Au cours des 20 dernières années, se tient chaque année en Algérie un rassemblement d’astronomie, qui met les astronomes professionnels et amateurs en contact étroit avec le public. Ces « festivals populaires d’astronomie » ont commencé en 2001 à Constantine, capitale de l’Est Algérien en conjonction avec la célébration de la Semaine Mondiale de l’Espace de cette année-là.
Il a commencé modestement comme un événement entièrement local, pour devenir rapidement après les premières éditions un rassemblement international avec des participants de divers pays, bien qu’ils soient encore modestement appelés festivals nationaux. Ce festival est unique à bien des égards et est probablement le plus grand (et certainement le plus régulier et durable) événement de l’astronomie populaire en Afrique et au Moyen-Orient, en plus d’être à la confluence de trois régions, à savoir l’Afrique, le Maghreb et le bassin méditerranéen.
La philosophie du festival
Ces festivals annuels ont pour but de faire découvrir l’astronomie au public de manière symbiotique entre les trois composantes du triptyque, chacune dans son rôle. Ainsi les associations d’amateurs invitées à participer au festival sont au service du public dans un rôle unique passeurs d’astronomie et à ce titre elles sont bien dans leur rôle. En retour, leurs membres bénéficient du large éventail d’activités qui s’y déroulent. Nous laissons aux astronomes professionnels les présentations de niveau supérieur pour la composante la plus éclectique du public présent. Quant au grand public, il est le miroir qui permet aux deux autres composantes de communiquer l’astronomie de la manière la plus adaptée et de perfectionner leurs aptitudes de passeurs de science. Par ailleurs, certains jeunes du public peuvent s’inspirer et faire de l’astronomie leur vocation, alimentant ainsi en quelque sorte la boucle. Autre événement marquant, la traditionnelle table ronde organisée le deuxième jour et où un panel diversifié d’astronomes approfondit un peu plus le thème spécifique du Festival, comme cette année, l’ »Univers Invisible ».
Notons que nous utilisons le qualificatif « populaire » dans l’appellation des Festivals, en référence à la tradition de sensibilisation de Camille Flammarion, le grand vulgarisateur de l’astronomie française de la fin du 19e au début du 20e siècle qui a promu l’expression « astronomie populaire », c’est-à-dire l’astronomie pour le public.
La dix-huitième édition du Festival
L’édition de cette année, la première depuis les années Covid, a accueilli quelque 35 associations astronomiques algériennes et étrangères, et les participants sont venus de douze pays dont cinq africains. Elle a également accueilli des agences et institutions nationales liées à l’astronomie et à l’espace comme le Centre de Recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG), l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL), le Centre de Développement des Technologies Avancées (CDTA)… Comme d’ habitude, le Festival a accueilli divers astronomes d’Europe, du Maghreb et d’Afrique du Sud en particulier, s’exprimant principalement sur le thème de cette année à savoir « L’Univers Infrarouge », célébrant une année de riche moisson scientifique du télescope spatial James Webb (JWST) après un an de mise en service.
Plusieurs expositions permanentes étaient présentes, notamment une sur la « Conquête de l’Espace » et la seconde étant l’impressionnante « Symphonie Cosmique » composée d’une cinquantaine de panneaux portant sur tous les aspects de l’Univers. Parmi les différents pays africains et arabes présents, la Palestine était présente même si aucun astronome de là-bas n’a pu venir en personne. Une magnifique exposition d’astrophotographie, « Le ciel de Palestine », réalisée par des astronomes amateurs chevronnés de Cisjordanie et de Gaza était exposée. A noter également que des séances gratuites de planétarium pour le public ainsi que toutes sortes d’activités pour les jeunes enfants ont eu lieu tout au long du Festival. Un modèle entièrement réaliste à l’échelle 1/10 du JWST réalisé par notre équipe a été exposé avec un miroir pliable télécommandé.
Plus de détails sur le dernier Festival se trouvent à l’adresse suivante:
http://www.siriusalgeria.net/salon023.htm
tandis que les détails des 20 derniers festivals peuvent être consultés à l’adresse suivante:
http://www.siriusalgeria.net/salon023/participants.htm#01
Pourquoi ne pas se donner rendez-vous au prochain Festival 2024 en Avril prochain !
Jamal Mimouni
Université de Constantine1, Algérie
Président, Association Sirius d’Astronomie
Exco, African Astronomical Society (AfAS)