LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
Un club d’astronomie au Bénin: ORION BENIN

Un club d’astronomie au Bénin: ORION BENIN

Né à la suite de nombreuses séances de planétarium qui se sont déroulées au centre culturel français de Cotonou d’Octobre à Novembre 2004, le CLUB ASTRONOMIQUE ORION BENIN est une association à but non lucratif, à caractère culturel et scientifique. ORION BENIN souhaite rassembler les passionnés d’Astronomie et des Sciences, leurs permettre de pratiquer leur passion, de partager leurs connaissances avec les autres et favoriser l’accès pour tous à la culture scientifique. ORION BENIN a pour objectif principal, la promotion et la vulgarisation de l’Astronomie et des Sciences Spatiales. L’Espace et l’Astronomie sont des domaines qui répondent à la nécessité de découvrir le monde qui nous entoure. Découvrir le Système Solaire, comprendre les phases de la Lune, le mouvement apparent des étoiles, le fonctionnement des satellites, apprendre à fabriquer et à utiliser des instruments de mesure et d’observation…  

En bref, faire de l’Astronomie un loisir, une passion. Conjuguer à la fois, Science, Culture et Loisir. Nous proposons au public et à nos membres des séances d’observations, des conférences, des séances de planétarium numérique, des projections de documentaires astronomiques et scientifiques, des ouvrages et revues scientifiques etc. Nous sillonnons les écoles pour répondre aux préoccupations des élèves, nous organisons également des manifestations publiques à l’occasion d’évènements astronomiques importants. Nous organisons des ateliers scientifiques au cours desquels des expériences sont faites pour comprendre certains phénomènes simples que nous observons tous les jours.

Journée de lancement des activités scolaires en Novembre 2020.

Les actions déjà menées au Bénin par Club Astro-Orion Bénin

Trois grandes missions pédagogiques, issues de l’observatoire de Paris, se sont déjà rendues au Bénin. La première, en 2006, comprenait vingt-cinq étudiants et enseignants du Master-Recherche d’ « Astronomie et d’Astrophysique ». Elle y a conduit une série d’observations de l’éclipse totale de soleil du 29 mars près de la ville de Savalou.

La seconde, à l’occasion de l’éclipse totale de lune du 3 mars 2007, était formée de trois étudiants et d’un enseignant, elle a encadré des observations ouvertes au grand public et donné des conférences dans les villes de Cotonou et de Savalou.

La troisième, dans le cadre de l’AMA 2009 Bénin (Année Mondiale de l’Astronomie) avec la participation composée des professeurs et des doctorants de l’Observatoire de Paris. Les villes où ce projet s’est déroulé du 2 au 5 avril 2009 sont : Cotonou, Porto-Novo, Abomey-Calavi, Abomey, Savalou et Parakou.

Entre octobre 2008 et août 2010, le club a organisé des ateliers scientifiques avec des enfants de 9 à 15 ans au Centre Culturel Français de Cotonou (l’actuel Institut Français de Cotonou). Le but de ces ateliers a été d’amener les enfants d’une façon ludique à comprendre ce qui se passe autour d’eux, en les faisant participer comme acteurs et à découvrir les explications scientifiques des phénomènes naturels. Nous avons abordé avec eux beaucoup de sujets tels que : la gravitation, les éclipses, les phases de la lune, la géométrie, le mouvement des astres etc.

La demande locale

Afin de répondre à l’immense intérêt suscité par nos diverses interventions, nous avons organisé des conférences et des ateliers scientifiques auprès des scolaires lors des semaines culturelles (à Porto-Novo au lycée Béhanzin en mai 2010, au CEG Danto), des professeurs et des universitaires lors des journées de l’étudiant (Journée de l’étudiant de la FAST en 2009) et autre. De plus, nous avons mis sur pied des soirées d’observations à l’aide de notre matériel et de celui confié au club « Orion ». Tous ces événements ont rencontré le plus grand succès auprès du public. Ces manifestations nous ont mis en contact avec un millier de jeunes environ, et ont clairement montré que la demande d’information et la curiosité du public vis-à-vis des objets du ciel était très vive. A ce jour, nos amis béninois nous confirment que l’intérêt est toujours aussi fort.

