par Sylvain Bouley | Juil 26, 2024 | Sur le Terrain

Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique :
Je m’appelle Charles Andriatomanga Ratsifaritana, j’ai une maitrise en physique chimie, sortant de l’université d’Antananarivo. Ensuite j’ai fait un master en Science à New York et enfin j’ai fait mon PhD à l’university of connecticut en « Physique théorique, physique de la matière condensée », sous le tutorat du Pr. Paul Klemens. En étant aux Etats-Unis, j’ai également pris des cours d’astronomie.
Parlez-nous maintenant de vos activités astronomiques, par où vous avez commencé, comment cela se présente actuellement et le lien avec le projet SKA :
A la fin de mes études, dans les années 90, je suis rentré à Madagascar pour monter un projet d’observatoire, l’actuel ASTRO Ankadiefajoro. J’étais pratiquement le seul astronome sur place. L’observatoire ASTRO faisait fonction de centre de médiation scientifique avec une concentration sur l’astronomie. L’observatoire est équipé de plusieurs télescopes dont un Dobson de 42 cm de diamètre. Il possède des pavillons scientifiques parlant de cosmologie, physique des particules, etc. Depuis son ouverture, il accueille 500 à 1000 visiteurs par an.
Nous avions également organisé, avec le gouvernement la sensibilisation de la population Malgache quant à l’éclipse de 2016. 7 millions de lunettes d’éclipse ont été distribué à cette occasion.
Parlons maintenant du projet SKA, pouvez-vous nous raconter les débuts du projet à Madagascar ainsi que ses objectifs ?
En 2017, j’ai été nommé coordinateur national du projet African VLBI Network (AVN) / SKA à Madagascar par le ministère de la recherche scientifique.
Nous avons ensuite eu l’autorisation de Telma Madagascar sur l’utilisation de l’antenne de STIMAD (Société de Télécommunications à Madagascar) situé à Arivonimamo, dans le cadre du projet. Elle fait un diamètre de 32 m et elle nous est donnée gracieusement pat Telma pendant 30 ans.
Actuellement, nous nous focalisons sur la réhabilitation de l’antenne pour qu’elle soit adaptée à faire de l’interférométrie en radioastronomie. L’antenne travaillera en relais avec l’Afrique du Sud.
Par ailleurs, il est prévu que le projet inclut la création d’un centre de recherche spatiale de Madagascar, la « National Radioastronomy Observatory (NRAO) ». Il se trouve à 45 km de la capitale, à Arivonimamo.

Quels étaient les problématiques que vous aviez fait face ?
L’instabilité politique à Madagascar a créé beaucoup de lenteur quant à l’avancement des travaux. Le changement de gouvernement fréquent rend difficile l’adhérence du ministère au projet.
Où est-ce qu’on en est actuellement sur ce projet et quelles sont les prochaines étapes ?
Depuis cette année 2024, l’université d’Antananarivo a pris le relais quant à la gestion du projet SKA, dont une prise de contact avec l’académie des arts et des sciences en Chine, par l’intermédiaire de l’université Confucius qui sont intéressés sur le projet. On a également formé 7 jeunes doctorants en radioastronomie sortant de l’Afrique du Sud pour prendre la relève sur la gestion du site.
Nous sommes optimistes quant à l’avancement des travaux. D’ici à la fin de l’année, nous aurons des retombées à la suite de ces nouveaux partenariats et modes de gestion établis.
par Sylvain Bouley | Avr 11, 2024 | Sur le Terrain
Nous vous proposons dans cet article de partir à la rencontre de Taha Shisseh, qui a obtenu il y a quelques mois son doctorat en planétologie à l’Université Hassan II de Casablanca, dans le cadre d’une collaboration internationale entre le Maroc, la France et les États-Unis. Nous découvrirons son parcours, source d’inspiration pour les jeunes scientifiques africains. Au-delà de ces travaux scientifiques sur certaines météorites issus de l’astéroïde Vesta, Taha s’engage à fond pour rendre les sciences de l’espace et l’astronomie accessibles au plus grand nombre. Passionné depuis son enfance par l’astronomie, il nous fait aujourd’hui partager sa passion au travers d’une nouvelle initiative appelé « Space Chat ». Des contenus vivants, clairs et précis pour s’initier aux sciences de l’Univers, et susciter de nouvelles vocations sur le continent African, et au-delà !

