LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Promouvoir les sciences planétaires et spatiales au Ghana par des actions de sensibilisation

Promouvoir les sciences planétaires et spatiales au Ghana par des actions de sensibilisation

Marian Selorm Sapah, cosmochimiste au département des sciences de la terre de l’université du Ghana est membre fondatrice de l’initiative africaine pour les sciences planétaires et spatiales (AFIPS, https://africapss.org). Elle s’efforce de sensibiliser le public et de promouvoir les sciences planétaires et spatiales au Ghana en menant des actions de sensibilisation.

 

 

Son événement le plus récent a eu lieu le mercredi 2 octobre 2024 à la La Bawaleshi Presbyterian Basic School, à Accra au Ghana, pour les élèves du niveau 3ème du collège. L’événement comprenait une présentation Power Point et des discussions sur les sciences planétaires et spatiales et leurs disciplines, les carrières en sciences planétaires et spatiales, ainsi que les activités en sciences planétaires et spatiales au Ghana. Cette présentation a été suivie d’activités interactives pratiques en utilisant un télescope classique Sky-Watcher Dobsonian 200P, un télescope informatisé Celestron NexStar 4SE et des microscopes composés Celestron. Cet événement est le plus important jamais organisé par le Dr Sapah, avec une participation de plus de 200 élèves, qui se sont montrés enthousiastes, curieux et ont participé pleinement aux activités.

 

 

Cet événement a été rendu possible grâce à une subvention du METSOC, qui a permis l’achat d’un télescope classique Sky-Watcher Dobsonian 200P et de tous les autres besoins logistiques de l’événement.  Le télescope et les microscopes Celestron ont été offerts par Celestron, LLC pour soutenir les efforts de sensibilisation du Dr Sapah.

 

 

À l’avenir, un club d’astronomie sera créé à l’école élémentaire presbytérienne de La Bawaleshi afin d’aider les élèves à en apprendre davantage et à maintenir leur intérêt pour ce domaine. Il est également prévu de visiter d’autres écoles primaires dans d’autres régions du Ghana.

 

Marian Selorm Sapah, University of Ghana

Les week-ends d’astronomie de Baïdy Demba Diop

Les week-ends d’astronomie de Baïdy Demba Diop

Dans le camp du désert de Lompoul

Bas du formulaireLe désert de Lompoul est une petite étendue de dunes de sable située dans la région de Louga, entre Dakar et Saint Louis (Fig. 1). Il se trouve à 150 km au Nord-Est de Dakar, non loin de la Grande Côte du Sénégal. Le Désert de Lompoul est principalement composé de dunes de sable doré qui s’étendent sur dix-huit kilomètres carrés (18 km2). C’est une oasis de tranquillité et de beauté au milieu du paysage semi-aride.

 

Fig. 1 – Dunes du désert de Loumpoul, Sénégal. © Baidy Demba DIOP

 

La principale attraction touristique est le camping sous les étoiles et les excursions en dromadaires ou en 4×4, les randonnées pédestres et le surf sur les dunes de sable, hautes de 40 à 50 mètres. Il existe à Lompoul des camps de tentes traditionnelles et des lodges écologiques offrant une expérience authentique de vie dans le désert, avec un confort de base. Les visiteurs peuvent y découvrir la culture et les traditions locales des communautés environnantes, en particulier la musique, la danse et l’artisanat.

Depuis Dakar, le désert de Lompoul est accessible par la Nationale 2, passant par les villes de Thiès et Kébémer, ou par la route des Niayes, passant par Bayakh, Mboro, non loin de la zone côtière, découvrant ainsi d’intenses activités maraichères.

Les activités en Astronomie

Le désert de Lompoul est surtout caractérisé par l’absence de pollution lumineuse, de bâtiments ou de végétaux pouvant empêcher ou réduire la vue du ciel. Arrivés le samedi sur les lieux aux environs de 18h GMT, les visiteurs disposent de moins d’une heure pour se loger, déposer les bagages et se présenter sur le lieu de la projection, à ciel ouvert.

Cette présentation générale qui commence après le coucher du soleil porte sur les sou-thèmes suivants :

  1. Les notions d’étoiles, de planètes, de lunes (satellites naturelles des planètes) ;
  2. Le système solaire dans l’univers
  3. L’exobiologie (sommes-nous seuls dans l’univers)
  4. Les éclipses, phénomènes d’ombre et de lumière dans le système solaire
  5. Les phases de la lune
  6. Etoiles filantes – Marées – Saisons – Changements climatiques
  7. Nécessité de préserver la Terre par un contrôle de l’émission des gaz à effet de serre.

Puis, on s’attelle à l’utilisation des télescopes pour l’observation des astres visibles.

