LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Etoiles africaines: Salma Sylla Mbaye (Sénégal)

Etoiles africaines: Salma Sylla Mbaye (Sénégal)

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Salma Sylla Mbaye, doctorante à l’Université Cheikh Anta Diop, à  Dakar au  Sénégal . Pour ma recherche je m’intéresse au flash d’impact sur Jupiter et à l’étude des étoiles variables.

Salma Sylla Mbaye

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

J’ai suivi une formation en Physique Atomique et Nucléaire où j’ai obtenu un Diplôme d’Études Approfondies (DEA). Durant cette période j’ai eu l’opportunité de participer à des conférences au niveau national et international sur l’astronomie et d’avoir d’importants contacts. Suite à ma participation à la conférence du Réseau Africain Atome et Molécule (LAM Network) organisée par mon université, j’ai eu l’opportunité de participer à une conférence importante (IAU Symposium No. 277,Tracing the Ancestry of Galaxies) au Burkina Faso grâce au programme de financement TAD (Teaching Astronomy for Development) de l’Union Astronomique Internationale (IAU).  Cette importante rencontre regroupant plusieurs astronomes du monde entier m’a permis de trouver un stage en France à l’Institut de recherche sur les lois fondamentales de l’Univers du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Ensuite j’ai suivi deux programmes de formation en ligne en astronomie organisés respectivement par l’observatoire de Paris et l’université de Lancashire. Cependant c’est quelques années plus tard que j’ai pu entamer un doctorat en astrophysique.

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Mon intérêt en Astronomie a commencé à l’Université même si depuis l’école secondaire j’étais très attirée par les sciences spatiales, je lisais beaucoup d’ouvrages sur les objets volants non identifiés et j’étais toujours en quête de livres qui parlent des sciences spatiales mais en vain, comme ces sciences particulièrement l’astronomie n’est pas dans les curricula dans mon pays. C’est surtout ma rencontre avec une astrophysicienne qui m’a beaucoup inspirée, qui a été décisive dans ce choix de suivre une carrière en astronomie. Cependant il a fallu attendre plusieurs années pour que des perspectives se déclenchent suite à ma participation à la journée d’échange sur l’Astronomie au Sénégal organisée en partenariat avec un chercheur français de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l’Université Cheikh Anta Diop et l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie.

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

La plus grande difficulté c’est le fait que l’astronomie n’est pas encore enseignée dans mon pays, nous n’avons pas encore d’observatoire astronomique. Ainsi je dois souvent voyager comme mon doctorat se fait dans le cadre d’un partenariat, avec le Maroc, la Belgique et la France. Il est très intéressant de bénéficier d’autres expériences , de découvrir d’autres cultures. La contrainte majeure est de ne pas pouvoir voyager avec sa famille même un bébé, si c’est entre pays africains le problème ne se pose pas car il n y a pas de contrainte de visa contrairement pour l’Europe. Je bénéficie de supports financiers pour mes visites scientifiques mais ces programmes ne prennent en compte les déplacements avec des proches.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

J’encourage les filles qui veulent suivre l’astrophysique, je leur demande de bien travailler, d’aimer les filières STIM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques). Je leur conseille de croire à leur potentiel, elles aideront à changer la tendance actuelle, d’améliorer les statistiques sur les filles en science et elles seront au cœur des futures innovations technologiques et scientifiques pour un monde meilleur et équitable. Je les invite à ne pas avoir peur d’explorer le champ de l’astrophysique, elles pourront bénéficier des programmes prestigieux de bourse pour les filles/femmes dans les sciences (Oreal UNESO, OWSD, etc).

Si vous avez quitté l’astrophysique, quel a été l’apport de vos études dans ce domaine pour votre carrière/vie?