Taha Shisseh au laboratoire de conservation des météorites trouvées en Antarctique, au centre spatial Johnson de la NASA (Photo prise par Dr. David Mittlefehldt)
MON PARCOURS
Ma passion envers le ciel et ses secrets remonte à mon enfance. Pendant la nuit, J’observais le ciel étoilé et je me posais de nombreuses questions sur la nature des objets qui constituent notre Système Solaire et l’univers. Cette curiosité m’a permis de réaliser mon rêve de devenir un chercheur scientifique, et de me consacrer à l’étude de l’origine, de la formation et l’évolution des objets du Système Solaire.
J’ai réalisé Mon doctorat à l’université Hassan II de Casablanca au Maroc, sous la direction d’Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane que je remercie pour l’opportunité d’avoir intégré ce programme doctoral. Mon travail avait pour objective d’étudier des météorites de type HED (howardites, eucrites, et diogénites) qui sont parmi les premières roches ignées (roches obtenues par fusion et cristallisation d’un magma silicaté) formées au tout début de la formation du Système Solaire il y a 4.5 milliards d’années. Ces roches extraterrestres sont originaires de (4) Vesta, qui est le deuxième grand astéroïde dans la ceinture des astéroïdes située entre Mars et Jupiter. L’étude de ces météorites m’a permis de révéler quelques pages de l’histoire de la formation et de l’évolution de Vesta. Les météorites étudiées ont été collectées dans mon pays, au Maroc, et c’est donc aussi pour moi une source de fierté de contribuer à révéler la valeur scientifique de ces objets.
Pendant mes années doctorales, et grâce aux efforts déployés par le service de coopération à l’université Hassan II et de mon laboratoire d’origine, j’ai bénéficié de deux bourses Erasmus et une bourse du prestigieux programme Fulbright. Ces bourses m’ont conduit à poursuivre mes recherches et ma formation au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris en France, à l’Université de Pise en Italie, et à l’institut de météorites aux États-Unis. Je remercie en particulier Jean-Alix Barrat, Brigide Zanda, Roger Hewins, Emmanuel Jacquet, Luigi Folco, et Carl Agee pour le temps qu’ils ont consacré à formuler mes questions de recherche, à me former aux techniques d’analyses des météorites, et à m’offrir un regard critique et constructif sur mes travaux.
Pendant mon séjour aux États-Unis, j’ai eu également l’occasion d’échanger avec des spécialistes du centre spatial Johnson de la NASA de pour développer mon sujet de thèse et discuter les résultats de mes recherches et je les remercie pour ces échanges. Ces collaborations m’ont permis non seulement d’échanger avec des chercheurs scientifiques reconnus mondialement, mais aussi d’approfondir mes connaissances et d’élargir mon expertise dans la science des météorites et la planétologie.
Ma passion et mon enthousiasme envers ces sciences m’ont inspiré pour les transmettre à au grand public, en créant l’initiative Space Chat (voir paragraphe suivant), et en participant dans plusieurs conférences, ateliers et formations en collaboration avec plusieurs astronomes amateurs et chercheurs marocains qui partagent la même vision que moi comme Meriem El Yajouri et Zakaria Belhaj (société Titritland™, NOC Maroc). En 2017, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’apprendre que le nom « Shisseh » a été donné à l’un des astéroïdes découverts par le chasseur des astéroïdes et des comètes Michel Ory. Cette marque de reconnaissance de la communauté pour mes efforts de vulgarisation scientifique au Maroc et ailleurs m’encourage à poursuivre une carrière scientifique, avec un rôle actif au sein de la société pour partager avec le plus grand nombre cette passion par l’origine et l’histoire de notre Système Solaire.

Activité de vulgarisation scientifique dans une école publique pendant le Festival d’astronomie d’Ifrane au Maroc. L’activité a permis aux élèves de se connaître les différents types de météorites, et de comprendre leur formation et leur origine. (Photo prise par Pr. Hassan Darhmaoui, directeur du festival)
C’EST QUOI SPACE CHAT, ET QUEL EST SON OBJECTIF ?
Space Chat est une initiative qui a pour objectif principal de transmettre le savoir et de vulgariser la planétologie, l’astronomie et l’astrophotographie. L’idée de créer Space Chat m’est venue pendant mon séjour aux États-Unis en 2019, lorsque je ne pouvais pas participer en présentiel aux évènements de vulgarisation scientifique organisés au Maroc. Pour cette raison, j’ai décidé de créer une plateforme numérique active dans différents réseaux sociaux au travers desquels un public marocain, arabe, et africain assoiffé du savoir, est informé régulièrement sur l’actualité scientifique autour des thématiques de planétologie et d’astronomie. Space Chat vise aussi à combler une lacune dans la scène de création de contenu marocaine, arabe, et africaine par un contenu scientifique crédible et fiable. Le but de ce contenu est de lutter contre la désinformation et les fausses nouvelles qui n’ont aucun fondement scientifique propagées par des créateurs de contenu qui s’intéressent uniquement à avoir un grand taux d’engagement.
Le contenu Space Chat est clair, précis, et surtout attractif. Il comprend des vidéos en langue arabe darija avec des sous-titres en anglais sur YouTube, ainsi que des Réels et des images et leur explication sur Facebook et Instagram. Par exemple, dans certaines vidéos Space Chat publiées sur YouTube, j’utilise des échantillons de météorites réels pour élucider leurs caractéristiques, leurs classes, et leurs origines dans le Système Solaire. Dans une autre vidéo, j’explique les techniques que j’ai utilisé pour prendre des images de l’éclipse solaire annulaire qui a eu lieu en octobre 2023 aux États-Unis, ainsi que les phénomènes responsables de sa formation.