Journée de formation à la Bibliothèque Solidaire de Médéjonou (Septembre 2020)

Depuis Juin 2017, le Club en partenariat avec la Fondation des Astéroïdes, organise à travers diverses activités des séances de sensibilisation sur les astéroïdes et les potentiels risques d’impact qu’ils peuvent poser. La toute première édition de cette campagne de sensibilisation a eu lieu le vendredi 30 Juin 2017, dans l’amphithéâtre Géo1 de l’Université d’Adjarra avec plus de 500 étudiants de ladite faculté.

Le 12 septembre 2020, le club a organisé une journée de formation pour les animateurs des clubs scolaires à la Bibliothèque Solidaire de Médédjonou dans la commune d’Adjarra. A cette journée, il y a eu la formation à l’initiation et à la manipulation du Télescope et d’une petite lunette astronomique, l’initiation à la lecture à la lecture de la carte du ciel pour mieux comprendre les constellations, les mouvements des étoiles, et une expérience sur la formation des cratères de la Lune.

Distribution de cartes du ciel dans une classe.

Le vendredi 06 Novembre 2020, le club a fait le lancement officiel de ses activités scolaires et universitaires. C’est le Collège d’Enseignement Général AKPASSA de la ville de Porto-Novo qui a servi de cadre pour les manifestations avec une forte participation des élèves et, en présence d’une délégation des autorités du collège. Plusieurs activités ont meublé cette journée d’abord une conférence sur l’Astronomie et ses domaines connexes, ensuite « Astro Découverte Bric à Brac » pour permettre aux participants de prendre leur premier contact avec des mots ou expressions en astronomie à travers la lecture des revues scientifiques mises à leur disposition pour la circonstance et enfin l’initiation à la lecture de la carte du ciel.

Distribution de magazines d’astronomie dans une classe.

Projets d’avenir

Notre ambition est de couvrir un maximum d’écoles pour susciter chez les jeunes la volonté de faire l’astronomie une carrière et, faire de l’astronomie à l’horizon 2030 une profession au Bénin en octroyant des bourses d’études à nos jeunes bacheliers pour faire des études en astronomie. Nous avons aussi en projet d’avoir un observatoire de recherche, de développer l’astrotourisme etc. Nous lançons un appel vibrant à tous les partenaires nationaux qu’internationaux à nous soutenir dans cette mission.

Pide Aristide Hanhanzo los de la Journée internationale des Femmes et de Filles en Astronomie (12 Février 2021).

Contact: Pide Aristide Hanhanzo.

Vous pouvez contacter le club sur Facebook.

Un astronome Kényan étudie la variabilité d’étoiles massives en formation

Un astronome Kényan étudie la variabilité d’étoiles massives en formation

Les étoiles se forment dans des nuages de gaz et de poussières, sous l’influence de la gravitation, qui est liée à la masse des nuages. Les étoiles massives, définies comme celles ayant une masse supérieure à 8 masses solaires, sont d’un intérêt majeur dans la formation des étoiles. Bien qu’elles soient extrêmement rares -elles  représentent moins de 1 % de la population des étoiles – elles jouent un rôle majeur dans le milieu interstellaire environnant avec leurs puissants vents stellaires ainsi que les chocs des supernovae qu’elles engendrent.

La formation d’étoiles massives représente un des problèmes astrophysiques majeurs non résolus. La question clé est de comprendre comment ces étoiles parviennent à accumuler autant de matière lors de leur processus de naissance. En effet, plus une étoile accrète du gaz, plus elle rayonne, et ce rayonnement a pour conséquence de repousser le gaz, limitant ainsi la quantité de gaz accrétée. Les modèles théoriques de formation d’étoiles prédisent une compétition entre l’accrétion de gaz sous l’effet de la gravité et son expulsion par différents mécanismes liés au rayonnement de l’étoile. Les étoiles massives en formation doivent donc être variables, dans des temps assez courts, de l’ordre de quelques années. Observer de telles variations, et les mesurer est très important pour contraindre les modèles de formation des étoiles, et trouver la meilleure explication à la formation des étoiles massives.