L’astrophysique étant multidisciplinaire, elle permet d’avoir d’autres compétences comme en informatique, technologie, etc. Ainsi il n’est pas rare de voir des astrophysiciens dans d’autres métiers comme travailler dans des entreprises, faire de la communication scientifique. Même si ce n’est pas dans mes rêves, si je quittais l’astrophysique, avec toutes les opportunités et les compétences acquises je pourrais trouver autre chose.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Les femmes africaines en Astrophysique, en plus de devoir faire leurs preuves vis-à vis de la communauté scientifique, doivent relever le défi de pouvoir encourager d’autres filles à faire les mêmes choix. Dans la plupart des sociétés africaines , on note un taux important de scolarisation des filles mais peu d’entre elles arrivent au niveau supérieur afin de pouvoir faire des carrières scientifiques comme l’astrophysique. Ainsi en tant que femme africaine scientifique, il y a un grand combat à mener pour changer ces pratiques, montrer que l’astrophysique ou les filières scientifiques en général ne sont pas uniquement destinées au hommes. Les femmes peuvent également aider à combler le fossé de scientifiques et relever le niveau de développement du continent.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Je suis en train de faire mon doctorat dans le but de pouvoir enseigner l’astrophysique dans mon pays et participer au développement de la recherche de cette filière au Sénégal. En tant que coordonnatrice nationale du Bureau de Sensibilisation à l’astronomie (NOC) de l’IAU, je participe à la dissémination au niveau local, j’organise avec des partenaires locaux et internationaux des programmes de formation, de renforcement de capacité. Avec le Réseau Astronomique pour l’Éducation Scolaire (NASE) nous avons deux fois organisé des formations de formateurs et nous comptons répéter l’expérience tous les ans. Nous avions projeté d’organiser une école d’été à Dakar en 2020 grâce au financement du bureau de l’astronomie pour le développement  mais ceci a été reporté à cause de la pandémie de la covid-19, cependant une version en ligne est envisageable pour préparer l’activité en présentiel. Je participe également à des programmes de dissémination au niveau international, comme le projet de l’IAU intitulé « Women and Girls in Astronomy ».

Etoiles africaines: Tana Joseph (Afrique du Sud)

Etoiles africaines: Tana Joseph (Afrique du Sud)

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Tana Joseph. Je suis une astronome sud-africaine, actuellement basée au Royaume-Uni, mais travaillant à distance en tant que chercheuse postdoctorale à l’Université d’Amsterdam.

Tana Joseph

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

J’ai eu un parcours très direct pour devenir astronome. J’ai décidé de devenir astronome à l’âge de 11 ans. J’ai donc travaillé dur pour obtenir de bonnes notes à l’école, notamment en mathématiques et en physique. J’ai ensuite obtenu un diplôme de premier cycle en physique à l’université du Cap, puis une maîtrise en astronomie dans la même université. Pour mon doctorat, je suis allé à l’université de Southampton, au Royaume-Uni. En 2013, j’ai terminé mon doctorat et je suis retourné au Cap.

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Au milieu des années 90, j’ai commencé à voir les images de galaxies et de nuages de poussière célestes prises par le télescope spatial Hubble et publiées dans mon journal local, le Cape Times. Grâce aux légendes et aux articles qui accompagnaient ces images, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas seulement de belles photos, mais aussi de données scientifiques. J’ai donc décidé que je voulais être un scientifique qui travaille avec de telles images.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Je commencerais par dire que les filles ont toujours été suffisamment capables, intelligentes et travailleuses pour étudier ce qu’elles veulent. Si elles veulent faire de l’astrophysique, je leur recommande de trouver des clubs, des activités ou des personnes partageant les mêmes idées qui peuvent les aider à réaliser leur rêve d’étudier l’astrophysique. Cela peut se faire en ligne, à l’école ou n’importe où. Avoir un tel soutien sera très utile.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Oui. Il existe des problèmes de discrimination raciale et sexiste dans le monde universitaire et scientifique en particulier, et ces problèmes affectent beaucoup les femmes africaines. C’est pourquoi beaucoup d’entre nous travaillent très dur pour que la science et l’astrophysique soient un meilleur endroit pour les femmes africaines.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Je travaille sur les observations de deux galaxies proches réalisées par les deux télescopes précurseurs du futur télescope radio géant SKA (qui sera construit en Afrique du Sud), ASKAP et MeerKAT.

