LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Conférence Annuelle de la Société Africaine d’Astronomie – AfAS 2024 à Marrakech, Maroc

Conférence Annuelle de la Société Africaine d’Astronomie – AfAS 2024 à Marrakech, Maroc

La 4ème Conférence Annuelle de la Société Africaine d’Astronomie (AfAS-2024) s’est tenue pour la première fois au Maroc, du 14 au 20 avril 2024, à la Faculté des Sciences Semlalia de Marrakech. Organisée par l’Université Cadi Ayyad et l’Observatoire d’Oukaimeden OUCA, cette rencontre a rassemblé chercheurs, étudiants, éducateurs, et astronomes amateurs autour de sujets clés comme la recherche scientifique, la sensibilisation, la communication et l’éducation en astronomie. Ce forum dynamique visait à renforcer la collaboration entre les pays africains et la communauté astronomique mondiale tout en permettant aux participants de découvrir les dernières avancées en astronomie et de profiter du riche patrimoine culturel de Marrakech.

Cérémonie d’ouverture de la Conférence AfAS 2024 à la Faculté des Sciences Semlalia à Marrakech

 

Contexte et Objectifs

La conférence avait pour mission de promouvoir la recherche en astronomie et en sciences planétaires à travers l’Afrique, en partageant des études variées et en favorisant les collaborations entre pays. Elle visait également à mettre en avant les récentes avancées en astronomie africaine et leurs contributions au paysage astronomique mondial. Parmi les objectifs principaux, on comptait :

  • Promouvoir l’astronomie comme outil d’éducation scientifique et de sensibilisation du public.
  • Mettre en lumière les dernières découvertes et avancées technologiques en astronomie.
  • Encourager l’intégration de l’astronomie dans les politiques scientifiques régionales et nationales.
  • Favoriser le développement des jeunes scientifiques et astronomes, avec un accent sur l’inclusion et la diversité.
  • Faciliter les projets de recherche collaborative et les initiatives éducatives.

 

 

Participants et Contributions

AfAS-2024 a réuni une diversité de participants de toute l’Afrique, intégrant participation en présentiel et virtuelle. Le programme comprenait des présentations, des posters et des interventions de conférenciers invités, couvrant une large gamme de sujets. Des sessions spécialisées et des ateliers ont permis des discussions approfondies et des échanges de connaissances. La conférence a également donné la priorité à la sensibilisation, engageant les communautés à travers diverses activités et mettant en avant le travail des clubs et associations en astronomie, en particulier au Maroc.

Sessions spéciales 

D’après le rapport scientifique d’AfAS-2024, la conférence comprenait 10 sessions spécialisées organisées par les sous-comités d’AfAS et les projets partenaires, chacune abordant des aspects cruciaux de l’astronomie :

  1. Observatoire SKA : Mise à jour sur la construction des télescopes, les domaines scientifiques et la planification opérationnelle.
  2. UAI-GA2024 : Préparation de la communauté astronomique africaine pour la prochaine Assemblée Générale, en mettant l’accent sur l’accessibilité, l’impact et la durabilité.
  3. Collaborations Afrique-Europe : Célébration et planification des futures collaborations en matière de recherche, d’éducation, de développement de politiques et de financement.
  4. Hackathons pour le Développement : Utilisation des hackathons pour relever les défis de développement de l’Afrique, renforcer les réseaux et former de nouveaux scientifiques.
  5. Gestion des Interactions Communautaires : Aborder les défis de communication au sein de la communauté astronomique africaine et proposer des stratégies d’engagement.
  6. Physique des étoiles variables : Avancées en physique stellaire, en se concentrant sur les étoiles variables et la prochaine conférence RR Lyrae et Céphéides.
  7. Femmes en Astronomie : Mettre en lumière les réalisations et augmenter le soutien aux femmes dans l’astronomie africaine.
  8. Sciences planétaires : Développements récents et objectif de créer une division africaine des sciences planétaires au sein d’AfAS.
  9. Éducation en astronomie : Exploration de l’engagement des étudiants et des pratiques éducatives efficaces en astronomie.
  10. Débris Spatiaux et Suivi des Satellites : Souligner l’importance des sciences spatiales et établir un réseau africain d’observation des satellites pour les débris spatiaux et les problèmes de suivi.