Gauche: Carte radio en couleurs de l’étoile massive en formation G133.7150 et de ses contours (en noir) observés en 2012. Les contours argentés montrent les positions et les morphologies des sources radio dans l’observation de 2018. Ces observations mettent en évidence la variabilité de cette étoile. Droite: Willice Obonyo, l’auteur principal de l’étude.

Observer la variabilité d’étoiles massives en formation est donc très important, mais aussi très difficile, car ces étoiles sont rares, et même les plus proches se trouvent relativement loin du soleil rendant leur observation difficile. C’est le défi qui a été relevé par Willicie Obonyo, brillant chercheur Kenyan actuellement à Leeds au Royaume Uni. Dans un article publié dans le prestigieux Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, il présente des observations de 5 étoiles massives en formation, et arrive à démontrer que quatre d’entre elles sont variables. Ces observations, dans le domaine radio, ont été obtenues  avec le Karl Jansky Very Large Array. Ce réseau de radiotélescopes, situé au Nouveau Mexique aux Etats-Unis a été rendu célèbre avec le film Contact, dans lequel Jodie Foster découvre un signal d’origine extraterrestre. Ces  observations de l’astrophysicien Kényan Willice Obonyo ne permettront pas de déchiffrer le signal extraterrestre du film, mais apportent des contraintes importantes pour notre compréhension de la formation des étoiles massives.

Novembre 2024 – Janvier 2025

Novembre 2024 – Janvier 2025

EN PARTENARIAT AVEC RFI et SSVI :

Vous rêvez de partager vos connaissances du ciel avec une lunette astronomique ? Notre jeu concours du trimestre, en partenariat avec RFI, est pour vous, partagez nous vos expériences d’observations du ciel africain via des photos, des textes, des images, des dessins…  Envoyez nous cela sur notre page facebook https://www.facebook.com/lastronomieafrique, la personne qui nous touchera le plus emportera une lunette SSVI.

Le vainqueur de la lunette du trimestre est l’association Haikintana qui vient de créer une antenne de son association à Majunga à Madagascar. 

Merci à tous les participant(e)s, continuez à participer, il y aura une lunette à gagner chaque trimestre!

L’observatoire astronomique sud-africain

L’observatoire astronomique sud-africain

Origines

L’Observatoire astronomique sud-africain aime à faire remonter son histoire à 1820, date à laquelle son institution mère, l’Observatoire royal du Cap de Bonne-Espérance, a été fondée.

L’Observatoire du Cap a été créé en tant que version méridionale de l’Observatoire royal de Greenwich, en Angleterre. Les scientifiques et les navigateurs anglais estimaient que le ciel de l’hémisphère sud avait été négligé depuis l’expédition de Nicolas-Louis de La Caille au Cap en 1751-53. Entre temps, de nombreuses étoiles avaient changé de position en raison de leur mouvement propre et les techniques d’observation s’étaient améliorées. La motivation pour un nouvel observatoire est venue du bureau des longitudes britannique, un organisme dont le but était d’améliorer la navigation en mer (l’une de leurs plus grandes réalisations a été d’encourager le développement des premiers chronomètres marins).

Le campus de l’Observatoire royal de la SAAO au Cap est au premier plan. Au milieu se trouve le bâtiment principal en forme de H datant des années 1820. À l’arrière-plan se trouve le Devil’s Peak, vu en silhouette contre la célèbre Table Mountain. À droite se trouve Lion’s Head.

Fondée en 1806, la colonie britannique du Cap de l’époque ne représentait qu’une petite partie de ce qu’est aujourd’hui l’Afrique du Sud et même de la province actuelle connue sous le nom de Western Cape. Le pays connu aujourd’hui sous le nom d’Afrique du Sud n’a été formé qu’en 1910, par la fusion de quatre entités politiques distinctes.

Le premier directeur sélectionné pour le nouvel observatoire a été Fearon Fallows, un jeune mathématicien de l’université de Cambridge. Il est arrivé au Cap en 1821 et a choisi une petite colline qui pouvait être observée à partir de navires amarrés à Table Bay, où il n’y avait pas encore de port. Il a dû organiser la construction du bâtiment de l’observatoire et l’installation des premiers instruments, qui étaient à la pointe de la technologie à cette époque.