Etoiles africaines: Priscilla Muheki (Ouganda)

Etoiles africaines: Priscilla Muheki (Ouganda)

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Priscilla Muheki et je suis maître de conférences au  département de physique de l’université de science et de technologie de Mbarara. Je suis doctorante en dernière année d’astronomie en Ouganda, et je suis ougandaise d’origine

Priscilla Muheki

 

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

J’ai décidé de faire de l’astronomie, d’abord grâce à l’inspiration de mon superviseur, le professeur Edward Jurua, mais aussi par curiosité. Chaque fois que je lisais un article ou que je regardais un documentaire ou un film inspiré par la fiction spatiale, j’étais très captivée et j’ai donc décidé de consacrer plus de temps à essayer de comprendre ces choses qui me paraissaient mystérieuses

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Oui, bien sûr ! Comme la plupart des scientifiques et des astronomes des pays en développement. L’astrophysique n’en est encore qu’à ses débuts en Ouganda, ce qui pose des problèmes de supervision et de mentorat, de ressources telles que l’accès aux télescopes, de fonds limités pour se rendre à des conférences et à d’autres réunions astronomiques, au cours desquelles davantage de collaborations et de visibilité seraient possibles, entre autres choses. Je tiens à remercier du fond du coeur Edward Jurua qui, grâce au financement du programme scientifique international de l’université d’Uppsala, nous a donné (et à moi en particulier) l’occasion de rencontrer et d’interagir avec de grands scientifiques qui ont fini par faire partie de mon équipe de supervision. En dehors de l’aspect académique, il y avait aussi des défis d’ordre social. Je suis mariée et j’ai des enfants, et il était donc assez difficile de concilier famille, travail et études. J’ai parfois dû faire des sacrifices pour l’un ou l’autre.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Mon conseil est qu’il est possible d’être ce que vous voulez être et surtout de faire ce que vous rêvez de faire. Personne ne doit vous faire croire que vous n’êtes pas à la hauteur et oui, les femmes africaines peuvent elles aussi apporter des contributions scientifiques importantes à l’astronomie et à la science en général. Gardez le moral!

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Oui. Je pense que l’un des principaux défis est l’attente de la plupart des sociétés et cultures africaines selon laquelle une femme africaine doit être mariée, avoir des enfants et s’occuper de la famille. Cela implique donc une forte pression lorsqu’on essaie de concilier études et vie sociale. Cela a conduit la plupart des filles/femmes à s’écarter du chemin car cela devient vraiment difficile.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Mon principal projet actuel est d’inciter le plus grand nombre possible de filles à faire carrière dans les STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) en utilisant l’astronomie. Pour ce faire, j’ai mené des actions de sensibilisation dans des écoles secondaires pour inciter les filles à faire de la physique et à aspirer à des carrières dans les STIM en utilisant l’astronomie. Je fais également partie des initiatrices du Réseau africain des femmes en astronomie, un sous-comité de la Société africaine d’astronomie qui vise à ce que davantage de femmes rejoignent et restent dans le domaine de l’astronomie en Afrique.

Etoiles africaines: Brenda Namumba (Zambie)

Etoiles africaines: Brenda Namumba (Zambie)

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Brenda Namumba et je viens de Zambie. Je suis actuellement en séjour  post-doctoral à l’université de Rhodes, en Afrique du Sud.

Brenda Namumba

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

Je suis diplômée de l’université de Zambie, où j’ai obtenu une licence en physique. Plus tard, j’ai déménagé en Afrique du Sud pour suivre un cursus d’un an en astrophysique et sciences spatiales à l’université du Cap. J’ai obtenu une maîtrise de deux ans en astrophysique à l’université de Kwazulu-Natal. Enfin, j’ai suivi un programme de doctorat de quatre ans en astrophysique à l’université du Cap.