La soirée s’arrête aux alentours de minuit. Ceux qui en veulent encore se lèveront à 5h du matin pour observer d’autres constellations ou d’autres planètes.

Le retour sur Dakar est programmé après le déjeuner de 13h, à la suite du quartier libre du dimanche matin où certains ont effectué des randonnées à pieds ou sur un dromadaire.

 

Baïdy Demba DIOP              Tél: 221 77 631 54 94

  • Coordonnateur Pédagogique National de SVT du M.E.N
  • Diplômé des sciences de l’éducation à la Chaire UNESCO de Dakar
  • Secrétaire Chargé de la Formation de l’ASPA (Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie)
  • Président de l’Association Sénégalaise de Médiation Scientifique (ASMES)
  • Secrétaire Administratif du Collectif des Associations de Disciplines Académiques (CADA)
Une Nuit des idées – Edition 2024 au Maroc

Une Nuit des idées – Edition 2024 au Maroc

Une Nuit des idées Edition 2024 aux couleurs de la planétologie, de la géologie et des arts sous le thème « Lignes de faille » célébrée au Maroc

Coorganisée par l’Institut Français du Maroc en partenariat avec ATTARIK Foundation for Meteoritics and Planetary Science

Avril 2024 17/04 Marrakech – 19/04 Tétouan – 20/04 Casablanca

 

L’événement mondial annuel de la Nuit des Idées, reconnu pour son engagement envers la pensée, le débat et la créativité, est revenu cette année avec un thème original : « Lignes de Faille ». Organisé par l’Institut Français du Maroc en partenariat avec ATTARIK Foundation for Meteoritics and Planetary Science, cet événement a permis d’explorer de manière multidimensionnelle les défis de la planétologie ainsi que leur résonance avec les enjeux terrestres contemporains notamment en matière de risques naturels et d’apparition de la vie sur Terre ainsi que sa diversification.

Depuis son lancement en 2016, la Nuit des Idées s’est imposée comme une plateforme mondiale favorisant le dialogue entre intellectuels, penseurs, artistes et le grand public sur des questions cruciales pour notre époque. Chaque année, l’événement réunit des milliers de participants à travers le monde dans des lieux variés tels que des musées, des universités, des centres culturels et des espaces publics.

Avec un thème différent choisi pour chaque édition, la Nuit des Idées stimule la réflexion collective sur des sujets tels que la démocratie, les droits de l’homme, l’environnement, la technologie et la culture. Cette année, le thème « Lignes de Faille » a offert une occasion unique d’explorer les défis complexes auxquels notre monde est confronté, à la fois sur Terre et dans les corps rocheux du système solaire.

Au Maroc, en partenariat avec ATTARIK Foundation, la Nuit des Idées transcende les frontières planétaires pour plonger dans les mystères de l’univers avec des concepts et des données qui semblent antagonistes mais qui au final se rejoignent et se complètent.

Une programmation très riche a été préparée et déclinée sur trois villes à savoir Marrakech, Tétouan et Casablanca.

Deux tables rondes ont été présentées sur deux thèmes différents. L’une d’entre elles avait pour sujet « Explosion de vie ou extinction de masse ». Elle a traité de phénomènes catastrophiques qui ont touchés la Terre tels que les chutes de gros astéroïdes qui ont provoqué des extinctions massives d’espèces vivantes ou les phénomènes de tectoniques des plaques qui engendrent des séismes ou du volcanisme qui impactent la vie sur Terre. Dr David Baratoux a animé trois conférences autour des cratères d’impact comme sources de vie ou de chaos.

A Marrakech ce thème a été complété par le professeur Sylvain Bouley qui a présenté les nouvelles découvertes concernant le cratère du Chixculub. Alors que le Professeur Khadija El Hariri a présenté une faune exceptionnelle avec des fossiles découverts dans la région de Fezouata près de Zagora (Sud du Maroc). Le Professeur Mourabit quant à lui, a présenté dans les trois villes le séisme d’Al Haouz qui a touché le Maroc en Septembre 2023 et qui a fait plusieurs dégâts importants humain et matériels. Il a abordé les séismes et la tectonique des plaques comme des phénomènes naturels qui n’ont pas engendré que des catastrophes mais qu’ils ont été eux aussi un élément important de développement et d’adaptations de formes de vies sur Terre.

A Tétouan, le débat a été orienté différemment par la présentation du Professeur Amri qui a mis l’accent sur la richesse du patrimoine géologique de la région et de l’importance de sa valorisation et sa compréhension pour mieux appréhender les phénomènes géologiques qui affectent la région du nord du Maroc connue pour sa forte sismicité.