Capture d’écran d’une vidéo Space Chat qui parle des caractéristiques principales des météorites et comment les identifier.
A l’avenir, je voudrais que Space Chat devienne une plateforme destinée à faire lumière sur les découvertes scientifiques, les observations astronomiques, les parcours et l’expérience des chercheurs scientifiques et des astronomes amateurs marocains et africains, sous forme de podcasts, pour inspirer le grand public, et pour encourager les enfants et les jeunes à poursuivre une carrière scientifique ou d’ingénieurs. Actuellement, je suis en train de créer un site web Space Chat qui contiendra des articles en arabe et en anglais sur l’actualité scientifique, et qui va permettre la diffusion de l’information en relation avec les manifestations scientifiques en planétologie et en astronomie organisées au Maroc et ailleurs. Ce site contiendra aussi des formations et des ressources (brochures, guides d’ateliers pédagogiques, présentations) destinées aux enseignants au Maroc ou ailleurs pour assurer un transfert maximum et efficace du savoir, et pour leur inciter à introduire la planétologie et l’astronomie dans le programme scolaire, vu que ces sciences fascinantes permettent le développement de la créativité et l’esprit critique des enfants et des jeunes.
J’invite le lecteur à suivre les liens dessous pour découvrir les activités Space Chat.
Liens
YouTube |www.youtube.com/@Spacechat
Facebook |www.facebook.com/Space.Chat
Instagram |www.instagram.com/_spacechat_
par Sylvain Bouley | Avr 11, 2024 | Sur le Terrain
La découverte et les premières explorations du cratère d’Aouelloul
Théodore Monod, naturaliste, explorateur et humaniste français de renom, a contribué de manière significative à notre compréhension du monde et de ces différentes cultures. L’une de ses explorations remarquables a été sa visite du cratère de d’Aouelloul.
Aouelloul est un cratère d’impact météoritique situé en Mauritanie, en Afrique de l’Ouest (Fig. 1). Il s’agit d’un cratère relativement petit, d’un diamètre d’environ 390 mètres et d’une profondeur d’environ 100 mètres. Malgré sa taille modeste, le cratère a suscité l’intérêt des scientifiques en raison de ses caractéristiques bien préservées et des informations qu’il fournit sur des évènements (chutes de météorites de quelques mètres de diamètre) relativement fréquents qui représentent des menaces sérieuses pour les zones habitées. La cratère d’Aouelloul s’est formé il y a seulement 3 millions d’années.

1 – Extrait de la carte géologique de la Mauritanie, avec la position d’Aeoulloul et de Tenoumer (autre cratère d’impact en Mauritanie).
Le cratère a d’abord été découvert lors d’un survol en avion par M. A. Pourquié en 1938. M.A. Pourquié était géologue et géophysicien, connu pour avoir réalisé des levées aériens en Afrique de l’ouest. Le cratère a été visité par M.A. Pourquié à deux reprises. Théodore Monod a pu également le reconnaitre par avion, puis l’étudier au sol au début des années 1950. Son voyage n’était pas seulement scientifique, c’était aussi une aventure dans un paysage isolé et accidenté, typique de l’esprit explorateur de Théodore Monod.
Dans ses écrits, Théodore Monod (1951) décrit avec précision la morphologie du cratère, et reproduit sous forme de croquis les remparts du cratère (Fig. 2). Il y note avec précision la présence de végétation, les différentes lithologies observées, les fractures, l’orientation des couches géologiques dans le cratère et autour du cratère. Il fait également la découverte, à l’extérieur et au sud-est du cratère, de fragments de verre, qu’il fait ensuite analyser.
Théodore Monod discute l’origine de cet accident circulaire, sans pouvoir encore conclure à l’époque sur son origine météoritique.