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Lorsque j’étais à l’école, je m’intéressais à toutes sortes de choses scientifiques. Il était généralement plus facile pour moi de comprendre les concepts scientifiques que les sciences sociales. J’ai su très tôt dans mon parcours scolaire que je ferais carrière dans les sciences. Je dois souligner que même si je ne savais pas précisément dans quel domaine scientifique je voulais travailler, je savais que mon avenir était dans les sciences. J’ai décidé de poursuivre ma carrière en astrophysique en 2009, lorsque j’ai participé à mon tout premier atelier universitaire, connu sous le nom d’atelier IHY-SCINDA. J’ai réalisé tout ce que nous pouvions apprendre sur notre univers en écoutant des conférences, des exposés et en discutant avec des experts et des étudiants en sciences spatiales et en astronomie. Il convient de noter que c’était la première fois que je voyais la lune à travers un télescope. J’étais émerveillée, curieuse et désireuse d’en apprendre davantage sur le monde.

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Je pense que tout le monde rencontre des obstacles ! Il faut environ dix ans pour passer du premier cycle au doctorat en astrophysique. Cela peut être assez difficile, surtout si les gens vous demandent sans cesse pourquoi vous avez choisi d’étudier alors que vos collègues travaillent tous. Mais ce n’est pas grave si vous aimez ça ! La recherche peut être un défi. Il est courant de rencontrer divers obstacles au fur et à mesure de l’avancement d’un projet de recherche, qu’il s’agisse de problèmes de données, de soumission de demandes d’observations, de publications, etc. Tous les défis auxquels j’ai été confronté m’ont rendu plus forte et plus prête à essayer de nouvelles choses. La clé pour surmonter les difficultés est de les anticiper, de les prévoir et de les accepter comme une partie normale de la vie…

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Il n’y a rien à craindre en poursuivant une carrière scientifique. La seule chose dont vous avez besoin est la passion et le travail acharné. En poursuivant votre carrière, entourez-vous d’excellence, de personnes qui comprennent vos rêves. L’astrophysique est très diversifiée. Elle vous permet d’explorer le cosmos et vous met en contact avec la nature. Elle permet également de participer à l’avancement de la technologie qui est bénéfique pour les humains. J’encourage les jeunes filles, notamment en Afrique, à s’intéresser de près à l’astrophysique.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Le manque de modèles est le plus grand défi auquel sont confrontées les femmes en astrophysique en Afrique. En tant que première femme zambienne à obtenir un doctorat en astrophysique, j’ai grandi sans modèle féminin. C’est intimidant, d’une certaine manière. Vous ne savez pas où trouver l’inspiration. Je pense que ma situation est similaire à celle de nombreuses femmes africaines en astrophysique. Cependant, il est passionnant de voir que nos jeunes sœurs n’auront pas à chercher loin leur motivation. Elles peuvent désormais regarder au sein de leur communauté et voir des femmes qui ont atteint des sommets. Cela leur donne l’espoir et le courage de pouvoir elles aussi réaliser leurs rêves.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Outre mes recherches, je fais partie du « Project Kuongoza Mentoring Program« , qui sensibilise les jeunes filles africaines à l’importance et aux avantages de l’éducation. Je donne également des conférences publiques pour éduquer le grand public, en particulier les jeunes, sur l’astronomie et son lien avec notre vie quotidienne.