Pour Casablanca, la discussion a porté sur l’eau comme source de catastrophes liées aux inondations mais aussi comme source de vie par une conférence donnée par le Professeur Loudiyi.
La deuxième table ronde était axée sur le thème « Arts et sciences, Une combinaison possible ». Elle a comporté dans les trois nuits la projection du film « Génos » de Fabien Léaustic. À travers le projet artistique Sève élémentaire, il explore les liens entre les arts, les sciences et l’anthropologie, tout en collaborant avec divers laboratoires scientifiques. Son travail couvre des thèmes allant de l’exobiologie au rôle potentiel des météorites dans l’origine de la vie sur Terre. En tant qu’artiste-chercheur, Léaustic offre une interprétation de son œuvre qui envisage un futur « post-biotique » et met en lumière les enjeux éthiques, sociaux et culturels révélés par l’évolution de nos connaissances en génétique. Cette projection était suivie par un échange avec le public. De même, le Professeur Chennaoui a mis en avant l’apport et l’utilisation de techniques artistiques utilisées dans l’expo-musée « Les météorite messagères du ciel : ORIGINES », pour la facilitation du partage des connaissances scientifiques auprès des visiteurs de l’expo-musée.
Ces nuits ont été modérées soit par des scientifiques de renom tel le Professeur Ibouh ou le Professeur Chennaoui, mais aussi, par un grand nom du partage des sciences sur les réseaux sociaux bien connu du public Marocain et Arabophone, à savoir Mr Najib Mokhtari.

Les lieux de tenue des nuits des idées ont été diversifiés, incluant l’amphithéâtre de l’Institut Français de Marrakech, l’auditorium du siège de la Présidence de l’Université Abdelmalek Essaadi à Tétouan et enfin Marina Shopping, l’un des plus grands Mall de Casablanca qui accueille l’expo-musée de ATTARIK Foundation. La projection du film « Génos » s’est faite dans une ambiance spéciale dans le planétarium de l’expo-musée ce qui en a fait une expérience inédite et particulièrement proche du public. A Casablanca, la table ronde « Explosion de vie ou extinction de masse » a été organisée sur les marches d’une des entrées du Marina shopping, donnant accès aussi bien au public venu spécialement pour l’événement de l’apprécier, mais aussi à un public de passage un samedi soir dans un espace commercial et auquel l’échange scientifique est venu s’offrir. Cette expérience était des plus enrichissantes et l’un des moments les plus forts de cette édition des nuits des idées.

Plusieurs artistes ont ponctué les tables rondes tel qu’un slameur à Marrakech et une troupe de « troubadour » à Casablanca qui a mené les participants depuis le planétarium à travers tout le Mall à un espace central pour une performance artistique et qui les a ensuite amenés jusqu’aux escaliers endroit dans lequel la table ronde s’est tenue.

Ces nuits ont vu la participation de plusieurs dizaines de personnes qui sont venues échanger, écouter, rêver et découvrir des thèmes auxquelles elles ne sont pas habituées et qui ne leurs sont pas familiers. Les échanges étaient riches et très intéressants aussi bien entre le public et les intervenants, qu’entre les intervenants eux-mêmes.

Ces moments ont permis de mettre en avant les avancées et aussi les défis de la planétologie, de la géologie, allant de l’histoire de la vie sur Terre aux forces qui ont façonné la biodiversité. Les participants ont eu l’opportunité de mieux comprendre les enjeux qui façonnent notre existence et d’anticiper les défis futurs.

Cet événement a offert une plateforme pour stimuler la réflexion critique, le dialogue constructif et l’action collective vers un avenir plus juste et harmonieux. En réunissant des intervenants de divers horizons et d’une très grande qualité, la Nuit des Idées est venue renforcer les liens entre les différentes disciplines académiques, artistiques et culturelles, favorisant ainsi l’échange des idées et des perspectives.

La Nuit des Idées 2024 a été riche en débats, échanges, performances artistiques et réflexions profondes, alimentées par la curiosité humaine et la soif de connaissance et de partage entre des mondes des sciences et des arts qui semblent éloignés mais qui sont plus proches qu’on ne peut l’imaginer.

 

Prof. Hasnaa CHENNAOUI AOUDJEHANE
President ATTARIK Foundation for Meteoritics and Planetary Science – Member NOC – International Astronomical Union
Hassan II University of Casablanca UH2C – Faculty of Sciences Ain Chock FSAC – Department of Geology

Interview de Professeur Charles Ratsifaritana  – SKA MADAGASCAR

Interview de Professeur Charles Ratsifaritana – SKA MADAGASCAR

 

Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique :

Je m’appelle Charles Andriatomanga Ratsifaritana, j’ai une maitrise en physique chimie, sortant de l’université d’Antananarivo. Ensuite j’ai fait un master en Science à New York et enfin j’ai fait mon PhD à l’university of connecticut en « Physique théorique, physique de la matière condensée », sous le tutorat du Pr. Paul Klemens. En étant aux Etats-Unis, j’ai également pris des cours d’astronomie.