L’Observatoire comportait en son centre deux salles principales, chacune avec des volets qui s’ouvraient pour donner une vue dégagée le long du méridien. L’une d’elles contenait un « cercle mural », un instrument fixé à un mur orienté nord-sud et utilisé pour observer les déclinaisons. L’autre contenait un instrument de transit et une horloge, utilisés pour trouver les ascensions droites. Le reste du bâtiment servait de résidence aux trois astronomes.

Fallows est mort d’une fièvre en 1831, trois ans seulement après l’achèvement du bâtiment.

Plan de l’Observatoire royal tel qu’il a été construit en 1825. Les ailes de ce bâtiment étaient des résidences pour les astronomes. Chacune des deux grandes salles d’observation avait des volets qui s’ouvraient le long du méridien afin que le cercle mural à gauche et le télescope méridien à droite puissent voir le ciel. La salle centrale n’a jamais été utilisée pour son utilisation initialement prévue.

 

L’Observatoire royal au XIXe siècle

Thomas Henderson lui succède, dégoûté par les conditions qu’il trouve au Cap, et ne reste qu’un peu plus d’un an. Cependant, cette année a été très productive, marquée par la première mesure de la distance d’une étoile. Il a pu mesurer la parallaxe d’Alpha Centauri, par hasard un bon choix car elle a la deuxième parallaxe la plus élevée connue jusqu’à présent.

La production de l’Observatoire sous l’impulsion des premiers astronomes était principalement une série de catalogues de positions d’étoiles. Mais ils devaient également faire des relevés géodésiques de la colonie en expansion et fournir un service de signalisation horaire pour que les capitaines de navires puissent vérifier leurs chronomètres.

Le plus célèbre des directeurs, que l’on appelait « His » ou « Her Majesty’s Astronomers », était David Gill, qui a travaillé au Cap de 1879 à 1907. Sa plus grande contribution a été d’introduire la technique de la photographie dans la réalisation de catalogues d’étoiles. Il se trouve qu’en 1882, une comète très brillante est apparue dans le ciel et a été photographiée par des amateurs locaux. Leur travail a montré très clairement que les techniques photographiques étaient alors devenues suffisamment sensibles pour enregistrer même les étoiles de fond. Gill installa un télescope spécial utilisant une lentille géante d’un type utilisé à l’époque par les photographes portraitistes. Il a pu construire un catalogue appelé « Cape Photographic Durchmusterung » ou CPD, contenant environ 450 000 étoiles. Cela aurait pris beaucoup plus de temps avec les anciennes observations visuelles. Les observations photographiques de ce type sont devenues la norme jusqu’à l’avènement des satellites spatiaux astrométriques tels qu’Hipparcos et Gaia de l’Agence spatiale européenne.

Les derniers jours de l’Observatoire du Cap

Sous la direction de Gill, l’Observatoire royal a acquis plusieurs télescopes et a commencé à s’intéresser à l’astrophysique. Plusieurs astronomes renommés y ont travaillé au cours du XXe siècle et le personnel total comptait environ 25 personnes à la fin de son mandat.

L’un des intérêts majeurs de l’Observatoire royal dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale était la photométrie de précision des étoiles, sous la direction de Alan W.J. Cousins. Il a été un pionnier et un utilisateur important de photomètres utilisant des tubes photomultiplicateurs, un type de détecteur électronique qui a été le plus fructueux et le plus précis jusqu’au développement des dispositifs à couplage de charge ou CCD. Ses normes pour la photométrie UBVRI ont été très largement adoptées.

Le soutien des astronomes britanniques à l’Observatoire royal a diminué dans les années 1960 pour diverses raisons. C’est en partie parce que l’astronomie, telle qu’elle était pratiquée en Grande-Bretagne, s’était déplacée vers le type d’objets découverts par les techniques radio et spatiales. En outre, le ciel du Cap souffrait de la pollution lumineuse. La politique d’apartheid du gouvernement sud-africain était également très mal vue par la plupart des astronomes.