Je m’adresse à mes consœurs africaines travaillant dans le domaine de l’astrophysique : nous devons motiver les jeunes filles sur les avantages de l’éducation et de la carrière d’astrophysicien. Nous devons éveiller l’intérêt des filles pour la science et travailler dur pour le maintenir. « Quoi que tu veuilles faire, si tu veux y exceller, tu dois l’aimer et être capable de faire des sacrifices pour cela » ~ Maya Angelou

 

 

Etoiles africaines: Hambeleleni Davids (Namibie)

Etoiles africaines: Hambeleleni Davids (Namibie)

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Hambeleleni Davids et je suis né à Windhoek, en Namibie. J’ai grandi dans une petite ville appelée Okongo, dans le nord de la Namibie. J’ai fait mes études secondaires au lycée Elcin Nkurenkuru, dans la région de Kavango West, et j’ai obtenu ma licence (avec mention) en physique et géologie à l’Université de Namibie (UNAM) en 2014. En 2015, j’ai entrepris des études de troisième cycle pour un Master en astrophysique à l’Université du Nord-Ouest (NWU), à Potchefstroom, en Afrique du Sud. Pour mon master, j’ai travaillé sur l’analyse des données des amas globulaires qui sont de grandes collections de vieilles étoiles en orbite autour du noyau d’une galaxie. Les amas globulaires contiennent des pulsars millisecondes (MSP) qui émettent des rayons gamma (la forme la plus énergétique de la lumière). Les rayons gamma de ces objets sont facilement enregistrés par les télescopes et les satellites. Au début de 2017, je me suis inscrite pour un doctorat dans la même université (c’est-à-dire la NWU) et au milieu de l’année, j’ai reçu une offre pour un poste de maître de conférences à l’UNAM en Namibie. Cela m’a permis de poursuivre mes recherches de doctorat à temps partiel tout en enseignant la physique en premier cycle à l’UNAM. Je suis toujours chargée de cours de physique à l’UNAM et j’apporte les dernières corrections à ma thèse de doctorat. La thèse a été évaluée comme une « réussite ».

Hambeleleni Davids

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

Je suis en fait devenue astrophysicienne par accident — hahahah. J’avais prévu d’étudier le génie électrique, mais ce projet ne s’est pas concrétisé. Ensuite, j’ai choisi d’étudier la géologie, mais j’ai fini par échouer à un test d’aptitude en géologie. J’ai alors décidé de m’inscrire à un diplôme en physique et en géologie. Au cours de ma troisième année dans ce programme de premier cycle, notre classe de physique a fait une excursion sur le site du système stéréoscopique à haute énergie (H.E.S.S.). H.E.S.S. est un système de télescopes qui utilise l’atmosphère terrestre pour détecter les rayons gamma cosmiques dans la gamme d’énergie des photons de 0,03 à 100 TeV, lumière de la plus haute énergie connue à ce jour par l’homme. La visite du site H.E.S.S. a changé ma vie. J’ai été fascinée par les plus grands télescopes à rayons gamma du monde – situés dans mon pays, en Afrique – et par la quantité de données qu’ils recueillent. Ce même jour, j’ai décidé que je voulais en savoir plus sur l’astronomie.

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Je suppose mon amour pour les sciences. J’aimais toutes les sciences et les maths à l’école. La visite des télescopes m’a également beaucoup marquée. Regarder ces télescopes étonnants, hauts comme des immeubles de 12 étages, et écouter le concept de détection des rayons gamma était remarquable pour moi. C’est à ce moment-là que j’ai su que je devais être astrophysicienne.

