illustré l’importance de la collaboration stratégique, de l’engagement innovant et de la sensibilisation communautaire. Les sessions spécialisées, les activités de sensibilisation et les initiatives de collaboration ont contribué à faire de cet événement un succès retentissant, soulignant les avancées et les contributions cruciales des scientifiques africains dans le domaine de l’astronomie. AfAS-2024 a non seulement renforcé la position de l’astronomie africaine sur la scène mondiale, mais a également inspiré une nouvelle génération de scientifiques et d’astronomes à travers ses diverses initiatives et son engagement dans la diffusion des sciences.
La 19ème édition du Festival National d’Astronomie Populaire de Constantine en Algérie s’est conclue le dimanche 28 avril. Cette édition organisée par l’Association Sirius d’Astronomie en coordination avec l’Unité de Recherche en Médiation Scientifique – CERIST qui s’est déroulée sur quatre jours (25-28 avril), a vu la participation d’associations de quelque dix wilayas (Gouvernorats) du pays et de différents pays de la région. Le public était surtout Constantinois et de quelques Wilayas avoisinantes. De plus, grâce à une opération spéciale pilotée par la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) de Constantine, étaient présents à la manifestation des groupes d’écoliers de toutes les communes (dairas) de la wilaya de Constantine qui sont venus par centaines, certains de zones défavorisées.
Le festival était parrainé par l’Union Astronomique Internationale (IAU), et le discours d’ouverture a été prononcé par sa présidente, la professeure Debra Elmegreen. Notons également le parrainage du festival par la Société Astronomique Africaine (AfAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS). Le public fut encore cette fois massivement au rendez-vous, avec la venue de milliers de visiteurs et participants aux diverses activités, au point que certains l’ont décrit comme une « invasion », quoique fort bienvenue.
Comme d’habitude, ces festivals populaires sont centrés chaque année sur un thème particulier et le thème central cette année était « Les trous noirs : Ces montres cosmiques cachés ». La présence de participants nationaux et internationaux a rendu le festival particulièrement spécial, permettant l’échange d’expériences, d’idées et de connaissances astronomiques. Le point focal du Festival comme d’habitude est la grande exposition astronomique à laquelle participe les différentes associations et clubs à travers l’Algérie exposants leurs réalisations. Un coin spécial a été réservé à une exposition pédagogique ayant trait au thème central des trous noirs ainsi que des dernières images astronomiques de ces derniers (notamment celle du trou noir de notre galaxie en lumière polarisée). Des stands liés à l’astronomie tels qu’une exposition de géologie (complet avec météorites) et celui sur un projet de base martienne dans le désert Algérien à Brézina par AtlasTell, étaient présents parmi d’autres encore. Etait également présenté le travail de terrain des astronomes amateurs Palestiniens avec une exposition de photos astronomiques prisent là-bas avant la dernière agression, exprimant ainsi dans une petite mesure notre solidarité avec le peuple Palestinien, en particulier avec Gaza.
Contrairement aux festivals précédents, le thème principal du festival a été abordé en parallèle pour différents publics : des conférences pour les astronomes amateurs et le public éclairé, des ateliers sur les trous noirs et l’astronomie en général pour un public scolaire surtout (niveau du Moyen et du lycée), et des activités pour les tout jeunes avec des sessions de dessin, la structure gonflable « Tour de Moon » (De « Tour de Moon » Festival, UK), des jeux de connaissance géographiques et autour du thème principal.
Le programme scientifique du festival fut particulièrement riche, avec une vingtaine d’interventions sur les trous noirs, l’astrophysique, les sciences spatiales et certaines activités astronomiques ciblées de par le monde. Nous mentionnerons en particulier, les conférences plénières de Roger Davis, président de la Société Astronomique Européenne (EAS), Roger Ferlet, ancien président de la Société Astronomique de France (SAF) et d’E-HOU. Les chercheurs algériens des institutions telles que l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL) et le Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG) ont également donné des conférences très bien reçues sur divers sujets. La Société Jordanienne d’Astronomie (JAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS) étaient aussi présents, tout comme les représentants de cinq institutions à travers la Tunisie, avec en vedette la « Cité des Sciences » de Tunis, et l’Association Tunisienne d’Astronomie (SAT). Nous n’oublierons pas de mentionner la participation de la Société Mauritanienne d’Astronomie, l’Université Autonome de Madrid avec notamment le professeur P. Sanchez-Blazquez, ainsi que certains astronomes très actifs d’Irak (Bagdad et Babel)… Une table ronde sur les Trous noirs très engageante a aussi été organisée à l’Université Emir Abd-el-Kader des Sciences Islamiques le vendredi après-midi avec un panel de six astrophysiciens qui ont engagés le public au cours d’un débat animé et interactif.
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Comme d’habitude, chaque festival voit l’édition d’un numéro spécial du magazine de popularisation des sciences en arabe (« Scientific Chiheb »), avec cette fois-ci la moitié du numéro (soit environ cinquante pages) consacrée aux trous noirs à différents niveaux d’exposition.