L’observatoire risquait donc d’être fermé mais dans ses dernières années, une proposition a été faite pour créer une nouvelle institution commune britannique/sud-africaine, l’actuel Observatoire astronomique sud-africain (SAAO). Cette proposition intégrait également l’Observatoire de Johannesburg, connu sous le nom de Republic Observatory, une entité du gouvernement sud-africain. Ce dernier s’occupait principalement des étoiles doubles mais sa découverte la plus célèbre avait été celle de Proxima Centauri, l’étoile connue la plus proche, par Robert T.A. Innes en 1915. En 1987, le SAAO est devenu entièrement sud-africain.

 

L’observatoire astronomique sud-africain

Le 1er janvier 1972, l’Observatoire astronomique sud-africain a commencé son exploitation scientifique sous la direction de Sir Richard Woolley, qui venait de prendre sa retraite en tant que directeur de l’Observatoire royal de Greenwich en Angleterre. Une nouvelle station d’observation a été mise en place à Sutherland, à environ 400 km du Cap, dans le semi-désert du Karoo. Cette région est éloignée des villes et son climat est différent de celui du Cap. Les meilleurs et plus modernes télescopes existants ont été déplacés du Cap et de Johannesburg, le plus grand étant un télescope de 1,0 m qui se trouvait au Cap depuis 1964. Un autre télescope, l’instrument de 1,9 m qui avait appartenu à l’observatoire Radcliffe, une fondation privée britannique, a été ajouté en 1976. De nombreux astronomes de l’Observatoire royal étaient sur le point de prendre leur retraite et un certain nombre de jeunes docteurs ont pris leur place. Une collaboration fructueuse avec le département d’astronomie de l’université du Cap s’est mise en place, notamment dans le domaine de la photométrie à grande vitesse sous la direction de Brian Warner.

Woolley a été remplacé par Michael Feast en 1977. Sous sa direction, le personnel de recherche de la SAAO s’est étoffé et la production annuelle d’articles scientifiques a énormément augmenté. De nombreux  projets impliquaient la photométrie photoélectrique, la spectroscopie et la photométrie infrarouge. En 1992, Robert Stobie a succédé à Michael Feast. Bien que des tentatives aient été faites pour acquérir un télescope plus grand depuis 1987, ce n’est qu’avec le changement politique en faveur d’un gouvernement non racial en 1994 que cet objectif est devenu réalisable. Depuis cette date, de nombreux nouveaux télescopes, impliquant souvent des collaborations internationales, ont fait leur apparition à Sutherland.

 

Le plateau d’observation à Sutherland. Au fond se trouve le télescope SALT. A droite, l’ancien télescope Radcliffe de 1,9 m. De nombreux dômes plus petits contiennent des télescopes de surveillance automatisés exploités en collaboration avec des astronomes d’autres pays.

 

Une nouvelle ère a commencé en 1996 lorsque l’université du Texas a proposé de collaborer avec le SAAO pour copier son télescope Hobby-Eberly, qui permettait d’obtenir une très grande ouverture à une fraction du prix d’un instrument conventionnel monté en équateur ou en alt-azimut. En 2000, le financement du Southern African Large Telescope (SALT) a été obtenu, l’Afrique du Sud ayant participé pour environ un tiers à ce projet international. Le télescope était prêt à être utilisé à plein régime en 2011.

Le télescope SALT à Sutherland. Le miroir primaire comporte 91 segments hexagonaux et reste immobile pendant une observation. La réflexion du champ d’observation est suivie par les instruments de mesure au sommet du télescope.

Le plateau de Sutherland est devenu, au cours des deux dernières décennies, une mini-cité de télescopes. Avec le South African Radio Astronomy Observatory (SARAO), situé à 200 km de Carnarvon, qui comprend le radiotélescope MeerKAT et le futur Square Kilometer Array (SKA), l’astronomie sud-africaine est en bonne voie pour un avenir radieux.

Vers 2000, après la décision de construire le SALT, on s’est rendu compte que l’Afrique du Sud avait trop peu d’astronomes et un nouveau programme inter-universitaire a été lancé pour préparer davantage de diplômés en sciences, en particulier les Sud-africains noirs, à étudier en vue d’un doctorat. Ce programme est connu sous le nom de National Astrophysics and Space Science Programme (NASSP) et il a attiré de nombreux étudiants d’autres pays africains que l’Afrique du Sud.