2 – Reproduction des quelques croquis réalisés par Théodore Monod lors de la première campagne d ‘exploration au sol du cratère d’Aouelloul (Monod et Pourquié, 1951).
Un cratère d’impact confirmé plus de dix après sa découverte et relativement peu exploré
L’origine d’impact du cratère de l’Aouelloul a été confirmée par la détection d’une composante extraterrestre dans les fragments de verre trouvés autour du cratère, sous la forme de sphérules de nickel-fer (Chao et al., 1966), et confirmée plus tard par des études isotopiques du Re-Os (Koeberl et al., 1998). L’enrichissement des fragments de verre en Co, Fe et Ni par rapport à la roche cible peut également représenter une contamination météoritique, bien que ces enrichissements ne soient pas considérés comme suffisants pour prouver l’origine météoritique d’une structure circulaire. En outre, quelques grains de quartz présentant « des ensembles d’inclusions fluides étroites et densément espacées considérées comme des vestiges possibles de déformation planaire » ont été rapportés par Koeberl et al. (1998) à partir d’échantillons de grès fracturés prélevés sur le pourtour du cratère.
Malgré l’intérêt de l’étude des petits cratères pour comprendre les conséquences des impacts météoritiques de petites tailles, mais relativement fréquents dans l’histoire de l’humanité, le cratère d’Aouelloul, reste peu exploré. Une campagne de géophysique (gravimétrie) est réalisée par Fudali et Cassidy (1972). Cela permet d’estimer l’épaisseur de remplissage sédimentaire (une vingtaine de mètres) reposant sur une lentille de brèche s’étendant jusqu’à une profondeur maximale de 130 m. Les verre d’Aouelloul a aussi donné lieu à quelques études. Cressy et al. (1972) ont rapporté des teneurs en K, Rb, Sr, Th et U, ainsi que le rapport 87Sr/86Sr, dans plusieurs échantillons de verre et de grès d’Aouelloul, et ont conclu que le verre est dérivé d’un grès localement présent (grès de Zli) qui aurait donc été fondu au moment de l’impact. Des données géochimiques des verres d’impact d’Aouelloul et des roches ont également été rapportées par Koeberl et Auer (1991). La datation par traces de fission et par K-Ar de fragments de verre d’impact trouvés autour du cratère ont permis de dater le cratère avec des âges qui varient un peu selon les auteurs, 3,25 ± 0,50 Ma pour Storzer et Wagner (1977) et de 3,1 ± 0,3 Ma pour Fudali et Cressy (1976).
Un campement au cœur du cratère
En février 2019, une équipe internationale (Maroc, Mauritanie, France) reprend le flambeau de l’exploration du cratère, dans le cadre de l’Initiative Africaine pour les Sciences des Planètes et de l’Espace. Ce projet deviendra le projet de thèse d’ Elycheikh Ould Mohamed Navee, qui a soutenu sa thèse le 14 Avril 2024 à l’Université Hassan II de Casablanca. L’équipe est composée du Dr. David Baratoux (IRD), du Prof. Hasnaa Chennaoui-Aoudjenane (Université Hassan II de Casablanca), de Ludovic Ferrière (au Muséum d’Histoire Naturelle de Vienne, Autriche au moment de l’expédition), et de M.S. Ould Sabar (Faculté des Sciences et Technologie de l’Université de Nouakchott Al-Asriya). Les conditions d’accès en 2019 restent difficiles dans cette zone soumise à des contrôles strictes de l’armée et demandent des autorisations particulières. L’équipe ne pourra rester que trois nuits dans la zone du cratère, et doit disposer d’un téléphone satellite. Le campement est établi à l’intérieur du cratère, ce qui permet d’explorer efficacement les remparts et les alentours du cratère, sous le Soleil déjà brûlant du mois de février.
Cette mission a pour objectif de faire des relevés structuraux afin de cartographier la déformation associée des grès lors de l’impact, de prélever des échantillons pour rechercher des traces de métamorphismes de chocs dans mes minéraux, et enfin de cartographier la distribution du verre d’impact (Fig. 4), à partir de la zone de découverte initiale décrite dans l’article de Théodore Monod.

3 – La campement au cœur du cratère, lors de la campagne de terrain de 2019.

4 – Photographie de verre d’impact prélevé lors de la campagne de 2019 (le fragment de gauche à une longueur d’environ 5 cm).
Résultats
Des études pétrographiques détaillées de huit échantillons de grès, tous prélevés sur le bord du cratère lors de la campagne de terrain en 2019, montrent que des lamelles de déformation tectonique sont présentes dans un certain nombre de grains de quartz, mais ne révèlent aucun signe de métamorphisme de choc.
Les données géologiques et litho structurales sont également présentées sous forme de carte (Figs. 5 & 6) et montrent que le bord du cratère est caractérisé par des blocs de roches plus ou moins perturbés, métriques à pluri-métriques, présentant une fracturation et un pendage vers l’intérieur ou l’extérieur du cratère.
De nouvelles observations sur la distribution du verre d’impact sont réalisées. Le verre est distribué exclusivement dans les parties extérieures sud et est du cratère (Fig. 6) Cette distribution, si on considère qu’elle reflète la distribution au moment de l’impact, permet de proposer que le cratère résulte d’un impact oblique, avec des directions possibles allant du sud-ouest au nord (dans le sens des aiguilles d’une montre).
Cette étude confirme les travaux antérieurs menés sur le cratère de l’Aouelloul et illustre la difficulté de démontrer l’origine impactante de cratères relativement petits. Les résultats de cette campagne ont fait l’objet d’une publication scientifique (Ould Mohamed Navee et al. 2024).

