LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Priscilla Muheki et je suis maître de conférences au  département de physique de l’université de science et de technologie de Mbarara. Je suis doctorante en dernière année d’astronomie en Ouganda, et je suis ougandaise d’origine

Priscilla Muheki

 

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

J’ai décidé de faire de l’astronomie, d’abord grâce à l’inspiration de mon superviseur, le professeur Edward Jurua, mais aussi par curiosité. Chaque fois que je lisais un article ou que je regardais un documentaire ou un film inspiré par la fiction spatiale, j’étais très captivée et j’ai donc décidé de consacrer plus de temps à essayer de comprendre ces choses qui me paraissaient mystérieuses

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Oui, bien sûr ! Comme la plupart des scientifiques et des astronomes des pays en développement. L’astrophysique n’en est encore qu’à ses débuts en Ouganda, ce qui pose des problèmes de supervision et de mentorat, de ressources telles que l’accès aux télescopes, de fonds limités pour se rendre à des conférences et à d’autres réunions astronomiques, au cours desquelles davantage de collaborations et de visibilité seraient possibles, entre autres choses. Je tiens à remercier du fond du coeur Edward Jurua qui, grâce au financement du programme scientifique international de l’université d’Uppsala, nous a donné (et à moi en particulier) l’occasion de rencontrer et d’interagir avec de grands scientifiques qui ont fini par faire partie de mon équipe de supervision. En dehors de l’aspect académique, il y avait aussi des défis d’ordre social. Je suis mariée et j’ai des enfants, et il était donc assez difficile de concilier famille, travail et études. J’ai parfois dû faire des sacrifices pour l’un ou l’autre.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Mon conseil est qu’il est possible d’être ce que vous voulez être et surtout de faire ce que vous rêvez de faire. Personne ne doit vous faire croire que vous n’êtes pas à la hauteur et oui, les femmes africaines peuvent elles aussi apporter des contributions scientifiques importantes à l’astronomie et à la science en général. Gardez le moral!

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Oui. Je pense que l’un des principaux défis est l’attente de la plupart des sociétés et cultures africaines selon laquelle une femme africaine doit être mariée, avoir des enfants et s’occuper de la famille. Cela implique donc une forte pression lorsqu’on essaie de concilier études et vie sociale. Cela a conduit la plupart des filles/femmes à s’écarter du chemin car cela devient vraiment difficile.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Mon principal projet actuel est d’inciter le plus grand nombre possible de filles à faire carrière dans les STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) en utilisant l’astronomie. Pour ce faire, j’ai mené des actions de sensibilisation dans des écoles secondaires pour inciter les filles à faire de la physique et à aspirer à des carrières dans les STIM en utilisant l’astronomie. Je fais également partie des initiatrices du Réseau africain des femmes en astronomie, un sous-comité de la Société africaine d’astronomie qui vise à ce que davantage de femmes rejoignent et restent dans le domaine de l’astronomie en Afrique.

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