Les programmes de sensibilisation et d’éducation ont été renforcés sous la direction de Phil Charles. Les succès obtenus dans ces domaines ont conduit le Bureau de l’Union Astronomique Internationale pour l’astronomie au service du développement (OAD) à établir son siège au SAAO, sous la direction de Kevin Govender.

 

 Ian Glass (South African Astronomical Observatory)

 

 

 

Interactions de galaxies dans la Grande Ourse

Interactions de galaxies dans la Grande Ourse

La compréhension de la distribution de gaz dans les amas de galaxies est vitale afin de comprendre comment les galaxies se forment. D’après le modèle standard de formation des galaxies, les galaxies les plus massives  se forment par accrétion de plus petites galaxies. Depuis plus de vingt ans, les astronomes essaient de comprendre pourquoi on observe moins de galaxies naines orbitant les galaxies géantes que ce qui est prévu par ce modèle théorique standard. Des observations profondes d’amas de galaxies sont donc nécessaires  pour découvrir et étudier des galaxies naines et des nuages de gaz interagissant avec des galaxies géantes.

En bleu la carte de HI obtenu par l’équipe d’Amidou Sorgho, superposée à une image infrarouge de l’amas de galaxies M81.

Un groupe d’astronomes international dirigé par le Burkinabé Dr Amidou Sorgho, a présenté une étude sur le complexe d’interaction du groupe de galaxies M81, situé à 13 millions d’années lumière de nous, dans la direction de la grande ourse. L’équipe a observé une très grande région du ciel (de 5° x 5°) regroupant le complexe d’interaction entre les trois galaxies les plus lumineuses de l’amas (M81,M82 et NGC 3077) et des galaxies plus petites telles que NGC 2976 et IC 2574. Après plus 3000 heures d’observation, Dr Sorgho et son équipe ont pu analyser le gaz neutre HI (hydrogène) dans le complexe et déterminer la distribution spatiale et le mouvement du gaz dans la galaxie naine IC 2574. Ces travaux intitulés “A 5° x 5° deep HI survey of the M81 group − II. HI distribution and kinematics of IC 2574 and HIJASS J1021+68” ont été publiés dans la prestigieuse revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.

Dans ce travail, l’équipe a utilisé des antennes de l’observatoire fédéral de radioastronomie, Dominion Radio Astrophysical Observatory, (DRAO) situé au Sud Ouest du Canada. Les performances de l’instrument et les techniques avancées de réduction de données mises au point, ont permis à l’équipe de cartographier pour la première fois la galaxie naine IC2574 et le nuage de gaz géant HIJASS J1021 + 68 et  d’étudier le gaz neutre dans la région.

La carte d’intensité HI haute sensibilité de l’IC 2574 a révélé une importante enveloppe du gaz HI autour de la galaxie. Ce complexe de gaz est résolu pour la première fois et les observations révèlent que trois amas majeurs formant le complexe et que le gaz à faible densité tourne avec la galaxie. Ces travaux révèlent une interaction entre la galaxie naine et le nuage de gaz géant, et que ce système n’interagit pas directement avec les galaxies géantes au centre de l’amas de galaxies. Contrairement à ce qui était supposé avant ces travaux, le nuage de gaz géant HIJASS J1021 + 68 n’est pas une galaxie sombre, mais une série de nuages de gaz connectés à la galaxie naine adjacente. Ce gaz est soit en train de se faire éjecter par la galaxie naine, ou alors  de se faire accroître par celle-ci.

Amidou Sorgho (droite) et Sié Zacharie Kam (Gauche), les deux auteurs burkinabés de l’étude.

Les observations obtenues par l’étude d’Amidou Sorgho permettent également de déduire la distribution de matière noire dans la galaxie, en étudiant la rotation du gaz dans la galaxie. Cette matière constitue la grande majorité de la masse de l’Univers, et joue donc un rôle majeur dans la formation des galaxies, mais sa nature demeure mystérieuse.  De nouvelles observations seront nécessaires pour mieux comprendre cette matière noire et la formation des galaxies. Les chercheurs Burkinabés continueront à jouer un rôle important dans la quête de la compréhension de la formation des galaxies.

Sié Zacharie Kam

Laboratoire de Physique et de Chimie de l’Environnement, Observatoire d’Astrophysique, Université Joseph KI-ZERBO, Burkina Faso

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