Fig. 5 – Synthèse des observations structurales et lithologiques réalisées par Théodore Monod et lors de l’expédition de terrain de 2019.
Vers d’autres découvertes de cratères d’impact en Mauritanie
Ce projet de recherche en. Mauritanie s’inscrit dans un projet plus vaste de recherche de structures d’impact dans le désert Mauritanien. Dans le cadre de ce travail, Elycheikh Ould Mohamed Navee et David Baratoux ont utilisé différentes techniques pour rechercher des structures circulaires en Mauritanie. Plus de 50 structures circulaires ont pu ainsi être cartographiées, et examinées à l’aide des données de télédétection. Sur ces 50 structures, 6 sont considérées comme particulièrement prometteuses. L’une d’entre elle, déjà connue, la structure de Temimichat Ghallaman, a été aussi visitée, uniquement par l’équipe Mauritanienne, en 2019, mais aucune conclusion définitive n’a pu être apportée à ce jour. Les conditions d’exploration de la Mauritanie s’améliorent. Elycheikh Ould Mohamed Navee, avec le concours de ses encadrants, a pu aussi susciter l’intérêt des autorités Mauritaniennes et de la population pour la thématique de recherche. Il est aussi le président fondateur de l’Association Mauritanienne d’Astronomie. Espérons que ces premiers pas permettront de belles découvertes dans l’avenir, et une poursuite de l’exploration des richesses du désert Mauritanien pour les sciences planétaires.

Fig. 6 – Cartographie de la zone de présence de verre d’impact réalisée pendant la campagne de terrain de 2019
par David Baratoux, directeur de recherche à l’IRD
Références bibliographiques
Chao, E.C.T., Dwornik, E.J., Merrill, C.W., 1966a. Nickel-iron spherules from Aouelloul glass. Science 154 (3750), 759–765. https://doi.org/10.1126/science.154.3750.75
Cressy, P.J., Schnetzler, C.C., French, B.M., 1972. Aouelloul glass: aluminum 26 limit and some geochemical comparisons with Zli sandstone. J. Geophys. Res. 77 (17), 3043–3051. https://doi.org/10.1029/JB077i017p03043
Fudali, R.F., Cassidy, W.A., 1972. Gravity reconnaissance at three Mauritanian craters of explosive origin. Meteoritics 7 (1), 51–70. https://doi.org/10.1111/j.1945- 5100.1972.tb00424.x
Fudali, R.F., Cressy, P.J., 1976. Investigation of a new stony meteorite from Mauritania with some additional data on its find site: Aouelloul crater. Earth Planet Sci. Lett. 30 (2), 262–268. https://doi.org/10.1016/0012-821X(76)90253-3
Koeberl, C., Auer, P., 1991. Geochemistry of impact glass from the Aouelloul crater, Mauritania (abstract). In: 22nd Lunar and Planetary Science Conference. pp. 731–732. Texas, U.S.A.
Monod, T., Pourquié, A., 1951. Le Cratère d’Aouelloul, Adrar. Sahara Occidental, vol. 13. Bulletin de l’Institut fondamental d’Afrique noire, pp. 293–311.
Oul Mohamed Naviee, E., et al. Aouelloul impact crater, Mauritania: New structural, lithological, and petrographic data. Journal of African Earth Sciences. https://doi.org/10.1016/j.jafrearsci.2024.105210
Storzer, D., Wagner, G.A., 1977. Fission track dating of meteorite impacts. Meteoritics 12, 368–369.
Remerciements
Ce projet a reçu le soutien de l’Office Mauritanien pour la Recherche Géologique, de la Fondation de la Famille Barringer, de l’Initiative Africaine pour les Sciences des Planètes et de l’Espace, de la fondation ATTARIK, et de l’Institut de Recherche pour le Développement.
par Sylvain Bouley | Jan 17, 2024 | Sur le Terrain
Le Space Apps challenge Abomey-Calavi, c’est l’histoire d’amour entre 80 jeunes Béninois, la lune, le soleil, et Sèmè City comme témoin pour l’édition de 2023. Découvrons les coulisses de ce challenge de la NASA organisé au Bénin.