AfAS-2024 a mis en avant des avancées cruciales en astronomie africaine à travers ces sessions, soulignant les partenariats stratégiques et les progrès dans des domaines clés.

 

 

Sensibilisation et Engagement Public

Le comité de coordinateurs nationaux de la sensibilisation en astronomie auprès de l’Union Astronomique Internationale (IAU – OAO – National Outreach Coordinator, NOC) du Maroc, supervisé par Meriem Elyajouri, a organisé une série d’activités de sensibilisation publique pendant la conférence. Ces initiatives, alignées avec les activités du Bureau de l’Astronomie pour la Sensibilisation  (IAU OAO) en Afrique, ont offert une vitrine globale aux efforts de NOC Maroc.

 

Yassine Harrati, The little Astronomer Initiative, lauréat du concours « SSVI » et « l’Astronomie Afrique

 

Parmi les activités marquantes :

  • Espaces d’exposition : Diverses associations marocaines, telles que la Fondation Atlas Dark Sky pour la protection du ciel nocturne, l’Association d’Astronomie Amateur de Marrakech (3AM), le club astro des étudiants de l’Université Cadi Ayyad HEPAC, le club astro de l’Université Al Akhawayn, ainsi que les associations Sahara et Laayoune ont présenté leurs activités. Ces espaces ont permis de démontrer la richesse et la diversité du réseau local et d’établir de nombreux échanges et partenariats.
  • Observations et ateliers ludiques : Des séances d’observation des étoiles et des ateliers pour écoliers ont été organisés dans les régions de Marrakech, Al Haouz et Rhamna, attirant un large public et renforçant l’esprit collaboratif de la conférence. Parmi les associations locales participantes on compte : Les membres du NOC et NAEC Maroc, l’initiative digitale SpaceChat, le petit astronome’ (gagnant de la lunette RFI, SSVI et Astronomie Afrique), Asif Astronomy Club et le planétarium Zridi. 
  • Astronomy Street Show : Tenue sur la place Jemaa El Fna, cette initiative a attiré une foule nombreuse avec des observations à l’œil nu et aux télescopes et des récits de constellations en plusieurs langues.
  • Programme SpaceBus Maroc pour la Solidarité : Conçu pour soutenir les régions touchées par le séisme, ce programme a montré l’engagement du Maroc à utiliser l’astronomie comme outil de soutien communautaire et de reconstruction. 

 

Observation du ciel sur la place Jemaa el fna

 

Conclusion

La conférence AfAS-2024 a illustré l’importance de la collaboration stratégique, de l’engagement innovant et de la sensibilisation communautaire. Les sessions spécialisées, les activités de sensibilisation et les initiatives de collaboration ont contribué à faire de cet événement un succès retentissant, soulignant les avancées et les contributions cruciales des scientifiques africains dans le domaine de l’astronomie. AfAS-2024 a non seulement renforcé la position de l’astronomie africaine sur la scène mondiale, mais a également inspiré une nouvelle génération de scientifiques et d’astronomes à travers ses diverses initiatives et son engagement dans la diffusion des sciences.