 

Parlez-nous maintenant de vos activités astronomiques, par où vous avez commencé, comment cela se présente actuellement et le lien avec le projet SKA :

A la fin de mes études, dans les années 90, je suis rentré à Madagascar pour monter un projet d’observatoire, l’actuel ASTRO Ankadiefajoro. J’étais pratiquement le seul astronome sur place. L’observatoire ASTRO faisait fonction de centre de médiation scientifique avec une concentration sur l’astronomie. L’observatoire est équipé de plusieurs télescopes dont un Dobson de 42 cm de diamètre. Il possède des pavillons scientifiques parlant de cosmologie, physique des particules, etc. Depuis son ouverture, il accueille 500 à 1000 visiteurs par an.

Nous avions également organisé, avec le gouvernement la sensibilisation de la population Malgache quant à l’éclipse de 2016. 7 millions de lunettes d’éclipse ont été distribué à cette occasion.

 

Parlons maintenant du projet SKA, pouvez-vous nous raconter les débuts du projet à Madagascar ainsi que ses objectifs ?

En 2017, j’ai été nommé coordinateur national du projet African VLBI Network (AVN) / SKA à Madagascar par le ministère de la recherche scientifique.

Nous avons ensuite eu l’autorisation de Telma Madagascar sur l’utilisation de l’antenne de STIMAD (Société de Télécommunications à Madagascar) situé à Arivonimamo, dans le cadre du projet. Elle fait un diamètre de 32 m et elle nous est donnée gracieusement pat Telma pendant 30 ans.

Actuellement, nous nous focalisons sur la réhabilitation de l’antenne pour qu’elle soit adaptée à faire de l’interférométrie en radioastronomie. L’antenne travaillera en relais avec l’Afrique du Sud.

Par ailleurs, il est prévu que le projet inclut la création d’un centre de recherche spatiale de Madagascar, la « National Radioastronomy Observatory (NRAO) ». Il se trouve à 45 km de la capitale, à Arivonimamo.

 

 

Quels étaient les problématiques que vous aviez fait face ?

L’instabilité politique à Madagascar a créé beaucoup de lenteur quant à l’avancement des travaux. Le changement de gouvernement fréquent rend difficile l’adhérence du ministère au projet.

 

Où est-ce qu’on en est actuellement sur ce projet et quelles sont les prochaines étapes ?

Depuis cette année 2024, l’université d’Antananarivo a pris le relais quant à la gestion du projet SKA, dont une prise de contact avec l’académie des arts et des sciences en Chine, par l’intermédiaire de l’université Confucius qui sont intéressés sur le projet. On a également formé 7 jeunes doctorants en radioastronomie sortant de l’Afrique du Sud pour prendre la relève sur la gestion du site.

Nous sommes optimistes quant à l’avancement des travaux. D’ici à la fin de l’année, nous aurons des retombées à la suite de ces nouveaux partenariats et modes de gestion établis.

Taha Shisseh et Space Chat

Taha Shisseh et Space Chat

Nous vous proposons dans cet article de partir à la rencontre de Taha Shisseh, qui a obtenu il y a quelques mois son doctorat en planétologie à l’Université Hassan II de Casablanca, dans le cadre d’une collaboration internationale entre le Maroc, la France et les États-Unis. Nous découvrirons son parcours, source d’inspiration pour les jeunes scientifiques africains. Au-delà de ces travaux scientifiques sur certaines météorites issus de l’astéroïde Vesta, Taha s’engage à fond pour rendre les sciences de l’espace et l’astronomie accessibles au plus grand nombre. Passionné depuis son enfance par l’astronomie, il nous fait aujourd’hui partager sa passion au travers d’une nouvelle initiative appelé « Space Chat ». Des contenus vivants, clairs et précis pour s’initier aux sciences de l’Univers, et susciter de nouvelles vocations sur le continent African, et au-delà !

Taha Shisseh au laboratoire de conservation des météorites trouvées en Antarctique, au centre spatial Johnson de la NASA (Photo prise par Dr. David Mittlefehldt)

 

MON PARCOURS

Ma passion envers le ciel et ses secrets remonte à mon enfance. Pendant la nuit, J’observais le ciel étoilé et je me posais de nombreuses questions sur la nature des objets qui constituent notre Système Solaire et l’univers. Cette curiosité m’a permis de réaliser mon rêve de devenir un chercheur scientifique, et de me consacrer à l’étude de l’origine, de la formation et l’évolution des objets du Système Solaire.