Il comportait notamment des interviews extensifs avec deux spécialistes mondiaux de la physique des trous noirs : Jean Pierre Luminet, qui a été le premier dans les années 90 à simuler l’image du disque d’accrétion entourant les trous noirs, image qui est ressortie exactement comme récemment imagée par l’EHT pour notre trou noir central, et la professeure Feryal Ozel, qui est l’une des investigatrices principales au télescope EHT. La version téléchargeable sera disponible gratuitement à partir du 28 mai au lien suivant : http://mediation.cerist.dz/chiheb
En plus du programme scientifique intensif, y compris l’observation publique au télescope, les participants inscrits au festival ont apprécié des visites guidées des sites historiques de Constantine, culminant par une vue du coucher du soleil depuis le « Monument aux Morts » surplombant la ville. La cérémonie de clôture, qui s’est tenue au magnifique auditorium de la Faculté des Arts et de la Culture de l’Université de Constantine3, le fut en beauté. Le célèbre choriste Abderahmane Bouhbila et sa chorale ont offert une performance captivante incluant un numéro de stand-up basé sur certains poèmes de Nadir Teyyar, un poète renommé au niveau national. Prof. Teyyar, mathématicien et poète était lui-même présent et a lu un émouvant poème liant les trous noirs à la tragédie en cours à Gaza. Le groupe théâtral Sirius a également impressionné le public avec leur imposante pièce intitulée « Les trous noirs : ces bêtes cachées de l’espace-temps« . La cérémonie s’est conclue par la remise de certificats de participation et l’échange de cadeaux entre participants.
Sans nul doute, ce festival fut une occasion unique pour le grand public et les jeunes d’explorer notre vaste univers et de rendre le monde énigmatique des trous noirs plus accessible. Tous attendent avec impatience le prochain Festival l’année prochaine qui en sera à sa vingtaine édition !
Jamal Mimouni, Université de Constantine 1 & CERIST
Dans le vaste et captivant domaine de l’astrophysique, ma participation aux projets d’observation LIGO/Virgo/KAGRA marque une aventure scientifique remarquable. Elle me permet de contribuer significativement à l’expansion de notre compréhension de l’univers. Ma thèse de doctorat est consacrée à l’analyse des données et au développement théorique, avec pour but de faciliter l’identification conjointe d’ondes gravitationnelles et de leurs contreparties électromagnétiques. Depuis la première détection simultanée d’une onde gravitationnelle et de sa contrepartie électromagnétique en 2017, relever ce défi demeure une priorité.
Mon apport principal réside dans l’affinement de la précision des alertes d’ondes gravitationnelles, un aspect critique pour mobiliser rapidement les réseaux de télescopes mondiaux. Cela permet de repérer les contreparties électromagnétiques liées aux phénomènes cosmiques. Pour y parvenir, j’ai contribué à la mise à jour et au développement d’outils innovants comme NMMA (Nuclear-Multi-Messenger-Astronomy) pour l’analyse multi-messager et gwemopt (Gravitational-wave Electromagnetic Optimization) pour l’optimisation de la détection électromagnétique. J’ai également travaillé sur la mise à jour de Ligo.Skymap et l’intégration de Skyportal, une plateforme collaborative pour l’astronomie du domaine temporel.
Ma participation aux simulations des cycles d’observation O4 et O5 de LIGO/Virgo/KAGRA a été particulièrement enrichissante. Elle m’a permis de fournir des estimations précieuses à la communauté astronomique, aidant ainsi à la détection des contreparties électromagnétiques des événements cosmiques. Une innovation majeure de mon projet a été l’intégration de SkyPortal avec NMMA, améliorant significativement l’analyse des événements astronomiques transitoires. Cette avancée optimise les stratégies observationnelles grâce à une analyse détaillée et en temps réel des courbes de lumière, profitant à l’ensemble de la communauté astronomique.
Un défi particulier de ma recherche est la réduction du bruit dans les signaux détectés, un élément clé pour la détection efficace des ondes gravitationnelles. Grâce à l’utilisation de l’algorithme DeepClean, j’ai réussi à éliminer divers bruits, améliorant la détection des fusions binaires compactes par le détecteur Virgo. Cette avancée représente un pas significatif vers l’amélioration de la sensibilité du détecteur.
Par ailleurs, mon intérêt pour les mystères de l’univers m’a poussé à explorer les liens entre la matière noire, en particulier les trous noirs primordiaux, et les supernovae riches en calcium. Cette ligne de recherche offre des perspectives nouvelles sur des phénomènes cosmiques encore peu compris et pourrait transformer notre compréhension des processus explosifs cosmiques et de l’évolution stellaire.
En partageant mon parcours, je souhaite mettre en lumière l’importance de mes travaux en astrophysique multi-messager et encourager d’autres étudiants, notamment en Afrique, à se lancer dans cette quête de savoir. L’astrophysique est un domaine où chaque découverte nous rapproche un peu plus des secrets de l’univers, et je suis fier de contribuer à cette exploration scientifique.
R. Weizmann Kiendrébéogo
R. Weizmann Kiendrébéogo, doctorant à l’Université Joseph Ki Zerbo à Ougadougou (Burkina Faso) et au laboratoire Artémis de l’Observatoire de la Côte d’Azur (Nice, France)
Entre mars et décembre 2023, 129 jeunes d’Albanie, Belgique, France, Liban, Madagascar, Maurice, Sénégal et Syrie de 11 à 18 ans, ont réalisé 56 vidéos astronomiques, toutes diffusées sur la chaîne youtube de la Société Astronomique de France Younivers. La finale internationale s’est déroulée en visio à Tirana en Albanie. Tous les lauréats de chaque pays ont gagné une lunette astronomique offerte par SSVI. La lauréate du challenge de la francophonie est Melvika Gajeelee (Ile Maurice) et a gagné une météorite lunaire offerte par Luc Labenne.