 

par Kaoutar Saadi et Meriem Elyajouri

      

 

Trous Noirs et Culture Astronomique au Festival National d’Astronomie Populaire  de Constantine

Trous Noirs et Culture Astronomique au Festival National d’Astronomie Populaire de Constantine

La 19ème édition du Festival National d’Astronomie Populaire de Constantine en Algérie s’est conclue le dimanche 28 avril. Cette édition organisée par l’Association Sirius d’Astronomie en coordination avec l’Unité de Recherche en Médiation Scientifique – CERIST qui s’est déroulée sur quatre jours (25-28 avril), a vu la participation d’associations de quelque dix wilayas (Gouvernorats) du pays et de différents pays de la région. Le public était surtout Constantinois et de quelques Wilayas avoisinantes. De plus, grâce à une opération spéciale pilotée par la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) de Constantine, étaient présents à la manifestation des groupes d’écoliers de toutes les communes (dairas) de la wilaya de Constantine qui sont venus par centaines, certains de zones défavorisées.

Le festival était parrainé par l’Union Astronomique Internationale (IAU), et le discours d’ouverture a été prononcé par sa présidente, la professeure Debra Elmegreen. Notons également le parrainage du festival par la Société Astronomique Africaine (AfAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS). Le public fut encore cette fois massivement au rendez-vous, avec la venue de milliers de visiteurs et participants aux diverses activités, au point que certains l’ont décrit comme une « invasion », quoique fort bienvenue.

Comme d’habitude, ces festivals populaires sont centrés chaque année sur un thème particulier et le thème central cette année était « Les trous noirs : Ces montres cosmiques cachés ». La présence de participants nationaux et internationaux a rendu le festival particulièrement spécial, permettant l’échange d’expériences, d’idées et de connaissances astronomiques. Le point focal du Festival comme d’habitude est la grande exposition astronomique à laquelle participe les différentes associations et clubs à travers l’Algérie exposants leurs réalisations. Un coin spécial a été réservé à une exposition pédagogique ayant trait au thème central des trous noirs ainsi que des dernières images astronomiques de ces derniers (notamment celle du trou noir de notre galaxie en lumière polarisée).  Des stands liés à l’astronomie tels qu’une exposition de géologie (complet avec météorites) et celui sur un projet de base martienne dans le désert Algérien à Brézina par AtlasTell, étaient présents parmi d’autres encore. Etait également présenté le travail de terrain des astronomes amateurs Palestiniens avec une exposition de photos astronomiques prisent là-bas avant la dernière agression, exprimant ainsi dans une petite mesure notre solidarité avec le peuple Palestinien, en particulier avec Gaza.

Contrairement aux festivals précédents, le thème principal du festival a été abordé en parallèle pour différents publics :  des conférences pour les astronomes amateurs et le public éclairé, des ateliers sur les trous noirs et l’astronomie en général pour un public scolaire surtout (niveau du Moyen et du lycée), et des activités pour les tout  jeunes avec des sessions de dessin, la structure gonflable « Tour de  Moon » (De « Tour de Moon » Festival, UK), des jeux de connaissance géographiques et autour du thème principal.

Le programme scientifique du festival fut particulièrement riche, avec une vingtaine d’interventions sur les trous noirs, l’astrophysique, les sciences spatiales et certaines activités astronomiques ciblées de par le monde. Nous mentionnerons en particulier, les conférences plénières de Roger Davis, président de la Société Astronomique Européenne (EAS), Roger Ferlet, ancien président de la Société Astronomique de France (SAF) et d’E-HOU. Les chercheurs algériens des institutions telles que l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL) et le Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG) ont également donné des conférences très bien reçues sur divers sujets. La Société Jordanienne d’Astronomie (JAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS) étaient aussi présents, tout comme les représentants de cinq institutions à travers la Tunisie, avec en vedette  la « Cité des Sciences » de Tunis, et l’Association Tunisienne d’Astronomie (SAT). Nous n’oublierons pas de mentionner la participation de la Société Mauritanienne d’Astronomie, l’Université Autonome de Madrid avec notamment le professeur P. Sanchez-Blazquez, ainsi que certains astronomes très actifs d’Irak (Bagdad et Babel)… Une table ronde sur les Trous noirs très engageante a aussi été organisée  à l’Université Emir Abd-el-Kader des Sciences Islamiques le vendredi après-midi avec un panel de six astrophysiciens qui ont engagés le public au cours d’un débat animé et interactif.

