LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Mon nom complet est Mokhine Motsoaledi, mais on m’appelle  Khine. Je suis étudiante en  doctorat à l’Université du Cap (UCT) et de l’Observatoire astronomique sud-africain (SAAO). Je suis originaire d’Afrique du Sud et je vis actuellement en Afrique du Sud.

Mokhine Motsoaledi

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

Mon chemin vers l’astronomie a été un chemin conventionnel, je pense. En entrant dans mes études de premier cycle à l’Université de Witwatersrand, je savais que je voulais devenir astronome et j’ai donc choisi des matières qui me faciliteraient la tâche (c’est-à-dire la physique, les mathématiques et les mathématiques appliquées). L’université du Cap proposait un programme de spécialisation en astronomie très spécialisé appelé National Astrophysics and Space Science Programme (NASSP). J’ai suivi ce programme de spécialisation qui offrait une vaste introduction à divers sujets liés à l’astronomie et aux sciences spatiales. J’ai ensuite suivi un programme similaire,qui consiste en 6 mois de cours et 1 à 1,5 an de dissertation. Après avoir acquis un large aperçu des sujets d’astronomie, j’ai pu prendre une décision éclairée sur le projet de ma thèse de maîtrise qui allait devenir mon domaine de recherche.

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Vers la fin de l’école primaire, je me suis intéressée de très près aux sciences naturelles. J’avais aussi l’habitude de m’asseoir dehors le soir et de regarder les étoiles avec émerveillement, surtout lorsque j’étais en vacances dans une région plus éloignée où la pollution lumineuse était réduite au minimum. Plus j’en apprenais sur l’univers dans les livres et les documentaires, plus une carrière dans l’astronomie me semblait tout à fait appropriée. Les décisions que j’ai prises pour mon avenir l’ont été avec l’astronomie comme objectif

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Oui. Durant mes premières années à l’université, j’ai dû faire face à la difficulté des cours de physique et de mathématiques. C’était un énorme ajustement par rapport au lycée où ces matières me venaient très naturellement. J’ai dû consacrer du temps et des efforts considérables pour réussir ces cours. Ensuite, les difficultés que j’ai rencontrées se sont déplacées vers la gestion de l’importante charge de travail. Avec autant de matières, de travaux dirigés, de projets et de tests/examens. Je devais gérer mon temps et équilibrer toutes mes activités de manière judicieuse. Pendant mon doctorat, j’ai sombré dans une profonde dépression, causée par des facteurs externes. Cela a rendu mon doctorat très difficile et a considérablement ralenti ma progression, mais c’est devenu un autre obstacle que j’ai surmonté. J’ai eu la chance d’avoir des superviseurs très compréhensifs qui ne m’ont pas mis de pression inutile.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes filles de votre pays qui souhaitent étudier l’astrophysique?

Je conseillerais aux jeunes filles de se considérer comme les égales de leurs homologues masculins et de savoir que l’astronomie est autant pour elles que pour les hommes. Je leur dirais de développer un esprit curieux et de ne pas avoir peur de poser des questions. Enfin, elles devraient développer des caractères résilients, car certaines choses ne se passeront pas comme prévu et elles devront s’adapter et tirer le meilleur parti de la situation.

Si vous avez quitté l’astrophysique, quel a été l’apport de vos études dans ce domaine pour votre carrière/vie?

Je pense que ce que j’ai le plus gagné, c’est la capacité de penser de manière critique, comme une scientifique, pour trouver des solutions. C’est une compétence qui est utile dans tous les aspects de la vie. De plus, il y a une foule de compétences développées au fil des années d’expérience en astronomie, comme parler à divers publics, analyser des données, collaborer avec d’autres personnes et écrire de façon formelle. Les défis auxquels j’ai été confrontée jusqu’à présent m’ont rendu très adaptable et m’ont donné la confiance de savoir que je pouvais atteindre tous les autres objectifs que je me suis fixée.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Oui, je pense que les femmes africaines sont fortement sous-représentées en astrophysique et le sentiment d’être une outsider n’est que trop commun.  Nous subissons des pressions constantes (internes et externes) pour prouver que nous sommes à notre place, pour nous conformer aux normes occidentales de socialisation professionnelle, pour que nos voix aient le même poids que celles de nos homologues masculins blancs, pour  parler au nom (ou de représenter) d’autres femmes africaines du domaine de l’astrophysique, pour soulever des préoccupations qui, autrement, ne seraient pas abordées.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Je termine actuellement mon doctorat dans le domaine des variables cataclysmiques, une classe très spécifique de binaires à transfert de masse. Je suis également membre de « Astronomy in Colour« , une communauté de femmes astronomes de couleur en Afrique du Sud (principalement), dont le but est de se soutenir mutuellement et de transformer l’astronomie en un espace diversifié et inclusif.

J’ai le privilège de suivre un parcours professionnel en astronomie en tant que femme noire sud-africaine. Je ne représente pas la femme sud-africaine typique, car j’ai bénéficié d’opportunités dont beaucoup ne pouvaient que rêver. Je le reconnais et j’espère que dans un avenir proche, l’astronomie sera aussi accessible aux autres qu’elle l’a été pour moi.

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