J’ai réalisé Mon doctorat à l’université Hassan II de Casablanca au Maroc, sous la direction d’Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane que je remercie pour l’opportunité d’avoir intégré ce programme doctoral. Mon travail avait pour objective d’étudier des météorites de type HED (howardites, eucrites, et diogénites) qui sont parmi les premières roches ignées (roches obtenues par fusion et cristallisation d’un magma silicaté) formées au tout début de la formation du Système Solaire il y a 4.5 milliards d’années. Ces roches extraterrestres sont originaires de (4) Vesta, qui est le deuxième grand astéroïde dans la ceinture des astéroïdes située entre Mars et Jupiter. L’étude de ces météorites m’a permis de révéler quelques pages de l’histoire de la formation et de l’évolution de Vesta. Les météorites étudiées ont été collectées dans mon pays, au Maroc, et c’est donc aussi pour moi une source de fierté de contribuer à révéler la valeur scientifique de ces objets.

Pendant mes années doctorales, et grâce aux efforts déployés par le service de coopération à l’université Hassan II et de mon laboratoire d’origine, j’ai bénéficié de deux bourses Erasmus et une bourse du prestigieux programme Fulbright. Ces bourses m’ont conduit à poursuivre mes recherches et ma formation au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris en France, à l’Université de Pise en Italie, et à l’institut de météorites aux États-Unis. Je remercie en particulier Jean-Alix Barrat, Brigide Zanda, Roger Hewins, Emmanuel Jacquet, Luigi Folco, et Carl Agee pour le temps qu’ils ont consacré à formuler mes questions de recherche, à me former aux techniques d’analyses des météorites, et à m’offrir un regard critique et constructif sur mes travaux.

Pendant mon séjour aux États-Unis, j’ai eu également l’occasion d’échanger avec des spécialistes du centre spatial Johnson de la NASA de  pour développer mon sujet de thèse et discuter les résultats de mes recherches et je les remercie pour ces échanges. Ces collaborations m’ont permis non seulement d’échanger avec des chercheurs scientifiques reconnus mondialement, mais aussi d’approfondir mes connaissances et d’élargir mon expertise dans la science des météorites et la planétologie.

Ma passion et mon enthousiasme envers ces sciences m’ont inspiré pour les transmettre à au grand public, en créant l’initiative Space Chat (voir paragraphe suivant), et en participant dans plusieurs conférences, ateliers et formations en collaboration avec plusieurs astronomes amateurs et chercheurs marocains qui partagent la même vision que moi comme Meriem El Yajouri et Zakaria Belhaj (société Titritland™, NOC Maroc). En 2017, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’apprendre que le nom « Shisseh » a été donné à l’un des astéroïdes découverts par le chasseur des astéroïdes et des comètes Michel Ory. Cette marque de reconnaissance de la communauté pour mes efforts de vulgarisation scientifique au Maroc et ailleurs m’encourage à poursuivre une carrière scientifique, avec un rôle actif au sein de la société pour partager avec le plus grand nombre cette passion par l’origine et l’histoire de notre Système Solaire.

Activité de vulgarisation scientifique dans une école publique pendant le Festival d’astronomie d’Ifrane au Maroc. L’activité a permis aux élèves de se connaître les différents types de météorites, et de comprendre leur formation et leur origine. (Photo prise par Pr. Hassan Darhmaoui, directeur du festival)

 

C’EST QUOI SPACE CHAT, ET QUEL EST SON OBJECTIF ?

Space Chat est une initiative qui a pour objectif principal de transmettre le savoir et de vulgariser la planétologie, l’astronomie et l’astrophotographie. L’idée de créer Space Chat m’est venue pendant mon séjour aux États-Unis en 2019, lorsque je ne pouvais pas participer en présentiel aux évènements de vulgarisation scientifique organisés au Maroc. Pour cette raison, j’ai décidé de créer une plateforme numérique active dans différents réseaux sociaux au travers desquels un public marocain, arabe, et africain assoiffé du savoir, est informé régulièrement sur l’actualité scientifique autour des thématiques de planétologie et d’astronomie. Space Chat vise aussi à combler une lacune dans la scène de création de contenu marocaine, arabe, et africaine par un contenu scientifique crédible et fiable. Le but de ce contenu est de lutter contre la désinformation et les fausses nouvelles qui n’ont aucun fondement scientifique propagées par des créateurs de contenu qui s’intéressent uniquement à avoir un grand taux d’engagement.