Qu’est-ce que la NASA Space Apps challenge Abomey-Calavi ?
NASA International Space Apps challenge est un Hackathon qui se tient chaque année depuis 2012 le premier weekend du mois d’octobre à travers le monde entier. Cet évènement réunit les étudiants, les développeurs, les entrepreneurs, les designers, les makers, les artistes, les scientifiques, etc. Durant 48 h, les participants à travers le monde sont invités à réfléchir et à proposer des solutions concrètes face aux problèmes sur terre et dans l’espace en utilisant les données fournies par la NASA et les agences spatiales partenaires.
Le Space Apps challenge Abomey-Calavi spécifiquement, représente le déroulement de ce challenge ici au Bénin et est organisé par l’association Sirius Astro-club. En effet, Abomey-Calavi est la troisième ville du Bénin après Cotonou et Parakou à accueillir le Space Apps Challenge de la NASA. De plus, depuis 2021, c’est la seule ville qui représente le Bénin au niveau International dans ce domaine.

Sèmè City abrite le Space Apps challenge Abomey-Calavi edition 2023.
Sèmè city a accueilli la 3ème édition du Space Apps challenge Abomey-Calavi. Ils étaient au total 80 participants (étudiants, entrepreneurs, développeurs, designers, scientifiques), soit 15 équipes réunis autour de thématiques variées : préservation des cours d’eau, lutte contre les feux de forêts, accès aux informations scientifiques, vulgarisation des sciences spatiales, etc.

Le hackathon fut introduit par une journée de lancement le vendredi 6 octobre 2023 avec des conférences autour de l’importance du spatial pour le développement du Bénin ; le rôle de l’art et de la culture dans la promotion de l’aérospatial et des sciences en général ; et le rôle que peuvent jouer les acteurs privés et universitaires dans le développement des technologies spatiales au Bénin.

Le hackathon à proprement parler démarra le 7 octobre à 9h et dura environ deux jours, 36 h plus précisément. Les différentes équipes concourantes ont brillé par leurs solutions, leur ingéniosité ainsi que leur créativité et capacité de présentation.


De la gamification aux applications web/mobile en passant par les livres illustrés ; chacune des équipes a véritablement su défendre face au jury leurs différents projets avec panache et originalité.
La dernière journée du hackathon fut sanctionnée par la désignation des trois premières équipes : ECOSENTINELS, PYDEV et MULTIVERSE ACTION ainsi que l’équipe coup de cœur EARTHSAVERS.
ECOSENTINELS et MULTIVERSE ACTION ont été désignés par le jury comme “Global Nominee”, pour représenter le Bénin au niveau international face aux équipes des autres pays qui participent au NASA International Space Apps challenge.
Un résultat inédit pour le Space Apps Abomey-Calavi 2023 !
Après l’étude par les juges et experts de la NASA, des plus de 5500 projets soumis à travers le monde, l’équipe ECOSENTINELS s’est hissée parmi les meilleures du monde en tant que “Global Finalist Honorable Mentions” 2023. Ce classement regroupe les 62 meilleures équipes du monde et regroupe les équipes qui n’ont pas été retenues comme “Global Finalist”, d’où sont choisis les 10 gagnants du Space Apps. Il s’agit d’un exploit inédit dans l’histoire du Space Apps Abomey-Calavi et du Bénin, car c’est la première fois qu’une équipe béninoise atteint un si haut classement.

L’équipe ECOSENTINELS affiché parmi les 62 meilleures équipes du monde. Leur projet fait partie des 3 projets africains retenus à cette étape par la NASA.
Cet accomplissement est d’autant plus remarquable que le Space Apps Challenge 2023, a connu le plus grand nombre de participants en 12 ans d’histoire notamment avec plus de 58000 participants dans plus de 160 pays du monde, confirmant le statut du plus grand hackathon annuel dans le monde.
L’équipe ECOSENTINELS a présenté une application révolutionnaire nommée “Aqua Explore” pour suivre l’état des cours d’eau à travers le monde grâce aux données satellites et aux informations collectées in-situ, offrant ainsi une solution novatrice pour la préservation de notre environnement. Cet exploit exceptionnel démontre non seulement la créativité et l’ingéniosité de l’équipe, mais également l’impact réel de leur projet dans la résolution de défis mondiaux.

Félicitations à l’équipe pour cette réalisation inédite et pour avoir porté haut les couleurs du Bénin dans cette compétition mondiale passionnante !
Nous tenons également à exprimer notre gratitude envers nos partenaires et mentors engagés qui ont soutenu EcoSentinels dans cette aventure pionnière. Merci à Sèmè City, Africa Design School, Afronumerik, Ibudo, Google Developer Students Club Epitech Bénin pour votre collaboration précieuse dans la réalisation de cet exploit inédit. 🤝✨

Sirius Astro-club, toute l’équipe du TechIMA, les juges et mentors de même que les autres personnes et entités ayant contribué à l’organisation de ce hackathon à Sèmè City leurs souhaitent bon courage pour la suite. Que le Bénin brille dans l’espace !