Screenshot

Comme d’habitude, chaque festival voit l’édition d’un numéro spécial du magazine de popularisation des sciences en arabe (« Scientific Chiheb »), avec cette fois-ci la moitié du numéro (soit environ cinquante pages) consacrée aux trous noirs à différents niveaux d’exposition.

Il comportait notamment des interviews extensifs avec deux spécialistes mondiaux de la physique des trous noirs : Jean Pierre Luminet, qui a été le premier dans les années 90 à simuler l’image du disque d’accrétion entourant les trous noirs, image qui est ressortie exactement comme récemment imagée par l’EHT pour notre trou noir central, et la professeure Feryal Ozel, qui est l’une des investigatrices principales au télescope EHT. La version téléchargeable sera disponible  gratuitement à partir du 28 mai au lien suivant : http://mediation.cerist.dz/chiheb

En plus du programme scientifique intensif, y compris l’observation publique au télescope, les participants inscrits au festival ont apprécié des visites guidées des sites historiques de Constantine, culminant par une vue du  coucher du soleil depuis le « Monument aux Morts » surplombant la ville. La cérémonie de clôture, qui s’est tenue au magnifique auditorium de la Faculté des Arts et de la Culture de l’Université de Constantine3, le fut en beauté. Le célèbre choriste Abderahmane Bouhbila et sa chorale ont offert une performance captivante incluant un numéro de stand-up basé sur certains poèmes de Nadir Teyyar, un poète renommé au niveau national. Prof. Teyyar, mathématicien et poète était lui-même présent et a lu un émouvant poème liant les trous noirs à la tragédie en cours à Gaza. Le groupe théâtral Sirius a également impressionné le public avec leur imposante pièce intitulée « Les trous noirs : ces bêtes cachées de l’espace-temps« . La cérémonie s’est conclue par la remise de certificats de participation et l’échange de cadeaux entre participants.

Sans nul doute, ce festival fut une occasion unique pour le grand public et les jeunes d’explorer notre vaste univers et de rendre le monde énigmatique des trous noirs plus accessible. Tous attendent avec impatience le prochain Festival l’année prochaine qui en sera à sa vingtaine édition !

Jamal Mimouni, Université de Constantine 1 & CERIST

http://www.siriusalgeria.net/salon024.htm

Histoire de l’Observatoire Royal de Tananarive

Histoire de l’Observatoire Royal de Tananarive

Perché sur les hauteurs d’Ambohidempona, l’Institut et Observatoire de Géophysique d’Antananarivo (IOGA), anciennement connu sous le nom d’Observatoire Royal de Tananarive, se dresse tel un gardien silencieux de l’histoire scientifique de Madagascar.

L’observatoire royale de Tananarive en 1889

 

En 1887, au lendemain de la première guerre franco-malgache, l’idée de fonder un observatoire à Antananarivo naquit de la vision partagée du résident général de Madagascar, M. le Myre de Vilers, du vicaire apostolique, Mgr Cazet, et du R.P. Michel, supérieur provincial de Toulouse, en mission dans le pays. Ce projet, motivé par l’intérêt français, visait à établir une présence scientifique solide dans la région en se consacrant à des travaux météorologiques, astronomiques, magnétiques.

Le Père Elie Colin, désigné pour concevoir et diriger l’observatoire, choisit d’Ambohidempona pour abriter l’observatoire. Cette colline fut  cédée par le premier ministre Rainilaiarivony et en contrepartie, l’observatoire sera baptisé « Observatoire royal ». Situé à une altitude de 1402 m au-dessus du niveau de la mer, il figurait parmi les observatoires les plus hauts de son époque fut l’un des plus grands conçu par les Jésuites en Afrique.

