LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE
ISM, un dispositif marocain novateur pour estimer la qualité du ciel en astronomie

ISM, un dispositif marocain novateur pour estimer la qualité du ciel en astronomie

L’optique atmosphérique est un domaine de recherche essentiel en astronomie pour connaître les conditions d’observation ou sélectionner de nouveaux sites pour l’installation de nouveaux observatoires. La turbulence de l’atmosphère de notre planète sur un site astronomique est décrite par plusieurs paramètres. L’un d’eux, appelé seeing, représente la taille de l’image d’une étoile avec un petit télescope. Plus le seeing est petit, plus la turbulence est faible et meilleure est la qualité du ciel pour des observations astronomiques.

Fort de son expertise reconnue au niveau mondial, l’observatoire marocain d’Oukaimeden développe et utilise des outils novateurs pour mesurer le seeing. L’un des dispositifs couramment utilisés pour cette mesure est le DIMM, dont le principe consiste à suivre le mouvement de l’image d’une étoile observée dans le temps. Dès 2005, une version marocaine de ce dernier instrument a été développée  au Maroc et a été baptisée DIMMAR pour DIMM-Marrakech et fut utilisée pour la campagne de qualification du site de l’Oukaimeden [1]. En 2008, les chercheurs du Laboratoire de Physique des Hautes Énergie et Astrophysique (LPHEA) ont proposé un nouveau dispositif appelé ISM (pour interferential seeing monitor) pour mesurer des paramètres de turbuelence [2]. Sa méthode se base sur l’étude du signal obtenu avec un télescope et des fentes d’Young. Datant de 1801, cette expérience classique de physique consiste à faire passer la lumière d’une source observée à travers deux petits trous rapprochés dans un masque opaque pour faire apparaître un motif alternant zones lumineuses et sombres (phénomène d’interférence lumineuse). En 2013, suite à de nouvelles simulations, les mêmes chercheurs proposent une version améliorée du dispositif pour mesurer le seeing [3].

Dans une publication de janvier 2021 [4], l’équipe marocaine montre les résultats de mesure de seeing avec les dispositifs ISM et DIMM lors d’une campagne d’observation menée aux observatoires d’Oukaimeden et de l’Atlas Golf Marrakech (AGM), voir Figure 1. Les auteurs trouvent une excellente concordance des résultats, validant ainsi leur approche ISM pour la première fois au niveau expérimental. Cet outil simple et novateur s’avère prometteur pour la mesure de la qualité du ciel lors de nuits d’observation ou pour l’étude de nouveaux sites pour l’installation de nouveaux observatoires en Afrique et dans le monde.

 

Figure 1: Site AGM. Vue d’ensemble de l’expérience d’étalonnage, avec le nouveau ISM à droite et le DIMM à gauche. La distance entre les deux dispositifs est de 1m.

 

 

Publications de références:

1 – Benkhaldoun, Z.; Abahamid, A.; El Azhari, Y.; Lazrek, M., “Optical seeing monitoring at the Oukaïmeden in the Moroccan high atlas mountains: first statistics”, Astronomy and Astrophysics, Volume 441, Issue 2, pp.839-843 (2005).

2 – Habib, A.; Sabil, M.; Benkhaldoun, Z.; El Azhari, Y., “Interferential seeing monitor”, Astronomy and Astrophysics, Volume 482, Issue 1, pp.365-370 (2008).

3 – Habib, A.; Benkhaldoun, Z.;El Azhari, Y., “Numerical simulations of a new approach for seeing measurement” Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, Volume 434, Issue 1, p.742-747 (2013).

4 – Sabil, Mohammed;Habib, A.;Benkhaldoun, Z., “Interferential seeing monitor, a seeing monitor for atmospheric turbulence studies: calibration with the differential image motion monitor”, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, Volume 500, Issue 2, pp.1884-1888 (2021).

Astronomie culturelle – Réflexions sur les histoires du ciel nocturne

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Katrien Kolenberg

Texte adapté du chapitre « Galileo au Sénégal » publié dans le livre African Cosmos – Stellar Arts (The Monacelli Press 2012, ISBN 9781580933438), sous la direction de Christine Muellen Kreamer.

Enseigner l’astronomie dans d’autres pays et cultures est un excellent moyen d’échanger des idées sur les différentes conceptions de l’Univers et sur notre place dans celui-ci. Cela a été une source d’inspiration pour mes propres recherches et a guidé mon travail au cours de la dernière décennie. Pour moi, ce voyage a commencé dans le cadre du programme TAD (Teaching Astronomy for Development, enseigner l’astronomie pour le développement) de l’Union astronomique internationale (UAI). Mes premiers efforts sérieux de sensibilisation dans le cadre du programme TAD ont eu lieu en Mongolie, où j’ai également eu la chance de voir une éclipse solaire époustouflante au désert de Gobi-Altaï le 1er août 2008. Mon point d’observation de cet événement céleste se trouvait à deux pas de l’endroit où un chaman local accomplissait ses rituels pour récupérer le Soleil du monstre qui le dévorait. À partir de ce moment, l’ethno-astronomie est devenue l’une de mes passions.

(suite…)

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