Le contenu Space Chat est clair, précis, et surtout attractif. Il comprend des vidéos en langue arabe darija avec des sous-titres en anglais sur YouTube, ainsi que des Réels et des images et leur explication sur Facebook et Instagram. Par exemple, dans certaines vidéos Space Chat publiées sur YouTube, j’utilise des échantillons de météorites réels pour élucider leurs caractéristiques, leurs classes, et leurs origines dans le Système Solaire. Dans une autre vidéo, j’explique les techniques que j’ai utilisé pour prendre des images de l’éclipse solaire annulaire qui a eu lieu en octobre 2023 aux États-Unis, ainsi que les phénomènes responsables de sa formation.

Capture d’écran d’une vidéo Space Chat qui parle des caractéristiques principales des météorites et comment les identifier.

A l’avenir, je voudrais que Space Chat devienne une plateforme destinée à faire lumière sur les découvertes scientifiques, les observations astronomiques, les parcours et l’expérience des chercheurs scientifiques et des astronomes amateurs marocains et africains, sous forme de podcasts, pour inspirer le grand public, et pour encourager les enfants et les jeunes à poursuivre une carrière scientifique ou d’ingénieurs. Actuellement, je suis en train de créer un site web Space Chat qui contiendra des articles en arabe et en anglais sur l’actualité scientifique, et qui va permettre la diffusion de l’information en relation avec les manifestations scientifiques en planétologie et en astronomie organisées au Maroc et ailleurs. Ce site contiendra aussi des formations et des ressources (brochures, guides d’ateliers pédagogiques, présentations) destinées aux enseignants au Maroc ou ailleurs pour assurer un transfert maximum et efficace du savoir, et pour leur inciter à introduire la planétologie et l’astronomie dans le programme scolaire, vu que ces sciences fascinantes permettent le développement de la créativité et l’esprit critique des enfants et des jeunes.

J’invite le lecteur à suivre les liens dessous pour découvrir les activités Space Chat.

Liens

YouTube |www.youtube.com/@Spacechat

Facebook |www.facebook.com/Space.Chat

Instagram |www.instagram.com/_spacechat_

La cratère d’Aouelloul : sur les traces de Théodore Monod

La cratère d’Aouelloul : sur les traces de Théodore Monod

La découverte et les premières explorations du cratère d’Aouelloul

 Théodore Monod, naturaliste, explorateur et humaniste français de renom, a contribué de manière significative à notre compréhension du monde et de ces différentes cultures. L’une de ses explorations remarquables a été sa visite du cratère de d’Aouelloul.

Aouelloul est un cratère d’impact météoritique situé en Mauritanie, en Afrique de l’Ouest (Fig. 1). Il s’agit d’un cratère relativement petit, d’un diamètre d’environ 390 mètres et d’une profondeur d’environ 100 mètres. Malgré sa taille modeste, le cratère a suscité l’intérêt des scientifiques en raison de ses caractéristiques bien préservées et des informations qu’il fournit sur des évènements (chutes de météorites de quelques mètres de diamètre) relativement fréquents qui représentent des menaces sérieuses pour les zones habitées. La cratère d’Aouelloul s’est formé il y a seulement 3 millions d’années.

1 – Extrait de la carte géologique de la Mauritanie, avec la position d’Aeoulloul et de Tenoumer (autre cratère d’impact en Mauritanie).

 

Le cratère a d’abord été découvert lors d’un survol en avion par M. A. Pourquié en 1938. M.A. Pourquié était géologue et géophysicien, connu pour avoir réalisé des levées aériens en Afrique de l’ouest. Le cratère a été visité par M.A. Pourquié à deux reprises. Théodore Monod a pu également le reconnaitre par avion, puis l’étudier au sol au début des années 1950. Son voyage n’était pas seulement scientifique, c’était aussi une aventure dans un paysage isolé et accidenté, typique de l’esprit explorateur de Théodore Monod.

Dans ses écrits, Théodore Monod (1951) décrit avec précision la morphologie du cratère, et reproduit sous forme de croquis les remparts du cratère (Fig. 2). Il y note avec précision la présence de végétation, les différentes lithologies observées, les fractures, l’orientation des couches géologiques dans le cratère et autour du cratère. Il fait également la découverte, à l’extérieur et au sud-est du cratère, de fragments de verre, qu’il fait ensuite analyser.

Théodore Monod discute l’origine de cet accident circulaire, sans pouvoir encore conclure à l’époque sur son origine météoritique.

 

2 – Reproduction des quelques croquis réalisés par Théodore Monod lors de la première campagne d ‘exploration au sol du cratère d’Aouelloul (Monod et Pourquié, 1951).

