LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

Une simple lunette astronomique ou un petit télescope permettent de merveilleuses observations lunaires. Découvrons la région de Platon et Vallis Alpes.

Trop souvent délaissée, la Lune est un sujet d’observations astronomiques infinies. Son diamètre apparent et son éclat permettent à tous les débutants d’y pointer facilement un instrument. Si une paire de jumelles bien calée offre déjà de belles possibilités, l’emploi d’une lunette astronomique ou d’un petit télescope vous ouvrent les portes d’un monde minéral étonnant où les reliefs changent d’aspect tout au long de la lunaison (les ombres s’allongent ou raccourcissent selon la hauteur du Soleil).

Cette première chronique dédiée aux paysages lunaires nous entraîne dans l’hémisphère nord de notre satellite naturel, du côté de Platon et Vallis Alpes, une région à observer aux alentours des 9ème et 22ème jours de la lunaison. C’est à ces époques que l’éclairage rasant du Soleil sur le paysage accentue les reliefs au maximum.

Platon (nommé ainsi par l’Union Astronomique Internationale en l’honneur du célèbre philosophe grec) est une plaine murée (un ancien cratère d’impact qui a été en partie comblé par des écoulements de lave). Cette plaine a un diamètre de 100 kilomètres de diamètre et se situe au nord-est de la mer des Pluies (Mare Imbrium). En raison de son albédo très sombre (le fond du cratère est plus foncé que les mers environnantes), Platon est également surnommé le Grand Lac Noir. Ses remparts s’élèvent 2.000 mètres au-dessus du fond de l’arène. Sur la bordure OUEST du cratère (bord gauche sur l’image), une partie du rempart en forme de triangle s’est effondrée.

En quittant Platon en direction de l’EST, vous verrez courir une jolie faille (Rima) au nord de Montes Alpes. Un peu plus au SUD Vallis Alpes ressemble à une longue cicatrice de 166 km de long avec une largeur maximale de 10 km. Elle coupe le massif des Montes Alpes (dont les sommets s’élèvent de 1.800 à 2.400 mètres d’altitude) et relie le bassin de Mare Imbrium à Mare Frigoris (la Mer du Froid). Les observateurs armés de gros télescopes pourront tenter d’apercevoir, quand l’atmosphère terrestre est calme, une petite crevasse de 600 mètres de large (le lit d’une très ancienne rivière de lave) qui serpente sur toute la longueur au fond de Vallis Alpes.

Les mers environnantes peuvent également faire l’objet d’une intéressante exploration visuelle. Mare Frigoris compte un joli cratère de 22 kilomètres en forme de bol, Protagoras (nom d’un philosophe grec). Mais c’est dans Mare Imbrium que vous découvrirez les plus belles formations. Les Monts Ténériffe s’étendent sur près de 110 kilomètres et culminent à 2.400 mètres. C’est également l’altitude de Pico, une montagne isolée dont les pentes réfléchissent fortement la lumière solaire. Ces sommets sont tout ce qui reste d’un ancien rempart dont la plus grande partie a disparu lorsque la lave a comblé la Mer des Pluies il y a très longtemps. Ils doivent leur nom à l’astronome écossais Piazzi Smyth en souvenir de son séjour dans les Îles Canaries où il effectua des observations astronomiques en altitude.

PS : sur les images de cet article la Lune est orientée telle qu’elle apparaît à l’œil nu, dans une paire de jumelles ou une longue-vue terrestre. Dans une lunette ou un télescope les images sont renversées (SUD en haut et EST à gauche).

Photo 1 : carte de localisation de ce premier paysage lunaire à explorer. © Sky Publishing Corp.

Photo 2 : cliché extrait d’une vidéo réalisée à l’aide d’un boîtier Canon 600D placé derrière un télescope Maksutov 150/1800. © Alain Brodin

Jean-Baptiste Feldmann, CIELMANIA

 

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