Les bâtiments, achevés en 1889, se déploient en “T” avec un octogone central de 8 mètres de diamètre au dessus duquel s’élève une grande coupole surmonté d’une boule, servant de point géodésique et de signal pour l’heure, de 1 mètre de diamètre. Une gamme d’instruments, provenant d’Europe, étaient réparties dans ces différentes branches et tours. On y trouvait un anémomètre,  des héliographes brûleur et photographique, des actinomètres et actinographe, ainsi qu’une lunette méridienne Brunner et une lunette équatoriale Eichen de 20 cm de diamètre. L’obtention de ces dernières a été possible grâce à l’aide de l’amiral Mouchez, directeur de l’Observatoire de Paris à l’époque. Le transport de cette lunette équatoriale marqua un moment mémorable de l’histoire. Son périple jusqu’à Tananarive fut ponctué d’anecdotes, notamment lorsque des porteurs malgaches, méfiants, découvrirent ce qu’ils crurent être un canon dans les caisses et les jetèrent dans la forêt . Heureusement, grâce à l’intervention du résident général Bompard, la lunette fut sauvegardée et installée à l’observatoire.

La lunette de l’observatoire sous la coupole de 5 mètres

 

Les premières années furent fertiles en découvertes, notamment avec l’observation du transit de Mercure devant le soleil en 1891, réalisées par le Père Colin. L’observatoire devint également un acteur majeur dans la cartographie de l’île, contribuant aux premières mesures géodésiques et à la triangulation de la région d’Imerina. D’ailleurs, le R.P. Colin et son collègue, le R.P. Roblet, obtiennent le Prix Herbet Fournet, en 1898 pour ces travaux de cartographie de l’Imerina.

Cependant, les relations franco-malgaches se détériorèrent, menant au départ des Jésuites et à la destruction de l’observatoire en 1895. Durant les hostilités, la plupart des instruments astronomiques furent emportés, cachés ou détruits.

L’observatoire détruit en 1895

 

Le R.P. Colin revient à Madagascar, lors de son annexion par la France, en 1896. Son retour marqua le début de la reconstruction, mais les ressources limitées et les contraintes  géographiques freinèrent les ambitions. Les constructeurs investissent alors pour une coupole en acier de 5 mètres de diamètre, destinée à recevoir  l’équatoriale. Elle est posée au début d’août 1899, les autres instruments réinstallées, l’observatoire est à nouveau en état de marche et fut réinauguré en 1902.

L’observatoire après sa reconstruction, entre 1920-1940

 

Les travaux scientifiques reprennent même si le budget n’est plus le même. L’observatoire s’assure toujours du service météorologique, de la mesure du temps et du magnétisme terrestre. Il prend aussi part au réseau sismique colonial et enregistre grâce à deux séismographes,  100 à 200 tremblements de terre par an. Et grâce à leur situation géographique autorise  la surveillance efficace de l’Océan Indien, des îles de la Sonde aux Kerguelen  et de l’Afrique orientale de l’Abyssinie jusqu’au Cap de Bonne Espérance. La publication des  résultats météorologiques et sismographiques sous forme de bulletins mensuels est pris en charge par l’imprimerie coloniale à compter des années vingt et est adressé pour échange à environ cent cinquante bibliothèques, instituts ou observatoires.

 

En 1923, Charles Poisson, un ancien officier de la Marine française ayant participé à la Première Guerre mondiale, succède au R.P. Colin . Il poursuit les travaux entrepris par ses prédécesseurs, en particulier dans l’étude des cyclones tropicaux. En 1927, après qu’un cyclone eut causé d’importants dégâts, Poisson est officiellement désigné par l’administration coloniale française en tant que Directeur technique de la météorologie à Madagascar. De 1903 à 1943, l’Observatoire de Tananarive était officiellement chargé par le gouvernement colonial de prévoir l’arrivée des cyclones à Madagascar. Ce service, ainsi que le service de l’heure, étaient les seuls à bénéficier d’un soutien financier de la part des autorités coloniales. Cependant, faute de moyens financiers adéquats, l’observatoire n’était pas en mesure de moderniser ses instruments ni de les renouveler, ce qui limitait son travail à la simple observation. Ce manque de fonds, associé à un manque de personnel et l’arrivé de l’indépendance du pays en 1960, précipitait l’institution à son déclin.