 

Un cratère d’impact confirmé plus de dix après sa découverte et relativement peu exploré

 

L’origine d’impact du cratère de l’Aouelloul a été confirmée par la détection d’une composante extraterrestre dans les fragments de verre trouvés autour du cratère, sous la forme de sphérules de nickel-fer (Chao et al., 1966), et confirmée plus tard par des études isotopiques du Re-Os (Koeberl et al., 1998). L’enrichissement des fragments de verre en Co, Fe et Ni par rapport à la roche cible peut également représenter une contamination météoritique, bien que ces enrichissements ne soient pas considérés comme suffisants pour prouver l’origine météoritique d’une structure circulaire. En outre, quelques grains de quartz présentant « des ensembles d’inclusions fluides étroites et densément espacées considérées comme des vestiges possibles de déformation planaire » ont été rapportés par Koeberl et al. (1998) à partir d’échantillons de grès fracturés prélevés sur le pourtour du cratère.
Malgré l’intérêt de l’étude des petits cratères pour comprendre les conséquences des impacts météoritiques de petites tailles, mais relativement fréquents dans l’histoire de l’humanité, le cratère d’Aouelloul, reste peu exploré. Une campagne de géophysique (gravimétrie) est réalisée par Fudali et Cassidy (1972). Cela permet d’estimer l’épaisseur de remplissage sédimentaire (une vingtaine de mètres) reposant sur une lentille de brèche s’étendant jusqu’à une profondeur maximale de 130 m. Les verre d’Aouelloul a aussi donné lieu à quelques études. Cressy et al. (1972) ont rapporté des teneurs en K, Rb, Sr, Th et U, ainsi que le rapport 87Sr/86Sr, dans plusieurs échantillons de verre et de grès d’Aouelloul, et ont conclu que le verre est dérivé d’un grès localement présent (grès de Zli) qui aurait donc été fondu au moment de l’impact. Des données géochimiques des verres d’impact d’Aouelloul et des roches ont également été rapportées par Koeberl et Auer (1991). La datation par traces de fission et par K-Ar de fragments de verre d’impact trouvés autour du cratère ont permis de dater le cratère avec des âges qui varient un peu selon les auteurs, 3,25 ± 0,50 Ma pour Storzer et Wagner (1977) et de 3,1 ± 0,3 Ma pour Fudali et Cressy (1976).

Un campement au cœur du cratère

 

En février 2019, une équipe internationale (Maroc, Mauritanie, France) reprend le flambeau de l’exploration du cratère, dans le cadre de l’Initiative Africaine pour les Sciences des Planètes et de l’Espace. Ce projet deviendra le projet de thèse d’ Elycheikh Ould Mohamed Navee, qui a soutenu sa thèse le 14 Avril 2024 à l’Université Hassan II de Casablanca. L’équipe est composée du Dr. David Baratoux (IRD), du Prof. Hasnaa Chennaoui-Aoudjenane (Université Hassan II de Casablanca), de Ludovic Ferrière (au Muséum d’Histoire Naturelle de Vienne, Autriche au moment de l’expédition), et de M.S. Ould Sabar (Faculté des Sciences et Technologie de l’Université de Nouakchott Al-Asriya). Les conditions d’accès en 2019 restent difficiles dans cette zone soumise à des contrôles strictes de l’armée et demandent des autorisations particulières. L’équipe ne pourra rester que trois nuits dans la zone du cratère, et doit disposer d’un téléphone satellite. Le campement est établi à l’intérieur du cratère, ce qui permet d’explorer efficacement les remparts et les alentours du cratère, sous le Soleil déjà brûlant du mois de février.
Cette mission a pour objectif de faire des relevés structuraux afin de cartographier la déformation associée des grès lors de l’impact, de prélever des échantillons pour rechercher des traces de métamorphismes de chocs dans mes minéraux, et enfin de cartographier la distribution du verre d’impact (Fig. 4), à partir de la zone de découverte initiale décrite dans l’article de Théodore Monod.

 

3 – La campement au cœur du cratère, lors de la campagne de terrain de 2019.

 

4 – Photographie de verre d’impact prélevé lors de la campagne de 2019 (le fragment de gauche à une longueur d’environ 5 cm).

 

Résultats

Des études pétrographiques détaillées de huit échantillons de grès, tous prélevés sur le bord du cratère lors de la campagne de terrain en 2019, montrent que des lamelles de déformation tectonique sont présentes dans un certain nombre de grains de quartz, mais ne révèlent aucun signe de métamorphisme de choc. 

