LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

La 19ème édition du Festival National d’Astronomie Populaire de Constantine en Algérie s’est conclue le dimanche 28 avril. Cette édition organisée par l’Association Sirius d’Astronomie en coordination avec l’Unité de Recherche en Médiation Scientifique – CERIST qui s’est déroulée sur quatre jours (25-28 avril), a vu la participation d’associations de quelque dix wilayas (Gouvernorats) du pays et de différents pays de la région. Le public était surtout Constantinois et de quelques Wilayas avoisinantes. De plus, grâce à une opération spéciale pilotée par la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS) de Constantine, étaient présents à la manifestation des groupes d’écoliers de toutes les communes (dairas) de la wilaya de Constantine qui sont venus par centaines, certains de zones défavorisées.

Le festival était parrainé par l’Union Astronomique Internationale (IAU), et le discours d’ouverture a été prononcé par sa présidente, la professeure Debra Elmegreen. Notons également le parrainage du festival par la Société Astronomique Africaine (AfAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS). Le public fut encore cette fois massivement au rendez-vous, avec la venue de milliers de visiteurs et participants aux diverses activités, au point que certains l’ont décrit comme une « invasion », quoique fort bienvenue.

Comme d’habitude, ces festivals populaires sont centrés chaque année sur un thème particulier et le thème central cette année était « Les trous noirs : Ces montres cosmiques cachés ». La présence de participants nationaux et internationaux a rendu le festival particulièrement spécial, permettant l’échange d’expériences, d’idées et de connaissances astronomiques. Le point focal du Festival comme d’habitude est la grande exposition astronomique à laquelle participe les différentes associations et clubs à travers l’Algérie exposants leurs réalisations. Un coin spécial a été réservé à une exposition pédagogique ayant trait au thème central des trous noirs ainsi que des dernières images astronomiques de ces derniers (notamment celle du trou noir de notre galaxie en lumière polarisée).  Des stands liés à l’astronomie tels qu’une exposition de géologie (complet avec météorites) et celui sur un projet de base martienne dans le désert Algérien à Brézina par AtlasTell, étaient présents parmi d’autres encore. Etait également présenté le travail de terrain des astronomes amateurs Palestiniens avec une exposition de photos astronomiques prisent là-bas avant la dernière agression, exprimant ainsi dans une petite mesure notre solidarité avec le peuple Palestinien, en particulier avec Gaza.

Contrairement aux festivals précédents, le thème principal du festival a été abordé en parallèle pour différents publics :  des conférences pour les astronomes amateurs et le public éclairé, des ateliers sur les trous noirs et l’astronomie en général pour un public scolaire surtout (niveau du Moyen et du lycée), et des activités pour les tout  jeunes avec des sessions de dessin, la structure gonflable « Tour de  Moon » (De « Tour de Moon » Festival, UK), des jeux de connaissance géographiques et autour du thème principal.

Le programme scientifique du festival fut particulièrement riche, avec une vingtaine d’interventions sur les trous noirs, l’astrophysique, les sciences spatiales et certaines activités astronomiques ciblées de par le monde. Nous mentionnerons en particulier, les conférences plénières de Roger Davis, président de la Société Astronomique Européenne (EAS), Roger Ferlet, ancien président de la Société Astronomique de France (SAF) et d’E-HOU. Les chercheurs algériens des institutions telles que l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL) et le Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG) ont également donné des conférences très bien reçues sur divers sujets. La Société Jordanienne d’Astronomie (JAS) et l’Union Arabe pour l’Astronomie et les Sciences de l’Espace (AUASS) étaient aussi présents, tout comme les représentants de cinq institutions à travers la Tunisie, avec en vedette  la « Cité des Sciences » de Tunis, et l’Association Tunisienne d’Astronomie (SAT). Nous n’oublierons pas de mentionner la participation de la Société Mauritanienne d’Astronomie, l’Université Autonome de Madrid avec notamment le professeur P. Sanchez-Blazquez, ainsi que certains astronomes très actifs d’Irak (Bagdad et Babel)… Une table ronde sur les Trous noirs très engageante a aussi été organisée  à l’Université Emir Abd-el-Kader des Sciences Islamiques le vendredi après-midi avec un panel de six astrophysiciens qui ont engagés le public au cours d’un débat animé et interactif.

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Comme d’habitude, chaque festival voit l’édition d’un numéro spécial du magazine de popularisation des sciences en arabe (« Scientific Chiheb »), avec cette fois-ci la moitié du numéro (soit environ cinquante pages) consacrée aux trous noirs à différents niveaux d’exposition.

Il comportait notamment des interviews extensifs avec deux spécialistes mondiaux de la physique des trous noirs : Jean Pierre Luminet, qui a été le premier dans les années 90 à simuler l’image du disque d’accrétion entourant les trous noirs, image qui est ressortie exactement comme récemment imagée par l’EHT pour notre trou noir central, et la professeure Feryal Ozel, qui est l’une des investigatrices principales au télescope EHT. La version téléchargeable sera disponible  gratuitement à partir du 28 mai au lien suivant : http://mediation.cerist.dz/chiheb

En plus du programme scientifique intensif, y compris l’observation publique au télescope, les participants inscrits au festival ont apprécié des visites guidées des sites historiques de Constantine, culminant par une vue du  coucher du soleil depuis le « Monument aux Morts » surplombant la ville. La cérémonie de clôture, qui s’est tenue au magnifique auditorium de la Faculté des Arts et de la Culture de l’Université de Constantine3, le fut en beauté. Le célèbre choriste Abderahmane Bouhbila et sa chorale ont offert une performance captivante incluant un numéro de stand-up basé sur certains poèmes de Nadir Teyyar, un poète renommé au niveau national. Prof. Teyyar, mathématicien et poète était lui-même présent et a lu un émouvant poème liant les trous noirs à la tragédie en cours à Gaza. Le groupe théâtral Sirius a également impressionné le public avec leur imposante pièce intitulée « Les trous noirs : ces bêtes cachées de l’espace-temps« . La cérémonie s’est conclue par la remise de certificats de participation et l’échange de cadeaux entre participants.

Sans nul doute, ce festival fut une occasion unique pour le grand public et les jeunes d’explorer notre vaste univers et de rendre le monde énigmatique des trous noirs plus accessible. Tous attendent avec impatience le prochain Festival l’année prochaine qui en sera à sa vingtaine édition !

Jamal Mimouni, Université de Constantine 1 & CERIST

http://www.siriusalgeria.net/salon024.htm

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