Vue aérienne de l’observatoire actuellement

 

En 1967, les Jésuites cédèrent l’observatoire à l’Université d’Antananarivo. Aujourd’hui, sous le nom d’Institut et Observatoire de Géophysique d’Antananarivo, l’institution reste un pilier de la recherche scientifique nationale et internationale, s’engageant dans des domaines variés tels que la sismologie, la géomagnétisme, et les géosciences.

 

Étudiant malgache dans le cadre du Development in Africa with Radio Astronomie

 

À travers les décennies, l’observatoire a évolué, s’adaptant aux avancées technologiques tout en préservant son héritage scientifique. Et 135 ans plus tard, même si l’IOGA ne se consacre plus à la recherche en astronomie, il accueille encore des événements, des ateliers, des formations en astronomie ainsi que des visiteurs intéressés par cette science.

par Andoniaina Rajaonarivelo, président d’Haikintana

 

Site internet de l’observatoire : http://ioga.univ-antananarivo.mg/

 

 

 

Les sciences spatiales en Côte d’Ivoire : ça bouge !

Les sciences spatiales en Côte d’Ivoire : ça bouge !

La côte d’Ivoire possède des atouts considérables pour contribuer au développement du spatial africain, et à son utilisation pour des applications utiles aux citoyens. Depuis quelques années, les initiatives se multiplient à différents niveaux, et montre le dynamisme d’une communauté d’acteurs scientifiques, d’ingénieurs, et d’industriels pour faire entrer la Côte d’Ivoire dans l’ère du Spatial.

1. Photo de groupe lors de la séance d’observation du ciel au Lycée Blaise Pascal, dans le cadre des journées sur le spatial, en présence de M. Philippe Achilléas, Professeur de Droit Spatial à l’Université Paris-Saclay, et M. Bard, Proviseur du Lycée Blaise Pascal.

 

La côte d’Ivoire possède des infrastructures de recherche reconnues pour leur activité dans ce domaine. Elle possède une prestigieuse école d’ingénieur, l’Institut National Polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB), qui sera l’institution naturelle pour la formation des ingénieurs du spatial. Le Centre Universitaire de Recherche Appliquée en Télédétection (CURAT) sur le Campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny est impliqué dans de nombreux programmes de recherche et d’observation de la Terre depuis l’espace, sur des sujets tels que le climat, l’évolution du littoral, les inondations et aléas climatiques, l’agriculture, l’environnement, la déforestation, et les ressources naturelles. L’Université Félix Houphouët-Boigny abrite également un laboratoire de recherche dont l’un des spécialités est la géophysique spatiale : Le Laboratoire de Physique de l’Atmosphère et de Mécanique des Fluides LAPA-MF. Ce laboratoire abrite même le premier chercheur en astrophysique de Côte d’Ivoire, spécialiste des galaxies, et formé en Afrique du Sud. C’est également au sein de ce laboratoire qu’est né l’Association Ivoirienne d’Astronomie (AIA) qui a déjà construit un solide bilan d’activités de promotion scientifique sur Abidjan, et à l’intérieur du pays (observations publiques régulières du ciel sur le campus de Cocody, et la réalisation récente de l’évènement « Astro Tour Ivoire », avec le concours de Space Bus France, de l’IRD (AFIPS), et d’Unistellar) (cf. https://www.ird.fr/astrotour-lastronomie-pour-toutes-en-cote-divoire).