Les données géologiques et litho structurales sont également présentées sous forme de carte (Figs. 5 & 6) et montrent que le bord du cratère est caractérisé par des blocs de roches plus ou moins perturbés, métriques à pluri-métriques, présentant une fracturation et un pendage vers l’intérieur ou l’extérieur du cratère.

De nouvelles observations sur la distribution du verre d’impact sont réalisées. Le verre est distribué exclusivement dans les parties extérieures sud et est du cratère (Fig. 6) Cette distribution, si on considère qu’elle reflète la distribution au moment de l’impact, permet de proposer que le cratère résulte d’un impact oblique, avec des directions possibles allant du sud-ouest au nord (dans le sens des aiguilles d’une montre).

Cette étude confirme les travaux antérieurs menés sur le cratère de l’Aouelloul et illustre la difficulté de démontrer l’origine impactante de cratères relativement petits. Les résultats de cette campagne ont fait l’objet d’une publication scientifique (Ould Mohamed Navee  et al. 2024).

Fig. 5 – Synthèse des observations structurales et lithologiques réalisées par Théodore Monod et lors de l’expédition de terrain de 2019.

Vers d’autres découvertes de cratères d’impact en Mauritanie 

Ce projet de recherche en. Mauritanie s’inscrit dans un projet plus vaste de recherche de structures d’impact dans le désert Mauritanien. Dans le cadre de ce travail, Elycheikh Ould Mohamed Navee et David Baratoux ont utilisé différentes techniques pour rechercher des structures circulaires en Mauritanie. Plus de 50 structures circulaires ont pu ainsi être cartographiées, et examinées à l’aide des données de télédétection. Sur ces 50 structures, 6 sont considérées comme particulièrement prometteuses. L’une d’entre elle, déjà connue, la structure de Temimichat Ghallaman, a été aussi visitée, uniquement par l’équipe Mauritanienne, en 2019, mais aucune conclusion définitive n’a pu être apportée à ce jour. Les conditions d’exploration de la Mauritanie s’améliorent. Elycheikh Ould Mohamed Navee, avec le concours de ses encadrants, a pu aussi susciter l’intérêt des autorités Mauritaniennes et de la population pour la thématique de recherche. Il est aussi le président fondateur de l’Association Mauritanienne d’Astronomie. Espérons que ces premiers pas permettront de belles découvertes dans l’avenir, et une poursuite de l’exploration des richesses du désert Mauritanien pour les sciences planétaires.

Fig. 6 – Cartographie de la zone de présence de verre d’impact réalisée pendant la campagne de terrain de 2019

 

par David Baratoux, directeur de recherche à l’IRD

 

Références bibliographiques

Chao, E.C.T., Dwornik, E.J., Merrill, C.W., 1966a. Nickel-iron spherules from Aouelloul glass. Science 154 (3750), 759–765. https://doi.org/10.1126/science.154.3750.75

Cressy, P.J., Schnetzler, C.C., French, B.M., 1972. Aouelloul glass: aluminum 26 limit and some geochemical comparisons with Zli sandstone. J. Geophys. Res. 77 (17), 3043–3051. https://doi.org/10.1029/JB077i017p03043

Fudali, R.F., Cassidy, W.A., 1972. Gravity reconnaissance at three Mauritanian craters of explosive origin. Meteoritics 7 (1), 51–70. https://doi.org/10.1111/j.1945- 5100.1972.tb00424.x

Fudali, R.F., Cressy, P.J., 1976. Investigation of a new stony meteorite from Mauritania with some additional data on its find site: Aouelloul crater. Earth Planet Sci. Lett. 30 (2), 262–268. https://doi.org/10.1016/0012-821X(76)90253-3

Koeberl, C., Auer, P., 1991. Geochemistry of impact glass from the Aouelloul crater, Mauritania (abstract). In: 22nd Lunar and Planetary Science Conference. pp. 731–732. Texas, U.S.A.

Monod, T., Pourquié, A., 1951. Le Cratère d’Aouelloul, Adrar. Sahara Occidental, vol. 13. Bulletin de l’Institut fondamental d’Afrique noire, pp. 293–311.

Oul Mohamed Naviee, E., et al. Aouelloul impact crater, Mauritania: New structural, lithological, and petrographic data. Journal of African Earth Sciences. https://doi.org/10.1016/j.jafrearsci.2024.105210

Storzer, D., Wagner, G.A., 1977. Fission track dating of meteorite impacts. Meteoritics 12, 368–369.

Remerciements

Ce projet a reçu le soutien de l’Office Mauritanien pour la Recherche Géologique, de la Fondation de la Famille Barringer, de l’Initiative Africaine pour les Sciences des Planètes et de l’Espace, de la fondation ATTARIK, et de l’Institut de Recherche pour le Développement.

 

 

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