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Je pense que tout le monde a rencontré des difficultés dans ses études. J’ai toujours rencontré des difficultés dans mes recherches, car la recherche est toujours un défi. Il est normal de rencontrer des difficultés, qu’il s’agisse de problèmes de données ou de logiciels que vous apprenez à utiliser, etc. Cependant, j’ai essayé de trouver un moyen de contourner ou de résoudre le problème et j’ai toujours demandé l’aide de mes superviseurs et de mes amis (dans les mêmes domaines) lorsque cela était nécessaire. Outre les difficultés scolaires, les femmes africaines sont confrontées à plusieurs aspects pendant leurs études. Il s’agit notamment de devoir effectuer toutes les tâches ménagères pour la tante ou l’oncle chez qui vous avez déménagé pour pouvoir rester dans la ville où se trouve l’université ; de devoir enseigner, donner des cours particuliers, éduquer, etc. frères et sœurs, cousins et nièces en même temps pendant que vous vous concentrez sur vos études ; ne pas avoir d’électricité ni de lumière à la maison dès 21 heures ; dormir sur des tables sur le campus dans le centre d’études ouvert 24 heures sur 24 pour contourner le manque d’électricité à la maison – tout en devant dire à votre tante que vous restez avec une de vos amies ( !), pour n’en citer que quelques-unes.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Aux jeunes filles, je veux simplement dire : battez-vous pour réaliser vos rêves, car personne ne les réalisera pour vous ; choisissez le domaine qui vous plaît et non ce que vos amis ou vos parents vous forcent à faire, afin de ne pas être trop contraintes. Il est très important d’avoir confiance en soi car, en tant que jeune fille, il peut être difficile de trouver un mentor qui vous encourage. Cependant, si possible, essayez d’aller vers les gens et trouvez des personnes avec lesquelles vous pouvez vous identifier. Je conseille vivement à celles qui se destinent à des carrières dans le domaine de l’astrophysique et des sciences de l’espace de consacrer un peu de temps à la programmation et aux mathématiques — car elles sont utiles dans ces domaines. Enfin, il faut rappeler aux jeunes filles que l’époque où les femmes ne devaient faire que certains travaux désignés dans la société est révolue – les deux groupes de sexe peuvent contribuer de manière égale à l’amélioration de la société dans n’importe quel pays de la planète !

Si vous avez quitté l’astrophysique, quel a été l’apport de vos études dans ce domaine pour votre carrière/vie?

Je suis heureuse dans le monde universitaire et je n’ai pas l’intention de quitter l’astrophysique, mais si je devais le faire, je pourrais m’appuyer sur les nombreuses compétences que j’ai acquises en suivant ma passion pour l’astrophysique : travailler avec beaucoup de données et sur la modélisation informatique de systèmes complexes, ce qui, je crois, est très important dans le monde actuel. J’ai eu la chance de pouvoir travailler dans des environnements de grandes collaborations internationales, d’assister et de présenter à des conférences internationales à l’étranger, de passer du temps au Royaume-Uni, à l’université d’Oxford, etc.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Je pense que certains défis affectent les femmes africaines en astrophysique. Il s’agit notamment du manque de mentorat efficace : La plupart des femmes sont élevées pour être « juste des épouses et des mères », ce qui limite leurs possibilités de rester dans le domaine. La plupart des parents africains veulent voir leurs filles se marier après leur premier diplôme, de sorte qu’après leur diplôme, elles vaudront un bovin ou plus …. hahahahah. Un autre défi auquel les femmes africaines sont confrontées est de devoir cuisiner, laver la vaisselle, les vêtements, nettoyer la maison alors que les hommes africains ont leur temps libre qu’ils peuvent utiliser pour étudier. Un autre défi que je vois est le manque de confiance en soi qui, je crois, est lié au manque d’auto-motivation et aussi au fait de savoir qu’il n’y a rien de mal à être une femme astrophysicienne.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Actuellement, je participe occasionnellement aux observations nocturnes de sources de rayons gamma avec H.E.S.S. À l’avenir, j’envisage de participer à des projets majeurs tels que le Cherenkov Telescope Array (CTA) et le Square Kilometer Array (SKA). J’ai également l’intention d’améliorer notre modèle d’émission leptonique d’amas globulaires et de m’impliquer dans les dernières données multi-longueurs d’onde, car elles permettront de contraindre plusieurs quantités du modèle, ce qui améliorera notre compréhension de l’environnement des amas globulaires. J’aimerais également lancer un programme de mentorat en astronomie pour les jeunes filles, car je pense que si les femmes en astrophysique se lèvent et deviennent des mentors et des modèles pour les futures scientifiques, cela aidera celles qui sont vraiment intéressées par ce domaine.

 

 

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