LE MAGAZINE DES SCIENCES DE L’UNIVERS EN AFRIQUE

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Aude (Dr Aude Alapini Odunlade). Je suis enseignante de science dans une école secondaire au sud-ouest de l’Angleterre. Je suis moitié béninoise, moitié belge.

Quel a été votre parcours pour devenir astronome?

Ma mère a toujours été intéressée par la nature. Ayant grandi dans cet environnement, le ciel me passionne depuis toute petite. Quand j’avais 10 ans j’ai demandé comme cadeau de Noël une encyclopédie sur l’astronomie, et l’année suivante une paire de jumelles. J’ai eu un professeur de physique au lycée dont le père était astronome amateur. Comme il s’y connaissait bien en astronomie, il a fondé un club d’astronomie dans mon lycée. Grâce à lui j’ai appris à reconnaître mes premières constellations et leur mythologie. Ça m’a fasciné et quand j’avais 13 ans, je me suis dit que je voulais devenir astronaute pour pouvoir voyager dans l’espace!

Qu’est ce qui vous a amené à étudier l’astronomie?

Pour des raisons médicales à l’époque, le parcours d’astronaute ne m’était pas ouvert alors j’ai décidé d’étudier les étoiles au lieu d’y voyager, et donc de devenir astrophysicienne. Grâce à mes résultats au baccalauréat français, j’ai pu décrocher une bourse pour étudier à Paris. Puis, tout en restant ouverte aux opportunités qui se sont présentées sur mon chemin, je suis finalement devenue astrophysicienne. J’ai après fait le choix de quitter la profession pour devenir professeur de science au lycée ce qui m’a permis de marier ma passion pour la science et ma vie de famille.

Avez-vous ressenti des difficultés durant votre parcours?

Aux jeunes filles qui souhaitent étudier l’astrophysique je dirais “suis ta passion, travaille dure, soit ouverte et ambitieuse, saute sur les opportunités, n’aie pas peur, demande de l’aide, fais toi plein de connaissances, parle de tes projets, trouve ton équilibre, reste heureuse, n’aie pas de regrets”.

Si vous avez quitté l’astrophysique, quel a été l’apport de vos études dans ce domaine pour votre carrière/vie?

Je suis maintenant professeur de science au collège/lycée. Mon expérience de chercheuse en astrophysique me donne beaucoup d’avantages: une connaissance de pointe en physique et en méthode de recherche, un esprit ouvert et analytique, un profil compétitif, un réseau de connaissances internationales, une liberté de choix de vie.

Pensez-vous qu’il y a des aspects/défis spécifiques qui concernent les femmes africaines en astrophysique?

Oui, je pense en effet que il y a beaucoup de défis pour une femme africaine qui voudrait devenir astrophysicienne. En tant que femme, les opportunités dans l’éducation ne sont pas les mêmes, la pression culturelle et la responsabilité familiale sont plus oppressifs. En tant qu’africaine, l’accès aux financements pour les études et pour la recherche est plus difficile. Pour réussir aussi bien qu’un homme occidental, une femme africaine doit avoir d’avantage de force interne, d’intelligence, de confiance en soi et de contacts professionnels, pour passer au delà des limites sociales et culturelles.

Quels sont vos actions/projets en cours concernant l’astronomie?

Je ne suis plus vraiment dans l’astronomie mais j’ai des moments de nostalgie. Je comble ce manque en organisant des activités dans mon école. Je gère un club de science ou on s’amuse à faire de tout: des dissections, des expériences, des petits projets de recherche, de l’astronomie. Je reste aussi en contact avec l’université et la bibliothèque de ma ville, où je présente ou organise des séances d’observation de temps en temps. Malheureusement, ayant trois enfants en bas âge et l’astronomie se faisant mieux la nuit, cela limite mes activités.

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