Le prochain rendez-vous est pris pour le 5 et 6 Octobre pour le Space Apps Challenge Abomey-Calavi 2024 !
Par Lina GBAGUIDI / Sirius Astro-Club
par Sylvain Bouley | Jan 17, 2024 | Sur le Terrain
L’AstroTour, édition Ivoire est un projet porté par l’Association Ivoirienne d’Astronomie (AIA) et SpaceBus France dont les Présidents respectifs sont : Dr Aziz Diaby et M. Raphaël Peralta.

Ayant débuté le 27 novembre 2023, cette première édition a pris fin le 08 décembre 2023. Scientifiques, épistémologues et historien des sciences, tous membres des associations précitées, ont parcouru durant deux semaines des Collèges, Lycées, Grandes Écoles et Universités de Côte d’Ivoire où ils ont proposé gratuitement des ateliers, des formations, des observations du ciel et des conférences aux élèves, étudiants et au grand public. Ainsi, des établissements tels que le Groupe scolaire le MIRI, le lycée Moderne de Bingerville, l’École Internationale Jules Verne, le Lycée International Jean-Mermoz, le Lycée Félix Houphouët-Boigny de Korhogo, l’Université Félix Houphouët-Boigny et bien d’autres établissements scolaires et universitaires de ce pays ont permis à leurs élèves et étudiants de prendre une part active à l’AstroTour, édition Ivoire 2023.

Grâce aux échanges fructueux, voire enrichissants entre l’équipe dynamique de l’AstroTour, la communauté académique (enseignants-chercheurs, chercheurs, experts, praticiens, élèves et étudiants), le grand public, l’AIA et SpaceBus France ont pu :
- promouvoir les sciences et technologies spatiales en Côte d’Ivoire ;
- promouvoir la place des femmes dans les sciences ;
- consolider les liens entre la Côte d’Ivoire et la France ;
- échanger avec les populations sur leur vision de l’astronomie. C’est donc à juste titre qu’un questionnaire d’enquête a été élaboré par le Dr Pancrace AKA en vue de recenser les cosmogonies ivoiriennes.

Dans le même ordre d’idées, le Dr Aziz Diaby fut l’un des invités spéciaux qui ont pris part à l’émission « Le Grand Talk » du vendredi 8 décembre 2023 de Life TV, chaîne de télévision privée de Côte d’Ivoire. Au cours de cette émission, il a eu l’honneur d’expliquer aux téléspectateurs les enjeux de l’AstroTour, édition ivoire et de la promotion des sciences et technologies spatiales dans le développement socio-économique de notre pays. Il a profité de cette lucarne pour remercier tous nos partenaires nationaux et internationaux qui ont contribué efficacement à la réussite de ce projet : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Université Félix Houphouët-Boigny, UNISTELLAR, IRD France, IPAG, CEA, AFIPS, IAU, OAE, OSUG, euro PLANET SOCIETY, CNRS.
Nonobstant, les nombreux défis qui restent encore à relever, l’AIA et SpaceBus France espèrent que la seconde édition de l’AstroTour, édition ivoire sera plus fructueuse que celle qui vient de s’achever. Vive l’astronomie pour toutes et pour tous en Côte d’Ivoire !
Par Dr Pancrace AKA, Maître Assistant Cames, Épistémologue, Historien des sciences et Secrétaire général adjoint de l’AIA et Aziz DIABY, Enseignant-Chercheur, Président de l’AIA.
par Sylvain Bouley | Oct 16, 2023 | Sur le Terrain
Au cours des 20 dernières années, se tient chaque année en Algérie un rassemblement d’astronomie, qui met les astronomes professionnels et amateurs en contact étroit avec le public. Ces « festivals populaires d’astronomie » ont commencé en 2001 à Constantine, capitale de l’Est Algérien en conjonction avec la célébration de la Semaine Mondiale de l’Espace de cette année-là.

Figure 1- Les festivals annuels d’astronomie populaire : une contribution substantielle à la culture scientifique sur la scène algérienne et au-delà depuis les deux dernières décennies.
Il a commencé modestement comme un événement entièrement local, pour devenir rapidement après les premières éditions un rassemblement international avec des participants de divers pays, bien qu’ils soient encore modestement appelés festivals nationaux. Ce festival est unique à bien des égards et est probablement le plus grand (et certainement le plus régulier et durable) événement de l’astronomie populaire en Afrique et au Moyen-Orient, en plus d’être à la confluence de trois régions, à savoir l’Afrique, le Maghreb et le bassin méditerranéen.