C’est en s’appuyant sur ce contexte favorable que s’est tenu en 2021 une conférence sur le thème « L’Afrique entre dans l’ère du spatial : cas de la Côte d’Ivoire », organisée par l’Association pour la Sauvegarde et la Promotion de la Pensée de El Hadj-Boubacar Gamby Sakho (ASPP-BGS), avec le soutien de avec le soutien  du  ministère de l’Enseignement Supérieur  et de la Recherche Scientifique  et en partenariat avec la Fondation Félix Houphouët-Boigny,  pour la Recherche de la Paix, le district de Yamoussoukro et l’Institut National Polytechnique Houphouët-Boigny (INPHB). Cette conférence, s’est tenue à l’Université Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody, dans l’amphithéâtre Koffi Allangba, devant environ 200 étudiants et sous le parrainage de Monsieur le Député de Yamoussoukro, Ahuili Naylor. Elle réunit panel réunissant des personnalités scientifiques et politiques partageant leurs visions respectives les bénéfices économiques et sociétaux de développement du secteur spatial africain. Ce panel était composé de Maram Kaire, Directeur de l’Agence Sénégalaise d’Etudes Spatiales, Marie Korsaga, première Astrophysicienne du Burkina Faso, Sébastien Périmony (France), auteur du livre « Voir l’Afrique avec les yeux du Futur » et David Baratoux, Directeur de Recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement.

2. Intervention de David Baratoux sur les recherches en sciences des planètes et de l’Espace sur le continent Africain.

 

En 2023, Abidjan a vibré au rythme de la « New Space Africa Conference », l’événement incontournable qui a réuni les plus grands noms du spatial en Afrique, mettant en lumière le tout premier satellite « made in Côte d’Ivoire ». Baptisé YAM-SAT-01, ce nanosatellite révolutionnaire, pesant seulement quelques kilogrammes, promet une observation de la Terre sans précédent, avec une caméra capable de capturer des images spectaculaires de la côte, des forêts, des parcs naturels et des zones urbaines ivoiriennes. C’est une fierté nationale, entièrement construite par des experts ivoiriens d’Universal Konstructors Associated, en collaboration avec des partenaires académiques locaux.

Pendant ce temps, le ciel était le sujet brûlant lors des « journées du spatial » au Lycée Français Blaise Pascal d’Abidjan. Les élèves de terminale ont été captivés par les interventions dynamiques du Professeur Philippe Achilléas de l’Université Paris-Saclay, spécialiste du droit spatial, ainsi que par le témoignage inspirant d’un ancien élève, aujourd’hui étudiant en droit des activités spatiales à Paris-Saclay. Cet événement a également été marqué par la présentation passionnante du Dr. Boukary OUATTARA de 3D PLUS et consultant pour  UKA, et de m. YAO YAO Jules, dévoilant le programme spatial ivoirien et ses avantages pour le pays. De plus, David Baratoux a partagé des histoires à succès sur les avancées du secteur spatial africain, offrant une perspective optimiste sur l’avenir de la région dans l’espace.

La première journée s’est clôturée de manière magique avec une séance d’observation du ciel grâce aux télescopes de l’Association Ivoirienne d’Astronomie, émerveillant les élèves et les professeurs du Lycée Blaise Pascal. Cet engouement pour l’astronomie a été renforcé par l’inauguration du tout nouveau Club d’Astronomie Philippe Achilléas, bénéficiant d’un généreux don de télescope de l’ASPP-BGS dans le cadre de son programme « Une école, un télescope ».

En 2024, l’excitation continue avec la deuxième phase de ce programme, prévoyant la remise de 4 nouveaux télescopes et la création de 4 nouveaux clubs d’astronomie dans des lycées d’excellence, sous l’égide de deux ministères. C’est une opportunité fantastique pour les jeunes ivoiriens de se plonger dans l’univers captivant de l’astronomie et des sciences spatiales.

 

par Boubacar FOFANA, Marc Fortune YAO, Aziz DIABY, David BARATOUX

 

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