Figure 2- Chaque festival a un thème spécifique. Ici une mosaïque de posters des dix premiers festivals environ.
La philosophie du festival
Ces festivals annuels ont pour but de faire découvrir l’astronomie au public de manière symbiotique entre les trois composantes du triptyque, chacune dans son rôle. Ainsi les associations d’amateurs invitées à participer au festival sont au service du public dans un rôle unique passeurs d’astronomie et à ce titre elles sont bien dans leur rôle. En retour, leurs membres bénéficient du large éventail d’activités qui s’y déroulent. Nous laissons aux astronomes professionnels les présentations de niveau supérieur pour la composante la plus éclectique du public présent. Quant au grand public, il est le miroir qui permet aux deux autres composantes de communiquer l’astronomie de la manière la plus adaptée et de perfectionner leurs aptitudes de passeurs de science. Par ailleurs, certains jeunes du public peuvent s’inspirer et faire de l’astronomie leur vocation, alimentant ainsi en quelque sorte la boucle. Autre événement marquant, la traditionnelle table ronde organisée le deuxième jour et où un panel diversifié d’astronomes approfondit un peu plus le thème spécifique du Festival, comme cette année, l’ »Univers Invisible ».

Figure 3- Donner l’occasion aux astronomes amateurs pour passer à l’action
Notons que nous utilisons le qualificatif « populaire » dans l’appellation des Festivals, en référence à la tradition de sensibilisation de Camille Flammarion, le grand vulgarisateur de l’astronomie française de la fin du 19e au début du 20e siècle qui a promu l’expression « astronomie populaire », c’est-à-dire l’astronomie pour le public.

Figure 4- Sessions gratuites de planétarium pour tous. De nouveaux contenus sont créés chaque année, qui se conjuguent avec le thème du festival.
La dix-huitième édition du Festival
L’édition de cette année, la première depuis les années Covid, a accueilli quelque 35 associations astronomiques algériennes et étrangères, et les participants sont venus de douze pays dont cinq africains. Elle a également accueilli des agences et institutions nationales liées à l’astronomie et à l’espace comme le Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG), l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL), le Centre de Développement des Technologies Avancées (CDTA)… Comme d’ habitude, le Festival a accueilli divers astronomes d’Europe, du Maghreb et d’Afrique du Sud en particulier, s’exprimant principalement sur le thème de cette année à savoir « L’Univers Infrarouge », célébrant une année de riche moisson scientifique du télescope spatial James Webb (JWST) après un an de mise en service.

Figure 5- L’édition 2023 du Festival portait sur l’Univers infrarouge et la riche récolte scientifique du JWST. Voici une vue d’une partie de l’emplacement où les expositions et les stands des astronomes amateurs étaient déployés

Figure 6- La table ronde traditionnelle portant sur le thème du Festival est l’un des points forts de l’événement. Içi un panel d’astronomes venant de sept pays différents lors du 15e festival populaire d’astronomie.
Plusieurs expositions permanentes étaient présentes, notamment une sur la « Conquête de l’Espace » et la seconde étant l’impressionnante « Symphonie Cosmique » composée d’une cinquantaine de panneaux portant sur tous les aspects de l’Univers. Parmi les différents pays africains et arabes présents, la Palestine était présente même si aucun astronome de là-bas n’a pu venir en personne. Une magnifique exposition d’astrophotographie, « Le ciel de Palestine », réalisée par des astronomes amateurs chevronnés de Cisjordanie et de Gaza était exposée. A noter également que des séances gratuites de planétarium pour le public ainsi que toutes sortes d’activités pour les jeunes enfants ont eu lieu tout au long du Festival. Un modèle entièrement réaliste à l’échelle 1/10 du JWST réalisé par notre équipe a été exposé avec un miroir pliable télécommandé.

Figure 7- Un modèle entièrement réaliste à l’échelle 1/10 du JWST avec un miroir pliable commandé à distance.

8 – Une partie de l’exposition « Symphonie cosmique » composée de 50 panneaux.
Plus de détails sur le dernier Festival se trouvent à l’adresse suivante:
http://www.siriusalgeria.net/salon023.htm
tandis que les détails des 20 derniers festivals peuvent être consultés à l’adresse suivante:
http://www.siriusalgeria.net/salon023/participants.htm#01
Pourquoi ne pas se donner rendez-vous au prochain Festival 2024 en Avril prochain !
Jamal Mimouni
Université de Constantine1, Algérie
Président, Association Sirius d’Astronomie
Exco, African Astronomical Society (AfAS)